Pour son centenaire, le Salon international de l'aéronautique et de l'espace espère tout de même attirer du 15 au 21 juin quelque 300.000 visiteurs dont la moitié de professionnels, soit à peu près autant qu'en 2007. Il se tient en effet tous les deux ans, en alternance avec le Salon de Farnborough, près de Londres.

Plus de 2.000 exposants originaires de 48 pays seront présents cette semaine au Bourget, dans la banlieue nord de Paris. Ils accueilleront les professionnels et la presse à partir de lundi, jour de l'inauguration par François Fillon, et le grand public de vendredi à dimanche.

La conjoncture économique est sombre. Les compagnies aériennes devraient perdre cette année 9 milliards de dollars américains, selon une estimation de l'Association internationale du transport aérien (IATA). "Les temps sont difficiles, ça ne fait aucun doute", admet Randy Tinseth, chef du marketing à Airbus.

Cela aura un impact visible au Bourget. "Tous les grands de l'aéronautique ont réduit leur surface" d'exposition, en louant par exemple moins de chalets que les années précédentes, note Louis Le Portz, le commissaire général du Salon.

Le groupe brésilien Embraer, quatrième constructeur mondial, aura une "présence minimale" au Bourget pour réduire les coûts, a indiqué Stéphane Guilbaud, porte-parole de ce constructeur qui a licencié 20% de sa main-d'oeuvre fin février.

L'aviation d'affaires étant particulièrement affectée par la crise, deux constructeurs - Cessna et Gulfstream - ont carrément fait défection, selon l'organisation du Salon.

Le climat économique, qui pousse nombre de compagnies à annuler ou à reporter leurs commandes d'appareils, occulte un peu la traditionnelle guerre commerciale entre l'Américain Boeing et l'Européen Airbus. On peut cependant faire les comptes.

Depuis le début de l'année, Boeing, qui est en train de supprimer 10.000 emplois, a reçu 73 commandes mais, avec 66 annulations, son carnet n'en compte réellement que sept. De son côté Airbus, qui avait lancé une restructuration dès 2007, n'a reçu que 32 commandes mais a enregistré moins d'annulations, son carnet s'établissant à 11 avions.

De toute façon, les deux constructeurs ont encore à honorer quelque 3.500 commandes en cours, ce qui offre un coussin confortable pour amortir les fluctuations de la demande.

Les observateurs ne s'attendent qu'à une poignée de commandes pour ce salon du Bourget 2009. Les compagnies aériennes du Golfe arabo-persique, qui ne manquent pas de liquidités, pourraient en profiter pour faire la chasse aux bonnes affaires, tout comme la compagnie low-cost Ryanair. Qatar Airways, qui a déjà prévu d'acheter plus de 200 avions dans les prochaines années, va faire de "nouvelles annonces" au Bourget, a indiqué son PDG Akbar el-Baker.

"C'est le meilleur moment possible pour négocier", a commenté Diogenis Papiomytis, analyste chez Frost & Sullivan.

En revanche, ce ne sera pas le meilleur moment pour découvrir des nouveautés. Les amateurs de modèles récents devront se contenter de l'avion de transport régional Superjet 100 de Sukhoï qui fera là sa première apparition en dehors de la Russie.

L'appareil de transport militaire A400M d'Airbus et l'avion de ligne 787 de Boeing brilleront par leur absence, leur construction ayant été ralentie par une série de problèmes.

Les amateurs de vieux coucous, eux, en prendront plein les yeux. Une trentaine d'avions historiques seront présentés au Bourget, dont un Blériot XI. C'est à bord de ce modèle, présenté au premier salon aéronautique de Paris en 1909, que Louis Blériot a réalisé la première traversée de la Manche - dont le centenaire est également célébré cette année.