Que nous réserve 2009 ?

Publié le 20/12/2008 à 00:00

Que nous réserve 2009 ?

Publié le 20/12/2008 à 00:00

L'année 2008 a été difficile, je ne vous apprends rien. Tellement pénible qu'il est probable que 2009 sera du bonbon, en comparaison.

Les perspectives pour 2009 sont en fait d'une clarté obscure. Dans le jargon financier, on dirait "visibilité nulle". À plus long terme, toutefois, il y a de l'espoir.

Mais avant d'expliquer à quoi s'attendre, il est pertinent de revenir sur les derniers mois. Tout investisseur doit être prêt à vivre des corrections et des marchés baissiers, car ils font partie intégrante de sa réalité. Par contre, j'admets que personne n'était prêt à vivre ce qu'on a vécu.

Un piège

Il y a un an, les principaux indices avaient déjà glissé. Particulièrement aux États-Unis, il y avait de plus en plus de titres de qualité dont l'évaluation était raisonnable. Après avoir attendu plusieurs années, pas surprenant que plusieurs investisseurs aient succombé à la tentation d'acheter.

Le Canada était l'exception, surfant sur le boom des ressources, qui a duré jusqu'à l'été.

C'est en septembre que l'édifice financier a commencé à s'écrouler. Vague après vague, les indices boursiers ont été durement frappés. Au moment d'écrire ces lignes, les principaux indices nord-américains ont chuté d'au moins 40 % en 2008. L'indice S&P/TSX a perdu un incroyable 48 % depuis son sommet de juin (en six petits mois). Plusieurs marchés émergents ont croulé de 60 %.

Depuis plusieurs années, on a triché de façon à maintenir de façon artificielle la croissance économique. C'est vrai d'abord et avant tout en Amérique du Nord (surtout aux États-Unis), mais aussi un peu partout dans le monde.

On a eu un premier avertissement sérieux en 1998 avec la crise provoquée par l'effondrement de Long Term Capital Management (LTCM), qui a menacé le système financier. La Réserve fédérale américaine est intervenue pour éviter le pire et a réagi, en plus, en stimulant l'économie. L'utilisation abusive des produits dérivés faite par les petits génies de LTCM aurait dû réveiller les autorités de réglementation. Elles ont plutôt dormi au gaz, par crainte de provoquer un ralentissement économique.

À l'approche de l'an 2000, la Réserve fédérale a encore stimulé l'économie en raison des craintes reliées au bogue de l'an 2000 (comme ces craintes paraissent ridicules aujourd'hui !).

Une économie stimulée à outrance

Au lendemain de l'éclatement de la bulle techno, la banque centrale américaine a encore utilisé sa baguette magique pour sortir les États-Unis du pétrin, baissant les taux d'intérêt à des niveaux records.

La conséquence regrettable de ces multiples interventions gouvernementales, c'est que l'utilisation de la dette a explosé. Cela a eu pour effet d'étirer l'élastique financier au maximum. Nous en payons aujourd'hui le prix.

La capacité bénéficiaire des entreprises a été surévaluée. En d'autres termes, la performance de l'athlète financier était dopée par les stéroïdes de la dette sous toutes ses formes.

L'utilisation abusive de l'effet de levier a dopé artificiellement les bénéfices d'un grand nombre de sociétés nord-américaines. En ce sens, les ratios cours-bénéfice étaient plus élevés qu'ils paraissaient. Ce qui a été corrigé violemment.

Ce qui nous attend ? Une phase de dégonflement de l'effet de levier par les sociétés, les particuliers et les institutions financières. Pour compenser, les gouvernements s'endetteront davantage de façon à soutenir les économies pendant cette période de transition.

La Bourse en 2009

Il ne fait aucun doute que les interventions de la plupart des gouvernements et des banques centrales de la planète réussiront à relancer l'économie. Ce n'est qu'une question de temps avant que les billions injectés agissent.

Il ne faut pas croire, par contre, qu'il n'y aura pas de conséquence à cela. À long terme, la facture prendra deux formes : un taux d'inflation et des impôts plus élevés. C'est inévitable.

Qu'est-ce que tout cela signifie pour la Bourse ? D'une part, après l'écroulement des derniers mois, un creux est en train de se former. Ne croyez pas que cela se fera en quelques jours; le processus prendra des mois.

Toutefois, à moyen terme, les investisseurs commenceront à anticiper une reprise. Il ne faut pas oublier que la récession américaine a déjà un an. Elle sera plus longue que la moyenne, mais en sachant que la Bourse a tendance à prévoir avec une avance de 6 à 12 mois une reprise, on n'est pas loin de ce moment.

D'autre part, je pense que, dans le nouveau monde vers lequel nous nous dirigeons, dette et effet de levier seront remplacés par encaisse, sobriété et prudence. Dans ce sens, les attentes des investisseurs devraient être relativement modestes.

En revanche, malgré les risques et les incertitudes, à long terme, on prépare le terrain à un marché haussier qui durera de nombreuses années, au moins 5 ans, peut-être 10 et même plus. Ce n'est donc pas le temps de se décourager. C'est à son plus creux que la vague remonte, inévitablement.

En terminant, je vous invite à partager, dans mon blogue sur LesAffaires.com, vos prévisions pour 2009 et les années suivantes.

bernard.mooney@transcontinental.ca

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