Préparer le terrain pour grandir

Publié le 13/11/2010 à 00:00

Préparer le terrain pour grandir

Publié le 13/11/2010 à 00:00

Pénétrer un nouveau marché, remanier une chaîne de production ou acheter un concurrent : les gens d'affaires ont souvent un projet à financer.Dans ce domaine, ce ne sont pas les idées qui manquent, mais plutôt l'argent. En 2009, les banques ont refusé une demande sur cinq de financement d'entreprises, selon la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI). Quelques conseils pour ne pas faire partie du nombre.

Défaisons d'abord un mythe : pour recevoir un prêt, un entrepreneur doit avoir en poche des capitaux propres (ou équité). En effet, cela est plus ou moins vrai. " Si un dirigeant veut acheter un immeuble dans le centre-ville, les banques pourrait le financer à 100 %, parce que ce genre de bien est en demande et assez facile à revendre ", dit Joffrey Bouchard, directeur général du Centre local de développement (CLD) de la MRC de l'Assomption.

À l'inverse, une firme qui prépare un projet plus risqué, comme exporter son produit dans un pays en voie de développement, devra mettre sur la table jusqu'à 40 % à 50 % de la somme totale. " Le succès de ce projet dépend de trop de facteurs incertains, dont la fiabilité du distributeur choisi ", explique M. Bouchard.

Bien comprendre ses états financiers

En matière de financement, le passé est garant de l'avenir. Pour établir votre capacité à rembourser les sommes demandées, les établissements de crédit examinent vos états financiers des trois à cinq dernières années. " Un entrepreneur doit comprendre ses états financiers, savoir à quelles réalités ils correspondent et, le cas échéant, être en mesure d'expliquer pourquoi les données varient d'une année à l'autre ou par rapport au reste de l'industrie ", dit Stéphan Morin, associé spécialisé dans le financement des entreprises au cabinet d'experts-comptables Demers Beaulne.

Bref, avant de déposer une demande de financement, un chef d'entreprise doit faire le point sur les bons et les mauvais côtés de ses activités, cibler ce qu'il veut financer et expliquer pourquoi. " Il faut éviter de céder à la pensée magique, indique Joffrey Bouchard. Si une entreprise est mal structurée, obtenir un prêt n'y changera rien une fois l'argent écoulé. "

Pour comparer ses indicateurs financiers avec ceux de l'industrie, on peut se reporter notamment aux normes établies par la Risk management association (RMA) ou Dun & Bradstreet.

Les ratios qui comptent

La rentabilité est un indicateur important à retenir. " Une entreprise qui veut emprunter, mais qui perd de l'argent, c'est inquiétant ", signale Robert Bastien, vice-président principal, moyennes entreprises, au Mouvement des caisses Desjardins. " Mais la rentabilité, c'est plus que cela : c'est la capacité à supporter une dette plus élevée tout en gardant un bon fonds de roulement, c'est-à-dire suffisamment d'argent pour acquitter ses obligations à court terme, par exemple payer ses fournisseurs et ses employés et avoir un coussin pour parer aux imprévus ", dit Martin Guestier, vice- président, fusions et acquisitions chez BDO Canada.

Ce fonds se calcule en divisant l'actif à court terme par le passif à court terme. " Un total négatif signifie que l'entreprise ne remplit pas ses obligations courantes ", souligne M. Guestier. " La solvabilité des clients importe aussi. Enfin, une marge de crédit jamais renflouée est un autre symptôme d'un fonds de roulement mal en point.

Attention : le fonds de roulement n'est pas l'équivalent de la valeur d'une entreprise. " Cette dernière inclut notamment les bâtiments et les équipements; or, ceux-ci intéressent peu les prêteurs, parce qu'ils ne sont pas facilement convertibles en liquidités ", mentionne M. Guestier.

