Les prix de plusieurs métaux de base ont bondi de plus de 20 % en mars, mais cette remontée est fragile car les experts prévoient que la demande restera faible pendant encore plusieurs mois.
Les trois métaux qui retiennent l'attention sont le cuivre, le zinc et le plomb, très prisés par la Chine.
" Le rebond des prix est surtout attribuable à des facteurs psychologiques et financiers. Après plusieurs mois de déprime, les investisseurs ont retrouvé un certain optimisme au cours des dernières semaines, ce qui favorise les catégories d'actif risquées ", explique François Dupuis, économiste en chef de Desjardins.
Un optimisme excessif
La décision de plusieurs banques centrales de stimuler l'économie en créant une offre excédentaire de monnaie pousse les investisseurs à délaisser les devises, ce qui profite aux matières premières, affirme-t-il.
" Toutefois, puisque les perspectives économiques continuent de se détériorer, l'optimisme des investisseurs paraît exagéré. La demande de matières premières devrait rester faible pendant encore plusieurs trimestres, ce qui exercera tôt ou tard de nouvelles pressions à la baisse sur les prix ", dit-il.
L'apport de la Chine
Les analystes attribuent en bonne partie la remontée des métaux de base aux importations massives en provenance de la Chine, notamment pour le cuivre, le zinc et le pétrole brut.
L'analyste Na Liu, de Scotia Capitaux, soutient que la Chine a profité de la récente baisse des prix des métaux de base et du pétrole pour gonfler ses réserves. En février, la Chine a d'ailleurs importé la quantité record de 329 311 tonnes de cuivre, une hausse de 42 % par rapport à janvier.
Le prix du cuivre a atteint un sommet annuel de 3,95 $ US la livre en juillet dernier avant de s'effondrer de 68 % avec la crise financière, pour toucher un creux de 1,27 $ US la livre le 26 décembre, selon le site Barchart.com.
M. Liu précise que la dégringolade du prix du cuivre a rendu déficitaire la production chinoise, de sorte que la solution la moins coûteuse pour le gouvernement du pays était de se tourner vers l'importation pour regarnir ses réserves stratégiques.
La Chine se prépare aussi pour la saison printanière en espérant que son plan de relance de l'économie stimulera l'industrie de la construction.
Na Liu croit toutefois que si les prix de divers métaux continuent de grimper, la production chinoise se remettra en branle, ce qui réduira les importations du pays.
De plus, toute remontée des prix stimulera également le recyclage de la ferraille, actuellement au point mort. Dans le cas du cuivre, les experts estiment que la ferraille compte pour 15 % de l'offre mondiale.
Correction du prix du cuivre à venir
Le 14 avril, le prix du cuivre a touché un sommet de six mois à New York, à 2,23 $ US la livre, soit 4 673 $ US la tonne. Mais cette remontée est un leurre et, une correction surviendra probablement au cours des prochaines semaines, juge l'analyste Bart Melek, de BMO Marchés des capitaux.
Il attribue la récente remontée à la baisse des stocks et aux signes d'une reprise économique chinoise. Ce n'est qu'en fin d'année que le prix du cuivre rebondira de façon durable, dit-il. " D'ici là, la demande mondiale restera faible pendant plusieurs mois. "
Cannacord Adams partage cet avis et croit que le prix du cuivre s'établira en moyenne à 1,60 $ US en 2009, une hausse de 7 % par rapport à sa prévision précédente.
denis.lalonde@transcontinental.ca
