Trois approches, un objectif : le rendement

Publié le 29/10/2011 à 00:00

Trois approches, un objectif : le rendement

Publié le 29/10/2011 à 00:00

Voici trois stratégies adoptées par des firmes d'investissement pour bâtir des portefeuilles constitués d'entreprises durables offrant de bons rendements.

1 Le «meilleur de la classe»

Le Fonds d'actions canadiennes Valeurs communautaires PH&N vise à procurer la performance du marché canadien en investissant dans de grandes entreprises socialement responsables.

«Il est très similaire à un fonds d'actions canadiennes», dit Jason Milne, directeur de la politique ESG et de la recherche chez Phillips, Hager & North. «La seule différence, c'est que nous nous concentrons sur les entreprises qui ont adopté les meilleures pratiques environnementales, sociales et de gouvernance [ESG].»

Dans cette sélection, l'analyse financière ouvre la marche. Le gérant commence par déterminer les «sociétés de croissance de qualité», c'est-à-dire des sociétés bien gérées, chefs de file dans leur industrie, très rentables par rapport aux concurrents, enregistrant une forte croissance des bénéfices et dont les actions se vendent à un prix raisonnable.

Leadership environnemental

Les résultats en matière de performance sociale et environnementale de ces sociétés sont ensuite évalués. «Nous cherchons en outre des entreprises qui démontrent du leadership dans les pratiques environnementales et qui se sont engagées à se conformer aux lois environnementales en vigueur, qui respectent les droits des travailleurs, qui encouragent l'équité en matière d'emploi et qui adhèrent à des pratiques de gouvernance rigoureuses», dit M. Milne.

Pour faire cette évaluation, Phillips, Hager & North a retenu les services de Jantzi Research, spécialisée dans le soutien et la recherche en matière d'investissement social. Cette firme utilise l'approche «meilleur de la classe», qui consiste à sélectionner les entreprises dont les pratiques ESG devancent celles des autres acteurs qui évoluent dans le même secteur.

«Par conséquent, certains investisseurs sont choqués de voir que le portefeuille contient des pétrolières actives dans les sables bitumineux, dit M. Milne. Ils ne se rendent pas compte que ces entreprises ont mis en place de très bonnes pratiques environnementales, comme la décontamination des sols ou la revitalisation, et sont aussi en bons termes avec la communauté et leurs travailleurs. Nous investissons dans des sociétés qui sont engagées dans l'élaboration de modèles d'entreprise durables.»

À cette approche «meilleur de la classe» vient se greffer une stratégie d'exclusion. Le gérant met automatiquement de côté les sociétés qui oeuvrent principalement dans la production et la distribution d'alcool, de tabac, de matériel pornographique, de jeux de hasard et d'armement militaire.

Pression sur les entreprises

«Il y a 5 ans, nos critères non financiers excluaient 15 % de l'indice S&P/TSX, dit Jason Milne. Maintenant, ce pourcentage est un peu inférieur à 10 %.»

Ce taux pourrait continuer de baisser, puisque Phillips, Hager & North fait des pressions sur les entreprises pour les inciter à améliorer leurs pratiques. «Nous ne le faisons pas publiquement, précise M. Milne. Nous discutons en privé avec les dirigeants, jugeant qu'une approche positive aidera à faire bouger les choses.»

Il reste que certains investisseurs ne sont pas encore convaincus des vertus des fonds socialement responsables, estimant que le fait de défendre ces valeurs les oblige à sacrifier du rendement. «Mais c'est tout à fait faux, dit Jason Milne. Plusieurs études à l'échelle de la finance éthique mondiale confirment que les fonds ESG enregistrent à long terme les mêmes résultats que les fonds traditionnels.»

2 Les petites capitalisations

Le nombre de petites capitalisations canadiennes - valorisation de moins de 2 milliards - socialement responsables s'est accru en moyenne de 20 % par an depuis 2009.

Ce n'est pas seulement une affaire de conscience. Pour ces entreprises qui doivent parfois faire des pieds et des mains pour intéresser les investisseurs, c'est aussi une façon d'attirer des capitaux.

Le phénomène a tout de même eu pour effet d'élargir l'univers de placement du Fonds d'actions spéciales Ethical. «Nous sélectionnons des PME qui ont une équipe de direction de qualité, des bénéfices récurrents élevés et un bon positionnement dans leur marché», explique Russell Moldowan, membre de l'équipe de gestion de Placements NEI.

