Quand un nombre anormalement élevé d'internautes veulent accéder simultanément à votre site Web, c'est généralement un signe de succès. Toutefois, ces pics de trafic peuvent virer au désastre pour les entreprises qui y sont mal préparées.

À l'occasion du Black Friday, le 23 novembre, pas moins de 50 employés dans les bureaux de Best Buy Canada veilleront à ce que leurs clients puissent faire leurs achats en ligne sans souci : « C'est un peu comme une répétition générale avant le Boxing Day, car il y a moins de trafic, mais les enjeux sont les mêmes », explique Thierry Hay-Sabourin, directeur du commerce électronique de Best Buy Canada.

Le défi posé par les pics de trafic n'est pas pris à la légère, puisqu'une interruption de service pourrait coûter très cher. Best Buy, qui est aussi propriétaire de Future Shop, a connu des ratés dans le passé : « C'est arrivé quelques fois dans les années antérieures qu'on ait été dépassés par notre succès, mais chaque fois, la situation a vite été rétablie, dit Thierry Hay-Sabourin. Il faut dire qu'on parle de pics qui doivent être parmi les plus gros dans le monde et qui peuvent représenter plusieurs centaines de fois notre trafic moyen ». Malgré tout, le trafic moyen de BestBuy.ca et FutureShop.ca est loin de rivaliser avec les plus grands sites du monde.

Les pics de trafic sont problématiques, parce qu'ils sont difficiles à prévoir. Afin d'éviter d'être prise par surprise, l'équipe de Thierry Hay-Sabourin fait une estimation du pic le plus important qui pourrait survenir, mais se prépare à résister à un pic de 50 % plus important. Best Buy achète ainsi chaque année des serveurs supplémentaires, effectue des simulations dans son environnement de test et même directement sur ses sites, durant la nuit.

Best Buy fait aussi affaire avec l'entreprise américaine Akamai, qui dispose d'un réseau de centre de données qui prend le relais des serveurs de ses clients en livrant aux internautes le contenu qu'on retrouve sur leur site. Akamai n'est par contre d'aucun secours dans le traitement des transactions, qui constitue le talon d'Achille de plusieurs grands sites Internet. « Même sur une autoroute à trois voies, si des milliers de voitures tentent de s'engager au même moment, il y aura un bouchon », illustre Éric Chouinard, pdg d'iWeb, un hébergeur montréalais exploitant quatre centres de données.

Afin de prévenir les « bouchons » durant les soldes, Best Buy recourt à une file d'attente virtuelle, qui permet de mieux répartir dans le temps les requêtes liées aux transactions : « On essaie de laisser aller le plus de gens possible à la caisse sans pour autant compromettre la stabilité du site », explique Thierry Hay-Sabourin.

L'américaine TicketMaster, entre autres, a également recours aux files d'attente lors de la mise en vente de billets de spectacles très convoités.

La recette unique d'Amazon

Amazon, elle, ne croit pas aux files d'attente. L'entreprise a donc bâti une infrastructure capable de supporter ses pics de trafic du temps des fêtes, qui s'intensifient lors de la dernière journée où ses clients peuvent commander avec la garantie de recevoir leurs colis avant Noël.

Amazon, qui a investi massivement dans ses centres de données, s'est retrouvée avec une infrastructure dont elle n'utilisait qu'une fraction des capacités. En 2002, l'entreprise remédiait à la situation en lançant Amazon Web Services, qui agit comme hébergeur pour ses clients. Grâce à ce modèle commercial, Amazon peut compter sur une infrastructure moins sensible aux pics. Elle n'est pas la seule à en profiter, puisque ses services d'hébergement sont aussi bien utilisés par des microentreprises que par des poids lourds comme Netflix et le New York Times.

Parmi ses clients, la start-up montréalaise Sky Motion, qui propose l'application homonyme de prévisions météo en temps réel, n'a pas eu de mal à résister à des pics de l'ordre de 50 fois son trafic normal, souvent causés par des conditions météo difficiles : « On a conçu notre application de manière à être entièrement dans le nuage d'Amazon, explique Maxime Julien, pdg de Sky Motion. Advenant un pic majeur, on peut ajouter des serveurs virtuels en deux temps, trois mouvements. »

816 Montant, en millions de dollars américains, des achats en ligne effectués aux États-Unis lors du Black Friday en 2011, en hausse de 26 % par rapport à 2010. | Source : Comscore

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