Savoir éviter les pièges de la Bourse : des réponses à vos questions

Publié le 17/04/2010 à 00:00

Savoir éviter les pièges de la Bourse : des réponses à vos questions

Publié le 17/04/2010 à 00:00

Notre webinaire intitulé " Comment éviter les pièges de la Bourse " qui a eu lieu le 17 mars a été un grand succès. Plus de 400 personnes y ont participé, mais faute de temps, de nombreuses questions n'ont pu être abordées.

Nous avons décidé de répondre à ces questions en deux volets. D'une part, en consacrant ma chronique de cette semaine à une sélection des questions les plus fréquentes. D'autre part, à partir du 16 avril, je consacrerai mon blogue du vendredi à d'autres questions traitant du placement boursier. C'est un rendez-vous sur www.lesaffaires.com/blogues.

L'évaluation des entreprises

Comment déterminer la qualité d'une entreprise ?

C'est une vaste question : j'ai d'ailleurs consacré tout un livre à ce sujet (Investir en Bourse et s'enrichir).

En résumé, la qualité d'une société est déterminée par sa rentabilité, par sa croissance et par sa solidité financière. Ainsi, une société de qualité accroît chaque année ses ventes et ses bénéfices à un bon rythme (au moins 10 %), et réalise des bénéfices élevés par rapport à ses revenus et au capital investi par les actionnaires. De plus, l'entreprise de qualité est peu endettée, génère des liquidités abondantes et a beaucoup d'argent en encaisse. Enfin, la société doit afficher un bon potentiel de croissance à long terme pour qu'elle soit un bon placement en Bourse.

Comment évaluer le risque en matière de placement ?

Dans le domaine des marchés financiers, la notion de risque est habituellement liée à celle de volatilité. Dans ce sens, ce qui fluctue beaucoup est plus risqué que ce qui fluctue moins. C'est cette vision du risque qu'on enseigne dans les cours de finance.

Cependant, je ne conçois pas le risque de cette façon. J'épouse plutôt la vision du célèbre investisseur Warren Buffett, qui conçoit le risque de la même façon qu'un entrepreneur. Si vous êtes propriétaire de votre entreprise, la notion de risque associée à la volatilité n'a aucun sens. Pour vous, les seuls risques possibles, c'est que votre produit ou votre service ne se vende plus, que vos clients soient insatisfaits, qu'un concurrent offre un meilleur produit et à meilleur prix que vous, etc. Dans ce sens, plus une société compte sur des avantages concurrentiels solides et durables, moins elle est risquée.

Si vous avez une approche d'investissement à long terme, vous conviendrez que cette conception du risque est plus logique. Par contre, si vous achetez un titre dans le but de le revendre d'ici quelques semaines, la version classique du risque s'appliquera. Mais alors, ne venez pas me dire que vous ne faites pas de spéculation !

Comment savoir si une entreprise est dirigée par une équipe compétente ?

C'est un des aspects les plus difficiles et les plus importants du placement. Car si je veux conserver le titre d'une entreprise pendant plus de 10 ans, je dois être convaincu qu'elle est menée par des dirigeants compétents.

Comment faire ? Faisons une analogie : si vous étiez le directeur général d'une équipe de hockey, comment feriez-vous pour savoir si tel joueur a tout ce qu'il faut pour aider votre équipe à gagner la Coupe Stanley ? Vous étudierez ses performances passées, les conditions dans lesquelles il les a réalisées, son état de santé, son caractère, etc. C'est la même chose pour un dirigeant d'entreprise. On regarde d'abord sa performance passée : un dirigeant qui n'a pas créé de richesse pour les actionnaires depuis 20 ans peut-il soudainement vous enrichir ? L'investisseur doit chercher des dirigeants qui ont affiché des performances supérieures à celles de leur secteur d'activité.

Ensuite, l'aspect clé du travail des dirigeants est la façon dont ils gèrent le capital des actionnaires. Pour ma part, je veux des dirigeants qui gèrent le capital de façon logique, c'est-à-dire qui rachètent des actions lorsque cela fait sens, qui réalisent des acquisitions ciblées et stratégiques (évitez les dirigeants qui annoncent d'avance qu'ils réaliseront tant d'acquisitions l'an prochain) et qui sont capables de patienter lorsqu'ils ne voient pas de bonnes occasions d'expansion.

