La nouvelle décennie sera plus rentable en Bourse

Publié le 27/02/2010 à 00:00

La nouvelle décennie sera plus rentable en Bourse

Publié le 27/02/2010 à 00:00

Lors de mon récent webinaire portant sur les REER, j'ai mentionné que le marché boursier offrait le meilleur potentiel d'appréciation à long terme. J'ai même souligné qu'on pouvait s'attendre à des rendements d'environ 8 % par an.

Cependant, plusieurs participants m'ont fait remarquer que je semblais considérer la Bourse avec des lunettes roses. Certains d'entre eux ont affirmé qu'une prévision de rendement de 8 % était loufoque et qu'il serait plus raisonnable de viser un rendement de 3 %.

Cette réaction ne me surprend pas. Il est normal que de nombreux investisseurs soient pessimistes, car les rendements boursiers de la dernière décennie ont été très décevants. Poussé par deux pénibles marchés baissiers, l'indice américain S&P 500 a procuré un rendement annuel presque nul au cours de la décennie 1990-2000. C'est le pire rendement depuis les années 1930.

Toutefois, si en 1999, j'avais prédit que la Bourse serait anémique au cours des 10 prochaines années, plusieurs auraient qualifié mes prévisions de loufoques, et pensé que j'étais dépassé par la nouvelle économie (ce qu'on a dit de Warren Buffett, car il prédisait des rendements boursiers modestes).

Pourquoi ? Parce que les cinq années précédentes avaient été si fructueuses qu'il était impensable que les cinq années suivantes ne soient pas excellentes elles aussi.

Or, cela n'a pas été le cas, loin de là. C'est pourquoi aujourd'hui, les rendements décevants des dernières années dictent les attentes, à tel point qu'on prévoit que les rendements des cinq prochaines années seront médiocres, ou au mieux, modestes.

C'est une erreur; voici pourquoi.

D'abord, la Bourse est imprévisible à court terme. Je n'ai donc aucune idée de son évolution au cours des 12 prochains mois. Les principaux indices pourraient crouler de 30 % en un an, cela ne changerait en rien son potentiel sur 10 ans.

Comment estimer ce potentiel ? En premier lieu, il faut tenir compte que l'acheteur du S&P 500 reçoit un dividende de 2 %, et celui qui achète le S&P/TSX, un dividende de 2,7 %. C'est un bon départ, car il s'agit d'un rendement concurrentiel par rapport à celui des produits d'épargne traditionnels.

L'importance de l'évaluation

Par ailleurs, les bénéfices des sociétés croissent de 7 % par an en moyenne. Si vous additionnez dividende et croissance des bénéfices, vous obtenez un potentiel d'appréciation de 9 % par an.

Ce potentiel se concrétisera si dans 10 ans, les investisseurs accordent à l'ensemble du marché boursier la même évaluation qu'aujourd'hui. Je tiens à souligner l'importance de l'évaluation générale de la Bourse sur les rendements futurs. En 1999-2000, l'indice S&P 500 s'échangeait à plus de 25 fois les bénéfices, même si on pouvait s'attendre à une croissance de 7 % des bénéfices des sociétés. Le rendement de dividende de l'indice s'établissait à moins de 1 %. Pour espérer obtenir un rendement de 8 % par an à partir de 1999-2000, il fallait à tout prix que l'évaluation du S&P 500 ne change pas.

Dix ans plus tard, les bénéfices ont été à la mesure des attentes (sauf pendant la dernière récession). Mais évidemment, le ratio cours-bénéfice du S&P 500 a fondu, et du même coup, les rendements aussi.

La morale de cette histoire, c'est que vos rendements futurs sont déterminés en grande partie par l'évaluation de la Bourse au moment où vous investissez. Warren Buffett s'est enrichi entre autres grâce aux placements qu'il a faits pendant les années 1970, lorsque la Bourse était évaluée à moins de 10 fois les bénéfices.

Je suis convaincu que la Bourse n'est pas surévaluée actuellement. Selon moi, elle était fortement sous-évaluée en mars 2009, et le rebond des derniers mois a corrigé en partie cette situation. À 1 100 points, le S&P 500 s'échange à environ 14 fois les bénéfices prévus cette année, et à moins de 13 fois ceux prévus en 2011. C'est un ratio inférieur à sa moyenne historique de 15,7. Pour sa part, le S&P/TSX s'échange à environ 15 fois les bénéfices prévus en 2010, et à 12,3 fois ceux prévus en 2011.

Enfin, la dernière variable à considérer est celle des taux d'intérêt. Il y a place à une remontée des taux dans mon scénario. Ainsi, en supposant des taux d'intérêt d'environ 6 % (sur la base des obligations gouvernementales américaines de 10 ans), le S&P 500 peut facilement s'échanger à 15 fois les bénéfices au moins. C'est plus que le ratio actuel, alors que le taux des obligations américaines de 10 ans est de 3,8 %, un niveau qui peut justifier une évaluation de plus de 20 fois les bénéfices.

En somme, ma prévision de rendement de 8 % par an pour la prochaine décennie me paraît, non seulement réaliste, mais même prudente.

De mon blogue

www.lesaffaires.com/bernard-mooney

Le chômage aide la Bourse

" Ça va bien trop mal pour investir en Bourse ? L'économie se porte mal et le chômage est trop élevé ", diront certains d'entre vous. Les investisseurs devraient pourtant savoir que le placement boursier requiert plus que la simple lecture des grands titres des journaux et des sites financiers. En fait, bien investir en Bourse est souvent contre-intuitif. Par exemple, le marché boursier se porte mieux lorsque le taux de chômage est élevé.

Le stratège James Paulsen, de Wells Capital Management, mentionne que depuis janvier 1948, lorsque le taux de chômage était supérieur à 6,6 % aux États-Unis, la Bourse a procuré un rendement annualisé de 20,4 %. Par contre, lorsque le taux de chômage était sous 6,6 %, le rendement boursier a été de seulement 7,3 %. En outre, la volatilité est plus forte lorsque le chômage est plus bas !

On voit là à l'oeuvre, la nature fondamentale et cyclique de la Bourse.

Vos réactions

" Selon le bon vieux principe : on vend au son du violon, mais on achète au son du canon ! "

- Dencour

" C'est normal, puisque la hausse du chômage suit une récession. "

- S.B.

bernard.mooney@transcontinental.ca

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