Début mai, la première ministre Pauline Marois annonçait que 61 millions de dollars seraient consacrés d'ici 2016 à la construction de 226 logements à loyer modique au Nunavik, qui en a bien besoin. Sa population, la plus jeune du Québec, est en nette croissance et les habitations disponibles sont rares.

C'est d'ailleurs ce que nous avait indiqué le maire de Kuujjuaq, Tunu Nupartuk, lors de la Mission Grand Nord, en mars, qui nous avait conduit jusqu'au coeur du Nunavik. Il espérait grandement une annonce du genre.

Fort bien. Mais la crise du logement dans le Grand Nord masque une autre réalité : le rapport encore difficile de bien des Inuits avec la sédentarité et les modes d'habitation courants dans le Sud.

À preuve, cette affiche que nous avons vue en mars et qui semblait étonnante - quand on ne connaît pas le fin fond de l'histoire. On offrait aux citoyens du Nunavik de participer à un concours offrant un prix convoité : un voyage à Montréal pour deux personnes, toutes dépenses payées, pour voir un match du Canadien au Centre Bell. Condition pour participer au tirage : que la maison que ces gens occupent soit en bon état le jour où des inspecteurs passeraient pour vérifier... C'était tout. Il est évidemment facile de conclure que les habitants, là-bas, laissent leur maison se dégrader. Et le problème est souvent réel. Mais il cache un malaise qui perdure.

Là-bas, les gens parlent encore du trauma causé par une intervention gouvernementale québécoise brutale au tournant des années 1960. Des policiers québécois ont alors été chargés d'abattre les chiens de traîneau qui circulaient librement dans les villages naissants, où on avait regroupé ces gens essentiellement nomades. Les autorités craignaient que les bêtes n'attaquent des enfants. On voulait aussi, probablement, inciter les gens à cesser de vivre en nomades.

Ce fut une véritable hécatombe. Plus de 1 000 huskies ont été éliminés à coups de fusil. Il faut savoir qu'un chien de traîneau est bien plus qu'un animal de compagnie pour un Inuit : c'est à la fois un compagnon fidèle et une aide pour le transport. Parqués dans des villages où ils avaient peu d'attaches, privés subitement de leur mode traditionnel de locomotion, les habitants du Nord ont mis du temps à tourner le dos à leur passé. Les habitations souvent médiocres qu'on leur avait réservées n'avaient pas beaucoup de sens ni de valeur à leurs yeux.

La nouvelle génération, friande d'Internet et de consommation à la nord-américaine, s'adapte plus facilement au monde nouveau qu'on lui propose. Voilà pourquoi il faut applaudir à l'initiative du gouvernement Marois de soutenir le renouvellement de l'offre de logements du Nunavik. Si le Québec est sérieux dans son désir de mettre en valeur les ressources du Nord, il devra d'abord travailler de concert avec ses résidants au lieu de décider à leur place.

Créativité et vedettes à Montréal

Le titre (français) est énervant mais le propos fait réfléchir : Le business sera humaniste ou il ne sera pas, un essai signé Richard Branson, aborde plusieurs thématiques chères à l'entrepreneur-aventurier britannique devenu milliardaire au fil de ses innovations.

Sir Branson était de passage à Montréal cette semaine, comme invité-vedette de la deuxième édition de C2-MTL (pour créativité et commerce). Il n'était pas seul à attirer l'attention : le grand designer français Philippe Starck, Barry Diller, d'Expedia et autrefois de Paramount, Fred Dust, d'Ideo, John Mackey, de Whole Foods Market, Diane von Furstenberg, de DVF, et des dizaines d'autres personnalités de stature internationale étaient sur place. Sans oublier Mitch Joel et autres artisans locaux, qui travaillent eux aussi à donner un sens nouveau aux affaires. L'événement, faut-il le rappeler, est né d'une initiative conjointe de Sid Lee et du Cirque du Soleil.

On veut donc mettre la créativité au travail, concrètement, dans la vie de tous les jours. Et les exemples qu'on nous a présentés l'année dernière et cette année sont inspirants : réinventer la ville, miser sur l'urbanisme, redéfinir les affaires, plonger dans le 21e siècle... On veut !

Mais comme le veut le dicton, c'est plus facile à dire qu'à faire. Par peur ou par frilosité, nous avons tendance à figer au lieu de plonger. Il va falloir aller au-delà des mots, sinon le happening de C2-MTL, si emballant soit-il, ne sera toujours qu'un happening.

DE MON BLOGUE

Exploitation des ressources

Québec est dur avec les mines, doux avec les alumineries

Pourquoi autant de passe-droits pour un groupe, dont l'effectif se racornit, et autant de sévérité pour l'autre ? [...] On a d'un côté des entreprises qui suppriment des emplois et qui reçoivent une tape dans le dos, et d'autres qui sont sur le point d'en créer mais qui reçoivent des crocs-en-jambe.

Vos réactions

«Le discours des trois partis indépendantistes à l'égard des industries extractrices de métaux, minéraux et hydrocarbures est sensiblement le même : ces industries pillent les ressources du Québec, polluent son environnement et ne paient pas leur juste part à la société. Un discours assez loin de la réalité.»

- jpthoma1

«Vous croyez que les minières ne vont pas bénéficier des bas tarifs d'électricité, en plus des infrastructures payées par les contribuables? Le PQ a économisé plus de 100 millions en renégociant l'entente pour une route servant à une mine de diamants. Malgré tout, l'État paye la plus grosse partie de la route.»

- seb666

rene.vezina@tc.tc

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