Quand la proie devient prédateur

Publié le 14/01/2012 à 00:00

Quand la proie devient prédateur

Publié le 14/01/2012 à 00:00

Louis Bélanger-Martin avoue «carburer aux affaires qui ont l'air impossibles». Il a fondé DTI Software en 1995, qui occupe aujourd'hui 90 % du marché mondial des contenus de divertissement à bord des avions. Après deux tentatives, il vient de prendre le contrôle de la société allemande à qui il avait vendu son entreprise en 2008 dans le but, secret, de favoriser sa croissance. Il promet pour bientôt un autre coup d'éclat qui propulsera DTI Software vers un nouveau sommet.

Les Affaires - Pourquoi avez-vous vendu DTI Software à l'allemande Advanced Inflight Alliance AG [AI Alliance], si c'était pour remettre la main dessus ?

Louis Bélanger-Martin - Nous n'avions jamais voulu vendre ! C'était une façon de lui donner de l'adrénaline, de lui permettre d'augmenter ses revenus. Cela s'inscrivait dans un processus de croissance organisé. La société allemande, nous l'avions ciblée parce qu'elle se spécialisait aussi dans le divertissement à bord des avions. La transaction s'est conclue le 18 janvier 2008. Trois semaines plus tard, nous avons fait une offre avec Novacap, notre partenaire financier de l'époque, pour acheter AI Alliance. Mais ça n'a pas fonctionné, car nous n'avons pas réussi à repérer un bloc d'actionnaires qui souhaitaient vendre. Nous sommes revenus à la charge l'année suivante : nouvel échec. La stratégie vient de réussir... mais avec un délai de trois ans. Bref, tout ça était planifié. Il a seulement fallu plus de temps que prévu.

L.A. - Vous ne deviez pas être très aimé chez AI Alliance...

L.B.-M. - Je n'étais pas un homme très populaire à Munich, en effet. On m'a déjà lancé des documents à la tête ! Quand j'ai fait ma première offre de rachat, les dirigeants ne comprenaient pas ce qui se passait. Je leur ai dit qu'ils n'avaient pas acheté DTI, mais qu'ils venaient plutôt de me permettre d'acheter leur entreprise !

L.A. - Et comment avez-vous réussi, finalement ?

L.B.-M. - Par Capital Management, une société d'investissement de Boston active dans l'industrie aérienne, qui partageait mes visées pour l'entreprise et souhaitait en devenir actionnaire. En résumé, j'ai convaincu un actionnaire majoritaire d'AI Alliance de vendre ses actions. Je l'ai talonné pour qu'il prenne l'avion après une assemblée d'actionnaires afin d'aller rencontrer l'investisseur de Boston. J'avais même fait émettre son billet Munich-Boston avant qu'il ne dise oui ! Après la transaction, le président et chef de la direction d'AI Alliance a dû quitter son poste, et je l'ai remplacé. Les membres du conseil de supervision ont aussi été remplacés.

L.A. - Où voyez-vous DTI Software et AI Alliance dans trois ans ?

L.B.-M. - Elles auront un chiffre d'affaires combiné de deux milliards de dollars. Le potentiel est incroyable. La technologie de DTI Software est compatible avec quelque 50 plateformes différentes. Avec DTI, nous avons créé l'industrie du divertissement interactif dans les avions, et nous innovons sans cesse. Par exemple, nous avons introduit la possibilité pour les passagers de clavarder entre eux ou de jouer ensemble à des jeux vidéo, et nous avons été les premiers à lancer le 3D dans les avions. Ensuite, ce sera les marchés des trains, des hôtels et des hôpitaux. Nous voulons devenir un leader du divertissement pour le consommateur de passage (consumer-on-the-move). Pour cela, nous nous apprêtons à faire une prise de contrôle inversée auprès d'une entreprise inscrite au Nasdaq.

L.A. - Craignez-vous que les difficultés de l'industrie aérienne freinent vos objectifs d'expansion ?

L.B.-M. - Je crois que le divertissement sera peu touché par les coupures, car c'est avec l'expérience offerte aux passagers que les sociétés aériennes se distinguent.

L.A. - Qu'est-ce qui vous allume ?

L.B.-M. - L'Everest, mais en affaires. J'aime les transactions compliquées. J'aime quand tout reste à faire. Je suis un agent de changement. Une vie comme un long fleuve tranquille, ce n'est pas pour moi.

CV

Nom : Louis Bélanger Martin

Fonctions : Président et chef de la direction d'AI Alliance, président du conseil d'administration de DTI Software

Âge : 41 ans

Entreprises : DTI Software et AI Alliance

Fondation : 1995 (DTI)

Siège social : Montréal pour DTI, Munich pour AI Alliance

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