"Ajouter de la capacité à un réseau routier règle rarement les problèmes de congestion. Ceux-ci reviennent deux ou trois ans plus tard. Il existe des solutions moins coûteuses aux impacts plus durables", souligne Jean-François Barsoum, leader du groupe-conseil Innovation/Villes plus intelligentes chez IBM.
Mince consolation pour les Montréalais qui viennent de passer l'été dans les bouchons de circulation !
Et encore, Montréal est l'une des métropoles où les déplacements sont les moins "souffrants", nous apprend le rapport "Global Commuter Pain Study 2011" d'IBM, auquel M. Barsoum a participé.
Menée auprès de 8 000 citoyens de 22 villes, cette étude annuelle mesure le niveau de frustration que suscitent leurs trajets quotidiens. Même si Montréal termine première de classe, plusieurs initiatives implantées dans d'autres capitales pourraient y rendre les déplacements encore plus fluides. En voici quelques-unes, tirées du rapport IBM.
1 Réduire la demande plutôt qu'augmenter l'offre
Depuis 2007, automobilistes et camionneurs doivent payer pour entrer au centre-ville de Stockholm, un centre-ville qui, comme l'île de Montréal, n'est accessible qu'en empruntant des ponts.
"On a d'abord envisagé d'ajouter une voie de contournement, explique Jean-François Barsoum, qui est aussi administrateur dans le cadre du Projet sur la réalité climatique d'Al Gore et membre du comité directeur québécois de la Fondation David Suzuki. Mais c'était plus onéreux et moins efficace que les péages."
Fine mouche, l'administration municipale a vaincu les résistances des citoyens et des commerçants en menant un projet-pilote, soumis à un référendum six mois après son implantation.
"La circulation ayant fondu du jour au lendemain, tout le monde a voté pour le maintien des péages", ajoute Jean-François Barsoum. Le succès de cette initiative s'explique en partie par le travail de terrain effectué avant l'implantation des péages.
On a, entre autres, incité les entreprises à favoriser le télétravail et les horaires flexibles pour réduire et répartir le volume de circulation.
2 Centraliser la gestion du transport
Stationnements, taxis, pistes cyclables, transport en commun... L'organisme Transport for London (TfL) gère tous les déplacements de la ville. Il a donc le pouvoir de moduler en temps réel l'offre de l'un des moyens de transport pour compenser une grève ou une panne ailleurs sur le réseau. "À Montréal, des ponts municipaux et des ponts provinciaux aboutissent sur des rues municipales !" commente Jean-François Barsoum.
3 Prévoir et prévenir le trafic
À Singapour, dès qu'il y a accident, on se démène pour limiter la longueur et la durée des bouchons. D'abord, en prévoyant la congestion à venir dans les 30 et 60 minutes afin d'ajuster immédiatement les messages des panneaux à affichage variable. On propose des itinéraires de remplacement aux conducteurs. On alerte aussi les propriétaires de flottes de camions. Et, si des fermetures pour cause de travaux sont prévues à proximité du site de l'accident, on les retarde, le temps que le bouchon se dissolve.
4 Utiliser l'usager comme source d'information
À Istanbul, chaque fois qu'un usager consulte les horaires de transport en commun ou vérifie un trajet sur son téléphone intelligent, il alimente la banque de données de la ville. Même situation à Singapour : la carte à puce qui sert à payer les taxis, le transport en commun et les stationnements permet aux autorités de déterminer les corridors les plus et les moins empruntés de la ville, et d'ajuster l'offre.
