Protéger son capital quand rien ne va plus

Publié le 28/01/2012 à 00:00

Protéger son capital quand rien ne va plus

Publié le 28/01/2012 à 00:00

À quand remonte le dernier examen attentif de vos investissements ? Si cela fait moins de trois ans, les chances sont grandes que l'exercice vous ait laissé un souvenir amer. Difficile, pour l'investisseur autonome, de garder la foi lorsque les marchés se comportent comme des poules sans tête. Jason Zweig, un expert de la psychologie de l'investisseur, a écrit Investir dans un marché en montagnes russes, publié aux Éditions Transcontinental. Voici ses meilleurs conseils.

1 Protégez vos liquidités

Les liquidités constituent la pierre angulaire d'un portefeuille, l'élément qui soutient tout le reste. Il vous faut donc les protéger comme la prunelle de vos yeux.

Une bonne gestion de vos liquidités devrait vous permettre de faire coïncider l'horizon de votre actif (votre argent liquide) et celui de vos passifs (vos dépenses futures). S'il vous faut dépenser votre argent dans une année ou deux, vous devriez le garder dans un compte bancaire assuré par le gouvernement ou dans un produit offrant le même type de protection. Si vous pensez en avoir besoin d'ici un à cinq ans, il serait logique d'opter pour un certificat de dépôt.

Pour des dépenses à plus long terme, par contre, les obligations à rendement réel constitueraient la meilleure option. Ces obligations gouvernementales s'apprécient à mesure que le coût de la vie augmente, de sorte que le pouvoir d'achat qu'elles représentent ne saurait être grugé par l'inflation. Ces obligations à rendement réel sont presque synonymes de sécurité : un actif liquide assorti d'une assurance contre les dommages provoqués par l'inflation.

2 Les matières premières ne sont pas une garantie contre l'inflation

À en croire les apôtres des matières premières, (commodities en anglais), les actifs matériels comme l'or, le pétrole, le soja et même le bétail protégerait contre l'inflation.

Il n'en est rien, selon l'auteur. Compte tenu de l'inflation, les cours du pétrole n'étaient pas plus élevés à leur sommet de 2008 qu'ils ne l'avaient été... en 1864 !

L'évolution historique des cours des marchandises ressemble à une piste de ski alpin parsemée de petites bosses et de remontées. Mais celles-ci constituent l'exception, non la règle. Ne vous laissez pas berner : malgré les apparences, vous ne cessez de descendre.

M. Zweig suggère donc d'acheter soit des obligations à rendement réel, soit des actions de secteurs qui seront rentables quand votre profession sera mise à mal par l'inflation.

3 Faites confiance à une femme... ou à celle qui sommeille en vous !

Au risque de provoquer une tempête, Jason Zweig affirme le plus sérieusement du monde que les femmes sont naturellement mieux outillées que les hommes pour faire face aux soubresauts actuels.

D'un naturel plus prudent et réfléchi, les planificateurs financiers de sexe féminin se soucieraient davantage de réduire les risques associés à leurs portefeuilles, alors que leurs confrères masculins se verraient davantage à en augmenter le rendement.

Au final, les femmes montreraient des résultats plus probants que ceux des hommes, généralement trop impulsifs pour performer en ces temps incertains. Conclusion : faites davantage confiance aux femmes de votre entourage, ou encore à celle qui sommeille en vous.

4 Les marchés émergents : d'abord pour la diversification

Il est dangereux de croire à une surperformance systématique des marchés émergents. Paradoxalement, une forte croissance économique ne se traduit pas forcément par de bons rendements des actions.

En fait, plus l'économie d'un pays croît rapidement, moins les actions de ce pays sont susceptibles de constituer un bon placement, indique une étude de la London Business School.

La valeur d'un placement dépend autant de sa qualité que du prix payé. Ainsi, les taux de croissance ahurissants des marchés émergents n'ont aucune pertinence si vous payez trop cher pour participer à cette croissance.

Pour M. Zweig, le rôle premier des marchés émergents ne serait donc pas tant de garantir des rendements mirobolants que d'offrir l'occasion de diversifier son portefeuille. Une stratégie d'autant plus justifiée que les marchés américains et émergents évoluent généralement à l'opposé, ce qui vous offre une belle police d'assurance.

5 La patience ne garantit pas le succès

Oubliez les idées reçues sur les bienfaits d'investir à long terme. On a fini par faire croire aux investisseurs qu'en conservant leurs actions suffisamment longtemps, elles finiront par rapporter. C'est faux : le risque associé aux actions ne diminue pas au fil du temps.

Il est aussi faux de croire que la détention d'actions à long terme l'emporterait haut la main sur l'inflation et serait donc plus sécuritaire que les liquidités. Tout comme le fait que, depuis deux siècles, les actions ont toujours réalisé un rendement annuel de 7 %, compte tenu de l'inflation et que leur rendement n'a jamais été inférieur à celui des obligations sur une période de plusieurs années. Toutes ces croyances ne sont que des mythes à classer dans le rayon de la fiction financière, en espérant qu'on finisse par les oublier.

6 Acronyme égale danger !

Les PCAA, ou papiers commerciaux adossés à des actifs, vous disent quelque chose ? Ce qui est sûr, c'est que sa seule mention risque de gâcher la journée de plus d'un gestionnaire de caisse de retraite !

Et pour cause. Cette dernière a fait l'erreur d'investir massivement dans un de ces nombreux produits de l'ingénierie financière, si complexes et risqués que nul ne peut les désigner autrement que par leurs acronymes ou abréviations accrocheuses.

