BLOGUE. Dans la lutte qui oppose les différentes plateformes mobiles (Apple, Google, Rim, Microsoft, etc.), on a tendance à oublier l'importance d'un groupe de joueurs absolument essentiels : les opérateurs. Et ceux-ci, rapporte ce matin le New York Times, aiment beaucoup Microsoft.

Le NY Times relève que les deux plus grands opérateurs américains, AT&T et Verizon, ont lancé au cours des derniers jours d'importantes campagnes pour faire la promotion du Lumia 900, de Nokia, qui utilise la plateforme de Microsoft.

Avant l'arrivée d'Apple et de l'iPhone, les opérateurs étaient rois et maîtres du marché du mobile. Non seulement fallait-il s'abonner avec eux pour utiliser les appareils (ce qui est toujours le cas), ils disposaient des seuls réseaux de distribution pour ces appareils. Les fabricants comme Nokia, Samsung, LG, Research in Motion ou autres se devaient de passer par eux pour rejoindre les consommateurs.

Leur pouvoir était énorme et, comme c'est souvent le cas, ils se sont rendus coupables d'en abuser. Ils imposaient l'installation d'une panoplie de logiciels inutiles, fixaient les prix à leur guise, « barraient » les appareils pour qu'ils soient inutilisables sur d'autres réseaux, etc.

Obsédé du contrôle total qu'il était, Steve Jobs ne pouvait évidemment tolérer cette situation. Il a profité du succès de l'iPod pour essayer d'imposer sa volonté. Même lui a fini par céder à un certain moment. Le premier iPhone, par exemple, n'était disponible qu'au plein prix, pour essayer d'éviter la tyrannie des contrats. Il a bien dû accepter, pour la seconde version, le modèle subventionné.

Mais, encore aujourd'hui, l’iPhone est disponible ailleurs que dans les boutiques des opérateurs, dont auprès d'Apple elle-même. Il est aussi vendu libre de tout logiciel imposé par l'opérateur. Et Apple a le gros bout du bâton dans la fixation des prix. Bref, les opérateurs n'aiment pas l'idée de voir Apple dominer complètement le marché et les traiter en pantins.

« Apple a changé l'écosystème, me racontait il y a quelques mois Paul Boucher, de Synchronica, une entreprise installée à Montréal pour développer des logiciels pour téléphones. Les opérateurs n'aiment généralement pas travailler avec eux à cause de ça, même si ça s'est amélioré récemment. »  

De l'autre côté, toujours selon le NY Times, il semble que les opérateurs américains soient aussi un peu inquiets de voir ce qui va se passer avec la plateforme Android après l'acquisition de Motorola par Google.

Bref, ces opérateurs croient qu'il serait très intéressant pour eux de disposer d'une troisième option et ils croient que Microsoft (plus que RIM) peut être cette troisième option.

Il ne faudrait surtout pas négliger l'impact des millions de dollars qu'ils vont dépenser pour tenter de la faire décoller.