Jugées sur des faits

Une fois cette sélection faite, les titres sont analysés en tenant compte des critères ESG. Ce travail est réalisé par l'équipe de Bob Walker, qui compte 10 analystes, chacun spécialisé dans un secteur précis. Ces derniers veillent à assurer que les entreprises en portefeuille ont de bonnes pratiques environnementales, sociales et de gouvernance. Pour ce faire, ils s'attardent aux faits, comme la présence d'une politique sur la santé et la sécurité au travail, d'une politique environnementale ou d'un comité responsable de la rémunération.

«Comme les petites entreprises sont moins transparentes, nos analystes ESG doivent faire beaucoup de recherches, dit M. Moldowan. Ils consultent les documents publics et d'autres sources d'information, en plus de s'enquérir auprès de professionnels financiers qui suivent ces titres et de personnes-ressources à l'intérieur des entreprises visées.»

Si le titre franchit cette évaluation avec succès, il fera son entrée dans le portefeuille.

Mais le travail de Bob Walker et de son équipe ne s'arrête pas là. Ces derniers interviennent aussi auprès des sociétés. Ils discutent des questions éthiques avec les dirigeants. Leurs chevaux de bataille en 2012 seront «une rémunération juste et reflétant les résultats», «une exploitation responsable des sables bitumineux», «la préservation des forêts» et «l'octroi d'assurance collective aux travailleurs des pays émergents».

Seul bémol, cette approche d'investissement n'est pas à toute épreuve. Le Fonds d'actions spéciales Ethical a été secoué cette année par le scandale Sino-Forest, de même que par le pessimisme des investisseurs et la volatilité des marchés.

Il reste que ce fonds, plusieurs fois primé, reste plus performant et moins risqué que ses pairs...

3 Des entreprises vraiment engagées

En 1990, le Mouvement Desjardins a fait figure de pionnier en lançant le premier fonds environnemental du Canada. Aujourd'hui, il fait encore figure de précurseur par la façon dont il gère ce fonds.

Sa démarche débute par une sélection d'entreprises, grandes et moyennes, qui sont les plus consciencieuses en matière environnementale au sein de l'indice S&P/TSX. La société Placements NEI, spécialisée dans l'analyse des critères non financiers, agit ici au nom du Mouvement Desjardins.

Haro sur le tabac et le nucléaire

Dans un premier temps, les fabricants de tabac et les entreprises nucléaires sont exclus. «Ensuite, l'équipe d'analyse des critères ESG évalue les dimensions environnementales des entreprises restantes, dit Rosalie Vendette, conseillère en investissement responsable au Mouvement Desjardins. Les analystes préparent des rapports à l'aide des balises que nous leur donnons. En gros, nous cherchons non seulement des entreprises qui ont pris des engagements, mais nous voulons aussi qu'elles aient posé des gestes.»

Leurs initiatives peuvent toucher la pollution de l'eau, de l'air ou du sol, la biodiversité, la gouvernance des enjeux environnementaux ou leur impact environnemental sur la communauté.

Perspectives de croissance

Le nom des entreprises recommandées, qui gèrent de façon responsable les questions environnementales, est remis au gestionnaire de portefeuille, Jean-Philippe Choquette, de Fiera Sceptre. Le gérant fait sa sélection à partir de cet univers d'environ 120 sociétés. Il cherche à dénicher les entreprises de grande et moyenne capitalisation dotées des meilleures perspectives de croissance. «Je cherche des entreprises dont les actions se négocient à prix raisonnable et qui présentent des produits novateurs, un marché en croissance et un bilan solide», dit-il.

M. Choquette veille à bien diversifier le portefeuille pour que les mêmes secteurs que ceux qui composent l'indice S & P/TSX y figurent. Cela implique d'investir dans les secteurs miniers et pétroliers, Ce qui rend souvent sceptiques les néophytes.

«Certains investisseurs aimeraient que les entreprises n'aient aucun impact environnemental, affirme Mme Vendette. Mais, on n'en est pas encore là.»

Le Fonds Desjardins Environnement, plusieurs fois primé, se compose principalement d'entreprises qui gèrent de façon active la dimension environnementale de leurs activités. Il est fortement corrélé à la Bourse canadienne et donne un rendement à long terme très similaire.

Jean-Philippe Choquette arrive à ce résultat non sans difficulté, puisque son univers de départ lui donne un choix limité.

«Depuis 2009, nous établissons des dialogues avec les entreprises par l'intermédiaire de Placements NEI. Nous poussons les dirigeants à aller de l'avant avec leurs initiatives environnementales.»

- Rosalie Vendette, conseillère, Mouvement Desjardins

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