Un château de cartes fragile à la frontière

Publié le 22/06/2013 à 00:00

Un château de cartes fragile à la frontière

Publié le 22/06/2013 à 00:00

Les problèmes engendrés par les dérives sécuritaires à la frontière canado-américaine diminuent et les exportateurs québécois en profitent. Toutefois, ces progrès demeurent fragiles, et tout pourrait basculer du jour au lendemain.

«Aussi longtemps que l'exportateur, le courtier et le transporteur travaillent ensemble, les retards peuvent être évités», affirme Julie Ibrahim, relationniste chez UPS. Même son de cloche du côté de Durocher International, qui se spécialise dans le transport par voie terrestre. Les douanes sont «de plus en plus user friendly, il n'y a pas d'attente si tout est en règle», soutient Steve Lamontagne, directeur général de l'entreprise.

Et pour que tout soit en règle, les exportateurs ou leurs courtiers doivent remplir tous les formulaires requis au préalable. Une opération qui peut nécessiter quelques minutes ou quelques heures, selon le type de marchandise qui doit franchir la frontière.

Les nouvelles technologies, comme NEXUS ou FAST (qui permettent de diminuer l'attente aux douanes grâce à des enquêtes de sécurité préalables), ont exigé quelques années de mise à niveau et fonctionnent mieux de nos jours.

La situation s'est améliorée, mais n'est toujours pas optimale. Les transporteurs doivent effectuer des vérifications pointues à l'égard de leurs employés, qui doivent montrer patte blanche. Outre la paperasse, il faut parfois que les transporteurs se prêtent à des inspections minutieuses de leurs poids lourds. «Les inspections aléatoires sont plutôt rares, selon Michel Lépine, directeur général pour le courtier en transport GMR. Ça arrive peut-être pour 1 % de nos camions, mais quand il y en a une, ça entraîne des pertes de temps.»

De plus, une mise à niveau des ressources humaines devait avoir lieu. Certains douaniers du sud des États-Unis sont venus grossir les rangs des effectifs au Nord. Ce personnel, habitué à la frontière mexicaine «avait une attitude différente vis-à-vis des Canadiens», explique Julien Tourreille, directeur adjoint à l'Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand.

Chaque produit comporte également un code mondial, que le camionneur doit déclarer aux douanes. Plus la cargaison est composée de produits variés, plus l'attente peut être longue. Et plus les codes requis sont nombreux, plus le risque d'erreurs augmente.

Intérêt mutuel

Ainsi, malgré l'initiative Par-delà la frontière, qui vise entre autres à «faciliter la circulation légitime des marchandises», les progrès sont fragiles. D'abord, des compressions budgétaires à Washington entraînent une réduction des heures de travail des agents frontaliers, ce qui se traduit par une attente plus longue. De plus, les départements américains de l'Agriculture et de la Sécurité intérieure ont récemment proposé d'instaurer de nouveaux tarifs douaniers.

Reste que «les deux pays ont intérêt à ce que ça fonctionne [la fluidité des échanges commerciaux], puisque nos économies sont intégrées», souligne Julien Tourreille. Mais «ça s'améliore», croit David Biette, directeur du Canada Institute au Wilson Center, un laboratoire d'idées américain.

Ainsi, de nouvelles mesures protectionnistes ou d'autres attentats terroristes pourraient mettre fin subitement aux améliorations dont profitent les exportateurs québécois. Si les progrès sont perceptibles, ils reposent pour l'instant sur un château de cartes.

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