Moins nombreux mais plus gros

Publié le 28/04/2012 à 00:00

Moins nombreux mais plus gros

Publié le 28/04/2012 à 00:00

Le marché québécois des services comptables est en pleine mutation. Les grands cabinets sont résolument en mode acquisition afin d'accroître leur part de marché. Des bureaux de petite taille ont déjà commencé à disparaître. D'autres regroupements suivront.

Des huit grands cabinets comptables actifs au Québec au tournant des années 1990, il n'en reste plus que quatre, dont Raymond Chabot Grant Thornton, qui prend la première position au top 25 des firmes comptables au Québec avec 2 256 employés dans la province.

À cette époque, les big eight avaient fusionné entre eux, à l'exception du cabinet Arthur Andersen qui a sombré dans la foulée du scandale financier d'Enron en 2002.

Aujourd'hui, une autre vague de consolidation s'apprête à déferler sur le milieu québécois de la comptabilité. Cette fois-ci, les grands acteurs lorgnent du côté des plus petits bureaux d'experts-comptables. Ils souhaitent mettre la main sur des cabinets à haute valeur ajoutée afin de bonifier leur offre de service actuelle.

Les grands cabinets cherchent ainsi à accélérer leur croissance par voie de fusions- acquisitions, tout en poursuivant leur lente croissance organique.

À la recherche de niches prometteuses

Signe des temps, BDO Canada a conclu, le 1er janvier dernier, l'acquisition de la société Ammar Cousineau Telio Hadid de Montréal, l'un des 25 plus importants cabinets d'experts-comptables du Québec.

La direction de BDO Canada s'en félicite. Ammar Cousineau comptait une équipe de 20 professionnels chevronnés. «Nous sommes continuellement en mode acquisition. Et d'autres transactions sont dans le pipeline», lance d'emblée Richard Payette, associé, stratégie et développement du bureau de Montréal chez BDO. «Nous recherchons des cabinets qui ont développé des niches prometteuses ou qui sont des leaders régionaux», dit-il.

En intégrant Ammar Cousineau, BDO Canada espère accentuer sa percée dans la région métropolitaine. Le cabinet se classe au huitième rang et compte dorénavant 188 employés, dont 20 associés dans la province.

Même son de cloche de la part de Jean Robillard, président et chef de la direction de Raymond Chabot Grant Thornton. «Nous sommes constamment à l'affût de nouvelles occasions. Au cours de la dernière année, nous avons été très actifs sur le plan des acquisitions, et nous comptons le rester», dit-il.

En 2011, Raymond Chabot a fait pas moins de trois transactions d'importance, y compris l'acquisition du cabinet Pratte Bélanger, qui comprenait une équipe de 50 personnes, dont cinq associés. La prudence s'impose.

Plusieurs autres grands cabinets, tels que PricewaterhouseCoopers et Ernst & Young, disent garder l'oeil ouvert pour de possibles fusions dans un avenir rapproché. «C'est sûr qu'on regarde. Nous voulons croître de manière organique, mais aussi par acquisitions», explique Guy Leblanc, associé directeur au bureau de Montréal de PricewaterhouseCoopers.

«Nous sommes en mode acquisition, mais nous ne voulons rien précipiter. Nous cherchons des cabinets ayant une culture d'entreprise qui correspond à la nôtre pour que l'intégration se fasse en douceur», dit M. Leblanc.

Place à la complémentarité

Les grands bureaux souhaitent aussi acquérir des cabinets qui offrent des services complémentaires à ceux de la comptabilité, tels la fiscalité, le management stratégique et la gestion des risques.

«L'heure est à la diversification des services. Les clients s'attendent à tout trouver sous un même toit. Il faut leur offrir bien plus que des services comptables», affirme Guy Leblanc.

Dans leur quête pour de petits cabinets d'experts-comptables, la qualité de la clientèle n'est plus le seul critère d'achat déterminant, affirment les dirigeants des grands bureaux. «Cette époque-là est révolue», opine Richard Payette de BDO Canada. La pénurie de comptables sur le marché a, en grande partie, changé la donne, dit-il. «Nous ne souhaitons plus acheter un portefeuille de clients, comme il y a 5 ou 10 ans. Aujourd'hui, nous recherchons des gens de talent. La qualité des professionnels d'un bureau compte autant sinon plus que sa clientèle», dit M. Payette.

Facteurs de risque

D'ailleurs, le manque de comptables est un facteur qui risque de précipiter la consolidation en cours, puisqu'il accentue les problèmes de relève au sein des petits bureaux. Un second facteur serait le durcissement de la réglementation financière depuis les scandales d'Enron et de Worldcom au début des années 2000.

Déjà, le passage aux Normes internationales d'information financière (IFRS), depuis janvier 2011, pose des défis à certains petits cabinets québécois, constate Sylvain Vincent, associé directeur pour l'Est du Canada chez Ernst & Young.

Pourquoi ? «Parce que ces nouvelles normes sont beaucoup plus complexes et requièrent une plus grande spécialisation de la part des comptables, ce qui génère des frais de formation», explique-t-il.

De plus, l'adoption de ces normes nécessite d'importants investissements pour mettre à jour le système informatique d'un cabinet. «Tout cela représente des coûts importants pour les plus petites firmes. Et comme elles manquent déjà de personnel, elles décident de vendre», avance M. Vincent.

Le fait que les petits cabinets soient incapables d'offrir des services complémentaires à leurs clients serait un troisième facteur qui milite en faveur de cette consolidation, dit-il.

«Nous ne souhaitons plus acheter un portefeuille de clients, comme il y a 5 ou 10 ans. Aujourd'hui, nous recherchons des gens de talent. La qualité des professionnels d'un bureau compte autant sinon plus que sa clientèle.» - Richard Payette, de BDO Canada

35 000 Nombre de comptables au Québec.

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