Ne perdez pas votre temps avec la rémunération

Publié le 06/03/2010 à 00:00

Ne perdez pas votre temps avec la rémunération

Publié le 06/03/2010 à 00:00

Je vais vous faire une confidence, mais assurez-moi de ne pas le répéter à mon patron... La chronique la plus facile et la plus rapide à écrire concerne la rémunération des dirigeants d'entreprises.

La recette rapide consiste d'abord à prendre quelques exemples de salaires exorbitants. Vous conviendrez qu'ils sont nombreux. En fait, il est préférable de les citer hors contexte, en utilisant, par exemple, les montants empochés au moyen de l'exercice des options. En faisant cela, j'arriverai à des chiffres encore plus élevés, qui vous feront rager d'envie.

Enfin, je brasse ces informations pour montrer que c'est épouvantable, je fais quelques commentaires moralisateurs et j'explique les conséquences de la spirale des salaires.

Un problème permanent

Mais avant de continuer, j'ai une question bien pratique à vous poser : en quoi cela vous aide-t-il à faire plus d'argent en Bourse ? Admettez que cela a peu rapport avec l'investissement intelligent et lucratif !

Depuis plus de 20 ans, je lis (et j'écris aussi) des textes au sujet de la hausse des salaires des dirigeants. C'est un problème permanent, selon les médias et certains observateurs. Cela empire avec chaque crise, avec chaque fiasco financier, avec chaque marché baissier.

C'est lors de ces moments particuliers qu'on entend les critiques les plus virulentes des observateurs, qui demandent qu'on enraye cette spirale. Le plus souvent, ils adressent leurs requêtes aux gouvernements et aux organismes de réglementation.

Je vais vous présenter la réalité telle qu'elle est, même si cela peut vous déplaire.

Comme investisseur, vous ne pouvez pas grand-chose contre la tendance haussière de la rémunération. Au risque de vous surprendre, les organismes de réglementation non plus. Depuis 20 ans, la rémunération est toujours davantage réglementée, et curieusement, elle ne cesse d'augmenter !

Au fil des ans, les organismes de réglementation ont complexifié les règles, de sorte que les salaires sont divulgués dans des termes souvent obscurs. Pour l'actionnaire individuel, il est plus compliqué que jamais de comprendre les circulaires d'information (je ne serais pas surpris que les professionnels soient eux aussi rebutés par le langage imposé par les commissions des valeurs mobilières).

Cela crée cette situation paradoxale : d'une part, les lois concernant la divulgation ont fait exploser la quantité d'informations sur la rémunération; d'autre part, ces informations sont indéchiffrables pour l'ensemble des investisseurs ! À quoi servent-elles, alors ?

La vérité toute simple, difficile à accepter, c'est que si un dirigeant est suffisamment brillant pour avoir atteint le sommet du monde des affaires et être nommé président, il est aussi assez malin pour déjouer n'importe quel système, s'il est mal intentionné.

Un salaire mérité

L'autre aspect irritant, c'est l'odeur de sainteté que prend quelque fois le débat qui entoure la rémunération. En fait, nous assistons à un genre de dérive poussée par l'envie (et le réflexe égalitaire, ce qui revient au même).

Plusieurs personnes sont outrées de voir des dirigeants gagner des millions de dollars. Or, si le hockeyeur Tomas Plekanek, du Canadien de Montréal, peut gagner 5 millions de dollars par an (ce qui n'a rien de scandaleux en soi), le président et chef de la direction de Johnson & Johnson peut bien gagner 10 millions.

Les dirigeants de grandes entreprises ont d'immenses responsabilités, et rares sont les personnes capables de les assumer (comme les hockeyeurs assez talentueux pour jouer dans la Ligue nationale de hockey). Ils méritent une rémunération en conséquence.

Cela dit, loin de moi l'idée de vous faire croire qu'il n'y a pas d'abus. Il y a de nombreux exemples d'excès au Québec, au Canada et aux États-Unis.

La cause véritable en est simple, comme le mentionnait récemment John Bogle, fondateur des fonds Vanguard, dans une entrevue accordée au magazine The Atlantic : " Nous avions jadis une société basée sur la propriété. Il y a 50 ans, 92 % des actions étaient possédées par des individus. Maintenant, les institutions possèdent 75 % des actions. Ce sont des caisses de retraite, des fonds communs. Ces fiduciaires ne jouent pas leur rôle. Leurs clients ne sont pas leur priorité. Ils se concentrent sur la spéculation plutôt que sur le placement. "

Tous ces intervenants ne se soucient pas de la rémunération des dirigeants. Que le président de la société ABC gagne 1 million ou 100 millions par an n'a aucune importance pour eux, car ils auront vendu leurs actions bien avant la prochaine assemblée annuelle.

Et si vous savez comment changer une telle situation, dites-le-moi, car pour ma part, je ne vois pas comment.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/bernard-mooney

Les réflexions de Peter Lynch

Je viens de lire une entrevue intéressante avec Peter Lynch, ancien gestionnaire vedette de Fidelity et auteur de One up on Wall Street.

M. Lynch n'a pas changé. Ceux qui l'ont connu pendant les années 1980 (il a été gestionnaire de 1977 à 1990) reconnaîtront les mêmes principes à l'oeuvre. À long terme, il estime que la Bourse offrira un bon rendement. Selon lui, la crise financière n'a été qu'un événement exceptionnel. M. Lynch mentionne que le rendement boursier médiocre de la dernière décennie s'explique par le fait que les marchés boursiers étaient surévalués en 1999-2000. " Certaines entreprises affichent des bénéfices plus élevés qu'il y a 10 ans et leurs titres s'échangent à des cours inférieurs qu'à ce moment-là. Il y a là de belles occasions de placement. "

Peter Lynch conseille aux investisseurs d'exploiter leurs forces au maximum en choisissant des titres qu'ils connaissent bien, et d'ignorer les titres qu'ils ne comprennent pas. Belle dose de sagesse....

Vos réactions

" Je pense un peu comme M. Lynch. Il faut effectivement se concentrer sur les titres qu'on connaît, et non sur les ouï-dire du beau-frère qui a entendu quelque chose dans un bar. "

- S.B.

bernard.mooney@transcontinental.ca

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