BLOGUE. Autre journée, autre déconfiture sur les marchés pour Research in Motion, autre ronde de spéculations de la part des analystes et toujours pas de réponse à la grande question : qu'est-ce qui pourrait sauver RIM?
Les scénarios de restructuration se multiplient, mais, ultimement, ils reposent à peu près tous sur un incontournable : le lancement des nouveaux appareils (et du nouveau système d'exploitation) BlackBerry 10, plus tard cette année.
Si ce lancement « foire », pardonnez l’expression, tout le reste suit. La situation financière de l'entreprise ne lui donnerait vraisemblablement pas le délai nécessaire pour une autre tentative. Les consommateurs fuiraient et, peut-être plus important encore à long terme, les entreprises qu'on aurait convaincues de développer des applications pour cette plateforme. Les employés clés aussi. Du moins ceux qui n'auraient pas déjà quitté le navire.
Bref, toutes les activités liées aux appareils seraient à peu près anéanties. Ça inclut la clientèle d'affaires, qui est dorénavant très liée à la clientèle « grand public ». Après tout, on parle des mêmes personnes, qui ne veulent pas de deux appareils, un pour leur vie personnelle et un autre pour leur vie professionnelle. Et la popularité grandissante des iPhone et iPad en entreprises montre qu’ils ont réussi à faire passer leur choix personnel devant le choix professionnel de leur patron.
Ne resteraient que les brevets pour conférer une certaine valeur à cette division.
Les choses seraient à peine plus reluisantes du côté des activités « serveur » de Research in Motion. Pour l'instant, celles-ci sont étroitement liées aux appareils de l'entreprise. Si on veut en vivre, il faudra d'abord mettre sur pied un modèle d'affaires et convaincre d'autres manufacturiers de leur utilité. Pas impossible, mais pas fait.
Le mirage
Tout repose donc sur le lancement de Blackberry 10. Or ce lancement est devenu une licorne. Une sorte de rêve qui ne pourra jamais livrer les espoirs qui sont en lui.
Pour renverser la tendance, le système Blackberry 10 ne peut pas être comparable à ses rivaux (iOS et Android, principalement). Il ne peut même pas être un peu meilleur. Il doit être distinctement meilleur, une coche au-dessus, avoir une tête de plus, les devancer d'une bonne longueur : appelez cela comme vous le voulez, ça doit arriver. Et ça n'arrivera pas.
Même les prochaines versions d'iOS et Android ne seront pas distinctement meilleures que les versions actuelles. Après une phase de développement rapide, l'industrie du téléphone intelligent est arrivée dans une période plus mature où les innovations sont mineures : un peu plus rapide, un peu plus beau, un peu plus ergonomique, etc. Sauf une grande surprise, il n'y a pas de révolution à l'horizon. Et si surprise il y a, il faudrait être très optimiste pour croire qu'elle viendra de RIM, compte tenu de son historique récent.
Bref, Blackberry 10 ne sauvera pas les meubles. Et s'il ne le fait pas, on ne voit pas qui le fera.
