La conciliation travail-famille-philanthropie, Dominique Anglade l'a réussie à la perfection. Et des centaines de familles haïtiennes en profitent.

Le 12 janvier 2010 est un jour noir pour Haïti. Un tremblement de terre tue en quelques secondes plus de 300 000 personnes. Ce jour-là, Dominique Anglade perd quatre membres de sa famille : son père, sa mère, son oncle et un cousin de son âge. C'est la consternation. "J'ai pris six semaines de vacances pour m'en remettre", dit-elle.

Pendant cette pause, l'ex-consultante en management chez McKinsey & Company ressent plus que jamais la nécessité d'aider Haïti, le pays natal de ses parents, mais aussi le pays le plus pauvre des Amériques. Six mois jour pour jour après la tragédie, Dominique Anglade s'associe avec son amie d'enfance Régine Chassagne, coleader d'Arcade Fire, pour lancer officiellement la Fondation Kanpe lors d'un concert du groupe sur les Plaines d'Abraham, à Québec.

Pour Dominique Anglade, pas question de créer une ONG similaire aux milliers d'autres déjà actives dans la Perle des Antilles. Forte de l'expérience acquise chez Procter & Gamble, elle propose une nouvelle façon de faire de la coopération internationale. "Notre mandat, ce n'est pas d'oeuvrer dans un domaine précis, comme la santé, mais de coordonner le travail de plusieurs ONG sur le terrain dans le but de maximiser les résultats", explique-t-elle.

Depuis novembre 2010, Kanpe (qui signifie "se tenir debout" en créole) fournit de l'aide à 300 familles parmi les plus démunies de Baille Tourible, une communauté qui vit dans la misère. L'objectif du duo Anglade-Chassagne : permettre à ces familles d'accéder à l'autonomie financière en 18 mois. Tout un défi !

Cependant, Kanpe n'est pas la première aventure philanthropique de Dominique Anglade. Pour cette ingénieure de formation, qui a 37 ans et parle cinq langues, l'engagement social est plutôt un mode de vie. Depuis une quinzaine d'années, elle a fait partie du conseil d'administration ou de la direction de plus d'une douzaine d'organisations, dont Centraide. Son apport à la société lui a valu plus de 25 distinctions, notamment un prix Hommage du ministère des Relations avec les citoyens et de l'Immigration du Québec.

"Sans cet engagement social, je ne serais pas la personne heureuse que je suis. J'aime avoir le sentiment de contribuer à l'avancement de la société. Ces expériences font de moi une personne plus complète, j'en suis convaincue", dit ce bourreau de travail.