Les créanciers étudient par ailleurs attentivement le coefficient (ou ratio) de capitalisation, c'est-à-dire le rapport entre la dette et les capitaux propres (ou équité). Les capitaux propres comprennent entre autres les réserves et les fonds acquis par l'émission d'actions. " Ce ratio indique à quel point l'entreprise peut soutenir une nouvelle dette ", note M. Guestier.

Qu'il s'agisse d'un taux de roulement trop faible ou d'un endettement élevé, aucun dirigeant n'aime présenter des données qui témoignent de ses difficultés. " Embellir " les chiffres ne sert toutefois à rien. " Les banquiers ont l'habitude d'étudier des états financiers et ils découvriront rapidement la réalité ", soutient M. Bouchard.

Un plan d'affaires solide, un atout essentiel

Un bon plan d'affaires doit présenter la situation de l'entreprise, mais aussi le projet à financer. " Si elle a connu des difficultés, le plan d'affaires doit nous l'indiquer, en expliquer les causes ainsi que les mesures mises en place pour prévenir ce genre d'incident à l'avenir ", observe Johanne Pilon, directrice régionale, Nord-Ouest du Québec, chez Investissement Québec. Par exemple, si un manufacturier a perdu un contrat important, il peut indiquer qu'il comptera désormais sur des fournisseurs plus performants ou un contrôle de la qualité plus serré.

Une fois la situation de l'entreprise bien dessinée, le plan d'affaires présente le projet à financer. L'astuce : rester concret pour en montrer la solidité. " Prenons l'exemple d'un chef d'entreprise qui soutient que sa technologie se vendra, parce que c'est la meilleure sur le marché ", dit Geneviève Bouthillier, chef adjointe de l'investissement chez Fondaction. " Il vaudrait mieux qu'il ait en main une étude de marché ou des noms d'entreprises ayant témoigné leur intérêt. "

Pour être crédible, il faut penser à tous les éléments sur lesquels le projet risque de jouer. " Augmenter sa production aura un impact sur les ressources humaines, l'administration et le fonds de roulement ", illustre Serge Desgagné, directeur général de la Société d'aide au développement des collectivités Lac-Saint-Jean Ouest.

Un chef d'entreprise qui aura " oublié " ce détail ne donnera guère l'image d'un bon gestionnaire. Enfin, on doit garder à l'esprit que le banquier ne connaît pas nécessairement le secteur d'activité de l'entreprise ni ses enjeux spécifiques. " Exposez-lui le contexte et les tendances de votre industrie afin qu'il comprenne le cadre dans lequel s'inscrit votre projet ", suggère M. Morin.

Une équipe du tonnerre

La qualité du management est un facteur essentiel pour les créanciers, qui veulent s'assurer notamment que la haute direction a des compétences complémentaires et un bon style de gestion. " Des dirigeants qui ont connu et surmonté des difficultés ont une longueur d'avance ici, parce que c'est une preuve de leur habileté à gérer des crises ", dit Mme Bouthillier. Avoir une formation dans un domaine lié à l'administration augmente également les chances d'être financé. " Grâce à ces connaissances, les dirigeants risquent moins de faire des erreurs ", estime Édouard Bonaldo, directeur général du Centre d'aide aux entreprises Haute Montérégie. Fondaction vérifie aussi que les membres de la direction ont tous les mêmes objectifs d'affaires. " Nous les interrogeons séparément, ajoute Mme Bouthillier, pour nous assurer, entre autres, qu'ils ont la même vision et s'entendent sur la place qu'occupera la société dans cinq ans. "

20 %

Pourcentage des PME qui font une demande d'emprunt.

85 %

Pourcentage des demandes de crédit dirigées vers les banques à charte et les coopératives d'épargne.

90 %

Proportion des demandes faites à l'ensemble des établissements de crédit qui sont acceptées.

80 %

Proportion des demandes faites aux banques à charte qui sont acceptées

Sources : Industrie Canada et la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante

dossiers@transcontinental.ca

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