Enfin, je veux qu'une équipe de direction traite ses actionnaires comme des partenaires, ce qui signifie qu'elle s'accorde une rémunération sensée (je n'ai rien contre les salaires élevés, s'ils sont proportionnels aux résultats de l'entreprise), qu'elle fasse une utilisation parcimonieuse des options, et qu'elle communique de façon régulière et franche avec les actionnaires. En résumé, vous voulez des dirigeants compétents, ambitieux et honnêtes.

La diversification du portefeuille

Combien de titres devrait-on détenir dans un portefeuille ?

Plusieurs personnes m'ont posé des questions à ce sujet. La réponse simple est : plus vous avez fait une analyse poussée des titres et que vous connaissez bien les entreprises dans lesquelles vous investissez, plus votre portefeuille peut être concentré.

Si vous voulez vous enrichir, vous devez concentrer votre portefeuille dans un nombre limité de titres. Par contre, si cette approche offre le rendement le plus élevé, c'est au prix d'un risque fort élevé. Cela implique que vous devez vous regarder sincèrement dans le miroir afin de bien connaître votre tolérance aux fluctuations boursières.

Cela dit, les vertus de la diversification sont surévaluées. Avoir 200 titres en portefeuille ne vous protège pas vraiment davantage des fluctuations que si vous n'en déteniez que 30. Si les gestionnaires professionnels ont plus de 100 titres, ce n'est pas pour réduire le risque de leurs clients; c'est uniquement pour reproduire l'indice de référence de façon à s'assurer que leur rendement trimestriel sera semblable à cet indice.

Avec un capital de départ 15 000 $ et en tenant pour acquis que vous l'augmenterez régulièrement, vous auriez avantage à détenir trois ou quatre titres, pas plus. Pour un portefeuille de 100 000 $ et plus, vous pouvez viser détenir entre 10 et 15 titres.

Cela dit, tout dépend de votre situation personnelle. À mes débuts, je n'hésitais pas à placer 20 % de mon capital dans un titre. Aujourd'hui, je me limite habituellement à 5 %, et j'ai tendance à commencer à réduire ma position quand, après avoir progressé, un titre représente plus de 10 % de mon capital. Pourquoi ? Tout simplement parce que je vieillis - malheureusement ! - et que je dois réduire le risque de perdre beaucoup d'argent d'un seul coup, car j'ai moins d'années devant moi pour regagner le terrain perdu.

Enfin, je vous rappelle qu'il n'est pas rentable d'investir par petites tranches dans plusieurs titres, car les frais de transaction réduiront considérablement vos rendements.

Pour établir la répartition d'actif de mon REER, on m'a toujours dit d'avoir l'équivalent de la valeur de mon âge dans des placements à revenu fixe (j'ai 40 ans, donc 40 %) et le reste (60 %) en actions. Que pensez-vous de cette règle ?

Pour les épargnants qui connaissent peu le monde du placement, ce n'est pas une mauvaise règle en soi. Par contre, selon moi, investir autant dans des titres à revenu fixe ne vous permettra pas d'amasser un capital intéressant à long terme.

Si vous êtes discipliné dans vos placements boursiers, votre portefeuille devrait être composé uniquement d'actions jusqu'à 50-55 ans. À partir de cet âge, vous pouvez réduire progressivement votre pondération en actions en achetant des titres à revenu.

L'opinion des analystes

Avant d'acheter un titre, tenez-vous compte des cours cibles de plusieurs analystes ? Est-ce un critère important dans vos décisions de placement ?

Non, pas du tout. Les rapports de recherche des analystes financiers aident à mieux comprendre une entreprise, sa stratégie, le secteur dans lequel elle oeuvre, la concurrence qu'elle affronte, etc. Les analystes consacrent beaucoup de temps à décrire de façon détaillée les activités, les produits et les services des sociétés. Même si on trouve cette information dans les documents de l'entreprise (disponibles sur leur site Internet et sur Sedar.com), les analystes font habituellement une analyse plus objective.

