Quand les comptables font autre chose que de vérifier des états financiers

Publié le 28/04/2012 à 00:00

Quand les comptables font autre chose que de vérifier des états financiers

Publié le 28/04/2012 à 00:00

Aujourd'hui, près de la moitié des revenus des grands cabinets comptables proviennent de services qui n'ont rien à voir avec la comptabilité. Et cette tendance s'accentuera.

Tous les grands bureaux offrent des services-conseils intégrés dans des domaines aussi variés que l'immobilier, la santé, les mines, la gestion des risques, la technologie et l'environnement. Pour ce faire, ils ont mis sur pied des équipes multidisciplinaires qui comptent des ingénieurs, des informaticiens, des infirmières et des conseillers financiers.

«Nous accompagnons nos clients dans toutes les sphères de leurs activités», explique Jean Robillard, président et chef de la direction chez Raymond Chabot Grant Thornton. «Si nos clients souhaitent acheter une entreprise à l'étranger, nous avons une équipe capable de les aider à faire leur revue diligente. Nous pouvons aussi les aider depuis nos bureaux du Royaume-Uni, d'Australie, d'Afrique du Sud et de la Chine. Nous pouvons également les mettre en relation avec d'autres intervenants afin de repérer des occasions d'affaires», ajoute M. Robillard, pour illustrer l'étendue du phénomène.

Si les clients souhaitent plutôt améliorer le rendement et la performance de leur entreprise, certains cabinets peuvent aussi les appuyer en implantant des programmes d'amélioration continue de type kaizen et lean manufacturing.

La moitié des revenus

Ces services complémentaires prennent constamment de l'expansion. «Aujourd'hui, 50 % de nos revenus proviennent de nos services d'expertises complémentaires. Et ce segment est en forte croissance», affirme Alain Côté, associé directeur du bureau de Montréal chez Deloitte.

Raymond Chabot Grant Thornton et PricewaterhouseCoopers disent aussi tirer près de la moitié de leurs revenus des services hors comptabilité, ce qui en fait une tendance de fond au Québec. «Au fil des années, les grands cabinets ont progressivement élargi leur gamme de services afin d'accommoder des clients qui devenaient de plus en plus sophistiqués», explique Guy LeBlanc, associé directeur du bureau de Montréal chez PricewaterhouseCoopers.

«Cette diversification est devenue un fort axe de croissance pour les cabinets. Nous avons connu une belle progression dans ce secteur», ajoute-t-il. Au 30 juin 2011, les services-conseils complémentaires de PricewaterhouseCoopers ont grimpé de près de 10 % comparativement à une croissance inférieure à 5 % pour les services d'audit. Deloitte rapporte une progression moyenne de 10 % et de 3 % pour ces deux secteurs.

Des signes bien visibles

Cette croissance dans les deux chiffres amplifiera d'un cran la diversification des services dans les grands bureaux comptables, prévoit Sylvain Vincent, associé directeur pour l'Est du Canada chez Ernst & Young.

«Le milieu des affaires se complexifie. Aujourd'hui, les clients veulent tout régler à un seul endroit. Ils ne veulent plus montrer leurs livres partout, à tout le monde», dit-il. En conséquence, les cabinets comptables tentent de se positionner comme des guichets uniques, ajoute M. Vincent.

Les signes de cette tendance sont déjà bien visibles. L'an dernier, par exemple, PricewaterhouseCoopers a mis la main sur Robichaud Conseil, un cabinet spécialisé en management stratégique. De son côté, BDO Canada a acquis les activités de gestion des risques de la société Decimal Technologies. Deux domaines qui ont peu à voir avec la comptabilité.

La mondialisation des marchés, qui a entraîné la disparition de plusieurs sièges sociaux d'entreprise au Québec, milite aussi en faveur de l'accroissement de cette diversification, constate pour sa part Alain Côté, de Deloitte. «La tarte se rétrécit. Nous n'avons plus le choix : il faut offrir plus de services à un même client», dit-il.

Les nombreuses fermetures d'entreprises manufacturières et forestières ont également incité de petits cabinets régionaux, tels que Blanchette Vachon, à tenter l'aventure de la diversification. Blanchette Vachon a notamment mis sur pied une équipe qui se consacre à l'évaluation et à la vente d'entreprises, un segment encore peu exploité par les cabinets comptables régionaux.

«Afin de maintenir nos revenus, notre réaction a été d'offrir de plus en plus de services complémentaires à nos clients», explique Mario Gosselin, président de Blanchette Vachon. «Ce n'est pas comme si nous avions l'aide du gouvernement du Québec. Il n'y avait rien pour les régions dans le dernier budget Bachand», déplore-t-il.

Son cabinet offre désormais des services de financement d'entreprise, de planification successorale et de fiscalité internationale ! «Nous avions commencé à offrir un service de soutien en ressources humaines, mais nous avons changé d'idée. C'était plus complexe à mettre en place, sinon nous l'aurions gardé.»

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