Vu la récession mondiale et les pertes sans précédent du secteur, on pouvait s'attendre à une centième édition du plus grand salon aéronautique du monde, organisé en alternance au Bourget et à Farnborough, près de Londres, plus calme sur le front des commandes que ces quatre dernières années.
Airbus a pourtant ouvert le bal dès lundi en annonçant une commande ferme de la compagnie Qatar Airways pour 24 appareils de la famille A320, dont quatre A321 annoncés à Farnborough en juillet 2008. Facture: 1,9 milliard de dollars.
De son côté, la compagnie bahreïnie Gulf Air a décidé d'équiper 20 nouveaux longs courriers A330 de moteurs britanniques Rolls Royce, pour un montant de 1,5 milliard de dollars. La livraison doit commencer en 2012.
Quant au Canadien Bombardier, il a reçu une commande ferme de 35 appareils CRJ1000 NextGen d'une valeur totale de 1,75 milliard de dollars de la part de la compagnie régionale espagnole Air Nostrum, qui a notamment confirmé 15 options posées deux ans plus tôt. Les livraisons s'étaleront de 2014 à 2016.
Tout en reconnaissant qu'ils n'attendaient pas de miracles au Bourget cette année, l'Américain Boeing et son grand rival européen Airbus ont souligné que leur épais carnet de commandes, à peu près aussi fourni pour l'un que pour l'autre, leur permettait de voir venir.
"Nous savons que les commandes seront mauvaises cette année" mais "nous avons 3.500 avions en commande, plus de six ans de commandes devant nous", a ainsi expliqué Louis Gallois, président exécutif d'EADS, la maison-mère d'Airbus. Son principal souci est "que les compagnies prennent les avions qu'elles ont commandés".
Airbus table sur environ 480 livraisons en 2009, soit autant que l'année-record précédente, mais "2010 et 2011 seront peut-être plus critiques", a-t-il reconnu. "Nous traversons une crise", "ce n'est ni la première, ni la dernière que l'industrie aéronautique traversera", a cependant assuré Louis Gallois.
Chez Boeing, Scott Carson, responsable de la division commerciale, estime que "la situation économique a touché le fond" et compte donc sur "la reprise l'an prochain". A l'en croire, les perspectives à long terme de l'industrie aéronautique "sont plus solides que jamais".
M. Carson a en revanche douché tout espoir d'assister à un premier vol-surprise de l'avion de ligne 787 pendant ce salon, la construction de l'appareil ayant été ralentie par une série de problèmes, comme c'est le cas pour l'A400M de transport militaire d'Airbus.
Dans la course aux commandes 2009, Airbus mène pour l'instant. L'avionneur européen, dont le plan de restructuration lancé en 2007 prévoit un total de 10.000 suppressions d'emplois, affiche un solde de onze commandes depuis le début de l'année, contre sept pour son rival américain, qui doit également supprimer 10.000 postes.
Les deux constructeurs ont subi de nombreuses annulations, les compagnies aériennes risquant de perdre un total de 9 milliards de dollars (6,5 milliards d'euros) cette année, selon l'Association internationale du transport aérien (IATA).
L'humeur générale est d'autant plus sombre au Salon du Bourget que "la communauté aéronautique est encore sous le choc" de la disparition dans l'Atlantique le 31 mai dernier du vol Rio-Paris d'Air France, souligne le PDG d'Airbus, Tom Enders. Malgré ces circonstances et le mauvais temps, les organisateurs du salon attendent environ 300.000 visiteurs cette année, comme en 2007. La foire fermera ses portes le 21 juin.