Par contre, en ce qui concerne l'évaluation de l'entreprise, je ne me fie pas aux analystes. Je fais les calculs moi-même, entre autres en comparant l'évaluation de la société avec d'autres titres semblables. Lorsque j'achète un titre, j'adopte l'attitude d'un investisseur qui veut posséder l'entreprise éternellement. Dans ce contexte, les cibles des analystes n'ont aucune valeur.

L'avantage des fonds indiciels

Est-il préférable d'investir en Bourse au moyen des fonds indiciels comme les produits iShares ou directement par l'achat d'actions ?

Si vous n'avez pas le temps ni l'envie de choisir vos titres boursiers, les fonds négociés en Bourse (FNB) comme les iShares sont une excellente solution. En fait, la plupart des investisseurs devraient utiliser cet outil de placement, car les FNB ont l'avantage de reproduire le rendement d'un indice boursier en exigeant des frais de gestion peu élevés.

Cependant, compte tenu de la prolifération des FNB de toutes sortes, la prudence est de mise. Contentez-vous d'acheter un ou deux FNB de marchés boursiers généraux, comme le iShares CDN Composite Index Fund (symbole XIC à Toronto), qui reproduit l'indice S&P/TSX de la Bourse canadienne, et le iShares CDN S&P 500 (XSP à Toronto), qui reproduit l'indice américain S&P 500.

Même si vous n'aviez que ces deux titres, votre portefeuille serait bien diversifié.

Par ailleurs, la plupart des grandes familles de fonds communs offrent des fonds indiciels qui sont également intéressants, car leurs frais de gestion sont moins élevés que ceux des fonds d'actions (toutefois, les frais des fonds communs indiciels sont habituellement un peu plus élevés que ceux des FNB). Notez que plusieurs de ces fonds indiciels vous permettent d'investir périodiquement de petits montants sans frais de transaction, ce qui est avantageux.

L'évaluation de son portefeuille

Est-ce qu'un investisseur canadien devrait comparer le rendement de son portefeuille à celui du S&P/TSX ?

En fait, l'investisseur devrait comparer le rendement de son portefeuille à l'indice qui ressemble le plus à celui-ci. Par exemple, si votre portefeuille est composé à parts égales de titres canadiens et de titres américains, vous devriez comparer la part américaine de votre portefeuille à l'indice S&P 500.

J'ai vu des gestionnaires tromper leurs clients en utilisant les mauvais indices de référence pour établir leurs comparaisons. Il faut donc faire preuve de vigilance.

Les obligations et la hausse des taux

Est-il encore pertinent d'investir dans les obligations à long terme, compte tenu du fait que les taux d'intérêt augmenteront au cours des prochains mois ?

C'est une excellente question. Le 9 avril, les obligations gouvernementales canadiennes d'une échéance de 10 ans procuraient un rendement d'environ 3,7 % par an. Aux États-Unis, les obligations comparables offraient un rendement à échéance de 3,9 %.

Cela signifie que l'acheteur de ces titres obtiendra un rendement annuel de moins de 4 % au cours des 10 prochaines années si les taux d'intérêt sont inchangés. Il obtiendra un rendement plus élevé si les taux baissent pendant cette période, car la valeur des obligations s'apprécie lorsque les taux d'intérêt baissent. Par contre, son rendement sera inférieur si les taux grimpent, parce qu'il subira une perte en capital en raison de la dépréciation de ses obligations.

Si vous êtes convaincu que les taux augmenteront de façon sensible au cours des prochaines années, vous devriez donc éviter les obligations à long terme.

Des ouvrages clés

Quels livres me conseillez-vous pour apprendre à investir en Bourse ?

Sans hésitation, je vous recommande de lire d'abord le classique The Intelligent Investor (disponible en français sous le titre L'Investisseur intelligent), de Benjamin Graham. Ensuite, lisez Common Stocks and Uncommon Profits, de Philip Fisher. Enfin, lisez tous les rapports annuels de Berkshire Hathaway, en particulier les lettres aux actionnaires écrites par Warren Buffett. Vous en saurez davantage que 95 % des investisseurs, y compris les professionnels.

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