Mais ne vous laissez pas berner. Un joli nom ne désigne pas nécessairement un joli placement, prévient M. Zweig. Si on vous propose un placement en utilisant un acronyme, usez de prudence. Demandez à quoi correspond l'acronyme.

Si vous ne pouvez pas le comprendre, n'investissez pas.

7 Les obligations : pour votre sécurité psychologique

Une forte pondération en obligations assure la préservation d'une part de votre capital. Cela peut vous empêcher de céder à la panique devant un soubresaut boursier et de liquider vos actions au pire moment.

Si les pertes attribuables à votre portefeuille d'actions sont contrebalancées par les gains ou la stabilité de votre portefeuille obligataire, vous serez moins susceptible de faire une sortie désastreuse d'un marché boursier en chute libre. Pour la plupart des investisseurs, les fonds indiciels obligataires constituent l'option la plus avantageuse, en raison de leurs frais minimes. (NDLR : Le contexte a toutefois changé depuis la rédaction de ce livre. Plusieurs gestionnaires sont prudents face aux obligations, comme celui cité en page i-8.)

8 Votre solidité dépend de vos liquidités

Le portefeuille idéal devrait être à la fois solide et liquide. Mais vous ne serez jamais suffisamment solide qu'en vous assurant de demeurer liquide. Là réside l'ultime paradoxe du placement.

Est liquide un placement qu'on peut transformer en espèces dès qu'on le veut sans en perdre plus que quelques gouttes. C'est le cas de vos investissements en obligations et dans les fonds communs de placement.

À l'opposé, un placement est considéré comme solide s'il est très peu probable qu'il perde la majeure partie de sa valeur. L'immobilier résidentiel en est un exemple.

Ainsi, vous ne devriez pas ajouter des actifs non liquides à un portefeuille qui est déjà peu liquide. À l'inverse, si votre portefeuille est déjà liquide, vous devriez probablement y ajouter des éléments solides.

Quelle pondération faudrait-il donc viser ? L'important est de conserver suffisamment de liquidités pour vous permettre de tenir 12 mois sans aucune entrée d'argent, répond M. Zweig. À défaut de le pouvoir, vous risquez de voir s'évaporer l'ensemble de vos avoirs.

9 Vous êtes un de vos oeufs

Nul besoin de vous répéter l'importance de ne pas mettre tous vos oeufs dans le même panier. Par contre, et peu d'entre vous s'en rendent compte, par votre force de travail, ou votre capacité d'accumuler la majorité de vos revenus au cours de votre vie, vous êtes vous-même un de ces oeufs.

Veillez donc à ce que votre «capital humain», le premier responsable des revenus que vous gagnerez au cours de votre vie, ne s'émiette pas en même temps que votre capital financier (actions, obligations, fonds communs, liquidités, etc.).

Ainsi, malgré la confiance que vous avez en votre secteur d'activité principal, évitez à tout prix d'investir dans celui-ci, ou pour l'entreprise pour laquelle vous bossez. Ainsi, si vous êtes agent d'immeuble, cessez d'investir en immobilier ; si vous oeuvrez en recherche biomédicale, éviter les titres biopharmaceutiques ; et si vous êtes travailleur du secteur des technologies de l'information, tenez-vous-en loin. Parlez-en aux employés de Research In Motion ou de Yellow Media !

L'objectif étant qu'en cas de catastrophe, menant à la perte de votre emploi, ou à la faillite de votre entreprise, vous puissiez vous appuyer sur un capital financier qui ne connaîtra pas la même dépréciation que votre capital humain.

L'idéal est d'acquérir des actifs susceptibles d'offrir de bons rendements quand votre propre secteur est en difficulté. Par exemple, si vous travaillez pour un fabricant de matière plastique, envisagez de placer un peu d'argent dans des actions du secteur énergétique. Ainsi, si les cours du pétrole montaient au point d'affaiblir sérieusement le plastique (source de votre capital humain), votre capital financier saurait compenser par des augmentations de valeur.

10 Les placements à la fois sûrs et payants n'existent pas

Placement sécuritaire et rendements élevés ne vont pas de pair. On peut s'assurer d'un faible risque ou on peut viser des rendements élevés. Mais on ne peut jamais réunir ces deux options au sein d'un même placement. Chaque fois qu'on vous propose un placement en tentant de vous servir une telle rengaine, mettez une main sur votre portefeuille et fuyez comme si votre vie en dépendait. Rappelez-vous la réplique dans Forrest Gump : «Cours Forest, cours !» La sécurité absolue n'existe pas, rappelle M. Zweig. Encore moins celle qui vous promet en même temps des rendements mirobolants. Si vous optez quand même pour un investissement dans un fonds monétaire, privilégiez les produits imposant les plus bas frais possible.

11 Tenez-vous loin des FNB à levier

Tenez-vous loin des fonds négociés en Bourse (FNB) à levier inversé. Bien qu'attrayant, ce produit a la caractéristique de brûler les doigts des non-initiés. À court terme, on peut faire des prévisions exactes sur le rendement des FNB à levier ; mais, au-delà d'une journée ou à plus long terme, un investissement dans un tel outil équivaut à placer vos actifs dans une boîte de Pandore.

De tels fonds conviennent seulement aux négociateurs professionnels ; le particulier court au désastre en investissant dans de tels fonds, soutient Jason Zweig.

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