Tee-shirt, jeans, piercings, mèches colorées... Tous les jours de la semaine, à midi et à 17 h, une véritable déferlante Ubisoft s'abat sur le quartier du Mile-End. Cette foule bigarrée sort du 5505, boulevard Saint-Laurent pour prendre d'assaut les restos branchés, épiceries fines et cafés à la mode des environs.

Le leader canadien des jeux vidéo prévoit employer jusqu'à 3 000 salariés dans ses installations du Mile-End d'ici 2013. Une présence qui n'est pas sans impact sur la vie de cet ancien quartier industriel.

Développement urbain

«Depuis la venue d'Ubisoft, de nombreux cafés et restaurants sont apparus. Certains établissements plutôt mal en point se sont offert un nouveau visage en faisant des rénovations, si bien qu'entre Laurier et Saint-Viateur, il n'y a plus un local de libre», constate Richard Ryan, conseiller municipal du Plateau Mont-Royal et résidant du quartier depuis 25 ans.

En plus d'entraîner dans son sillage d'autres entreprises, Ubisoft a également contribué indirectement à la rénovation du parc immobilier, qui était très vétuste dans le quartier. Et pour cause : on constate que plus de la moitié des employés habitent à moins de 2 km de leur lieu de travail.

Le revers de la médaille ? Le pouvoir d'attraction du secteur a généré une importante hausse des loyers qui prend à la gorge les petits propriétaires, mais aussi la communauté artistique qui a fait la renommée du Mile-End.

Le futur visage du quartier

«Mais est-ce seulement la présence d'Ubisoft qui a fait grimper les valeurs mobilières ? Car les indices sont aussi à la hausse dans les autres secteurs du Plateau», nuance Richard Ryan.

Afin de continuer à assurer une certaine mixité sociale dans ce quartier traditionnellement populaire, la mairie d'arrondissement a adopté, le 5 mars dernier, un moratoire destiné à mieux encadrer les pratiques de location.

Dans la ligne de mire : les propriétaires des grandes bâtisses industrielles situées sur les rues Casgrain et de Gaspé, juste derrière Ubisoft, où les anciennes entreprises textiles ont laissé la place à de nombreux ateliers d'artistes.

«Désormais, on ne pourra plus mettre dehors tout un étage d'ateliers pour installer une entreprise. Il faudra respecter l'usage du bâtiment et ne pas dépasser la limite des 500 pi2 pour une entreprise, à moins de négocier au cas par cas avec l'arrondissement», explique le conseiller Richard Ryan.

L'arrondissement planche aussi sur un nouveau plan d'urbanisme prévu pour l'automne. Au menu : l'essor des transports actifs, le développement de l'offre commerciale des rez-de-chaussée et l'aménagement d'espaces verts au sein du quartier.

«La Ville a alloué 9 M $ à la revitalisation du secteur Saint-Viateur Est dans le cadre du projet Montréal 2025. Pour désenclaver le Mile-End, nous avons aussi besoin de construire un passage à niveau afin que les piétons puissent accéder au métro Rosemont», assure M. Ryan. Un dossier actuellement en cours avec le Canadien Pacifique, et dont Ubisoft pourrait se révéler être un soutien de première importance. L'entreprise a déjà écrit à plusieurs reprises au Canadien Pacifique afin de demander la création d'un passage à niveau facilitant la mobilité de ses salariés, qui se déplacent surtout à pied, à vélo et en transport en commun.

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Prix en millions de dollars payé en mars dernier par le fonds d'investissement Allied Properties pour le 5445, rue de Gaspé, un édifice de 500 000 pieds carrés situé à proximité d'Ubisoft.

100 $

Montant de l'augmentation moyenne mensuelle des loyers dans le quartier du Mile-End entre 1991 et 2001, qui sont passés de 500 $ à 600 $, selon les données de la Corporation de développement économique communautaire (CDEC) Plateau Mont-Royal. Mais le conseiller municipal Richard Ryan estime que, durant les 10 dernières années, le coût des loyers ainsi que les comptes de taxes des propriétaires auraient quadruplé.