L'investissement solidaire maintient le cap

Publié le 29/10/2011 à 00:00

L'investissement solidaire maintient le cap

Publié le 29/10/2011 à 00:00

Malgré la crise, les investisseurs n'ont pas tourné le dos à l'investissement socialement responsable (ISR) au Canada.

«Les placements boursiers ISR ne se sont pas remis complètement du choc de 2008, dont on sent encore les répercussions aujourd'hui», déclare Eugene Ellmen, directeur général de l'Association pour l'investissement responsable.

À 530 milliards de dollars en 2010, les actifs totaux restent en baisse de 9 % par rapport à 2008, selon la «Revue 2010 de l'investissement socialement responsable au Canada».

«Dans ce contexte difficile, l'investissement socialement responsable affiche néanmoins une solide performance, étant donné les parts de marché pratiquement inchangées», continue le responsable. Son poids était de 19,1 % en 2010, en baisse de 0,9 % par rapport à 2008.

Le recul des actifs depuis 2008 a surtout touché les fonds communs de placement et les caisses de retraite. Les autres segments de l'ISR, comme le capital de risque, l'investissement à impact élevé (p. ex. Fondaction), les gestionnaires privés appliquant des filtres sociaux et environnementaux, les fonds de capital de risque et les fiducies de revenu, ont vu leurs actifs augmenter.

En 2010, on remarquait que les investisseurs qui souhaitaient que leur épargne rapporte tout en leur donnant bonne conscience se sont mis à chercher des solutions de rechange aux démarches de placement qui ont mené à l'effondrement de 2008. Cette tendance a propulsé les investissements à impact élevé, notamment les fonds de prêts communautaires et le capital de risque social.

Au Québec, finance solidaire et microcrédit

Au Québec, où ce segment est plus populaire, les actifs dans les investissements à impact élevé sont estimés à près de 1,9 milliard en 2010. «C'est clair que les investisseurs sont attirés par le fait que ces placements vont plus loin dans le développement durable», dit Colette Harvey, conseillère en finance socialement responsable à la Caisse d'économie solidaire Desjardins.

Les trois principales catégories d'investissements à impact élevé au Québec sont la finance solidaire - des investissements directs dans les coopératives, le logement social, les organismes à but non lucratif, etc. -, le microcrédit aux entrepreneurs et le capital de développement (p. ex., Capital régional et coopératif Desjardins), dont les investissements visent principalement les entreprises privées.

«La finance solidaire et le microcrédit procurent à l'investisseur des rendements similaires aux CPG», explique Mme Harvey. Quant au capital de développement, la performance dépend de l'appréciation de l'investissement.

On note que ces deux catégories se chevauchent parfois. Certains fonds importants, comme Fondaction, ciblent à la fois les entreprises privées et collectives, ce qui reflète la reconnaissance accrue des rendements financiers positifs générés par des entreprises socioéconomiques. Ces fonds pourraient être considérés comme hybrides.

Dans cette panoplie de placements, les investisseurs particuliers et les investisseurs institutionnels (p. ex., caisses de retraite, compagnies d'assurance, banques, mutuelles, entreprises) tentent de trouver leurs valeurs militantes préférées.

La Revue 2010 souligne que de plus en plus d'investisseurs institutionnels continuent d'exiger des investissements socialement responsables de la part des gestionnaires de fonds. Et le secteur des caisses de retraite traite de manière de plus en plus pointue les enjeux environnementaux, sociaux et de gouvernance d'entreprise.

Par ailleurs, un nombre grandissant d'investisseurs particuliers fortunés ont recours aux gestionnaires de fonds pour mettre en oeuvre des mandats d'ISR en leur nom. Ces derniers représentent, en 2010, 44 % des actifs sous gestion dans ce segment.

«Les mentalités changent, explique Dominic Plante, chef des produits chez IA Clarington. Le public est sensibilisé à l'investissement socialement responsable. Dès leur jeune âge, les enfants en entendent parler.»

Formation des conseillers

Mais cette acclimatation n'est pas assez rapide pour permettre aux placements ISR d'accroître leurs parts de marché, et ce, même si la crise de la dette pousse bien des investisseurs à s'interroger.

Eugene Ellmen croit que cette hésitation dépend principalement du fait que les conseillers financiers maîtrisent encore mal ces produits.

Pour contrer le problème, l'Association pour l'investissement responsable a entrepris de mettre au point une formation destinée aux conseillers canadiens. Celle-ci sera offerte sur le site Internet de l'organisme à la fin de 2012 ou de 2013.

Colette Harvey pour sa part croit que l'investissement socialement responsable a également grand besoin d'une plus grande transparence. «Il faut prendre le temps d'expliquer la méthodologie, de déterminer les personnes concernées, etc., dit-elle. Il faut informer le public de façon à ce qu'il puisse comprendre et comparer.»

TIRER PROFIT DE L'ÉNERGIE RENOUVELABLE

L'intérêt des investisseurs pour l'énergie renouvelable est une autre tendance lourde. Les fiducies de revenu proposant des options aux sources d'énergie traditionnelles ont en outre connu une forte expansion en 2010.

Les investisseurs cherchent à tirer profit des hausses du prix du pétrole et des initiatives gouvernementales pour favoriser des solutions de rechange à la production classique d'énergie.

Eugene Ellmen croit que cet engouement est là pour longtemps. «Le prix élevé du pétrole nous force à trouver d'autres solutions, comme l'électricité, le solaire, etc., dit-il. Les investisseurs veulent aussi diminuer les émissions de CO2, principalement issues du pétrole et du charbon.»

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