La pénurie de logements est grave à Sept-Îles. Hydro-Québec et les grandes sociétés minières et métallurgiques ont annoncé pour 40 milliards de dollars de projets dans la région. Les travailleurs affluent dans la capitale du fer, mais ont du mal à trouver un toit.

Pour faire face à la demande, les projets de condos se multiplient. Même le Fonds immobilier de solidarité FTQ est de la partie. Le fonds de travailleurs s'allie à un constructeur local, Jean-Guy Monger, pour construire un immeuble en copropriété, rue Arnaud, directement au bord de la grande baie de Sept-Îles.

L'immeuble de 42 unités sera un des plus grands à Sept-Îles, et de loin le plus gros projet de copropriétés de la ville. «Le Fonds FTQ fournit environ 2,5 millions de dollars et détient la moitié du projet avec moi, explique Jean-Guy Monger, président de Construction JGM. Ça fait quelques mois que nous nous sommes entendus ; j'attends la signature de la convention finale d'un jour à l'autre.»

Au Fonds immobilier FTQ, le pdg Normand Bélanger confirme qu'il investira dans un projet de copropriétés dans la ville, mais qu'il est trop tôt pour donner plus de détails.

Les plus grandes unités, des quatre pièces et demie, feront 1 400 pieds carrés. Les plus chères, au septième et dernier étage, seront mises en vente à 330 000 $. Des commerces occuperont le rez-de-chaussée. Ils contribueront à revitaliser le secteur du «bas de la ville», qui borde la mer.

D'autres immeubles en copropriété poussent en ville, plus au nord. Rue Cummings, un autre promoteur, Martin Noël, termine deux immeubles de six condos de luxe et deux immeubles d'appartements à louer.

À son échelle, Sept-Îles connaît donc un boom du secteur locatif et de celui du condo. Mais ce ne sera pas suffisant pour pallier la pénurie actuelle de logements dans la ville. «Si le développement économique continue, on est loin du compte, indique Denis Tétreault, directeur de l'urbanisme de la municipalité. Au début de l'année, on avait un taux d'inoccupation de 0,03 % !»

Ça bouge également dans l'hôtellerie

Juste à côté de son nouvel immeuble en copropriété, le même constructeur érige aussi un hôtel de quatre étages et 80 chambres, qui sera terminé «mi-avril, début mai», dit son propriétaire, Yany Bélanger, qui possède également l'hôtel Mingan, boulevard Laure. «Il y a déjà deux étages de faits.»

L'établissement aura des murs de pierres et de briques brunes et un toit de cuivre vert, «comme le Château Frontenac», dit le promoteur.

L'investissement total est de 12 M $. L'homme d'affaires a décidé d'aller de l'avant en dépit de contraintes uniques, propres à la ville minière. «Les débuts de semaine sont très bons : les travailleurs arrivent et le taux d'occupation des chambres est presque de 100 %, dit-il. Mais les week-ends, ça descend à 20, 25 %...»

Marché des personnes âgées

Ailleurs au Québec, des constructeurs entament de nombreux projets de résidences pour personnes âgées. L'offre d'unités adaptées aux aînés autonomes permettra de libérer des appartements normaux pour les travailleurs.

À Rouyn-Noranda, le Réseau Sélection construira bientôt l'immeuble le plus élevé de la ville : une résidence de 180 appartements et 10 étages. «On est sur le point d'acheter le terrain, en plein coeur du centre-ville», dit François Lacoste, directeur du développement de l'entreprise de Laval.

L'entreprise vient d'achever une autre résidence de 200 appartements à Val-d'Or. Les deux projets ont coûté 25 M$ chacun. Le Réseau Sélection continue la prospection d'emplacements pour d'autres projets. «On regarde l'ensemble de l'Abitibi», dit François Lacoste.

Sur la Côte-Nord, à Port-Cartier, près de Sept-Îles, les Résidences des bâtisseurs planchent elles aussi sur un projet pour personnes âgées autonomes. Le projet doit être amorcé d'un jour à l'autre. L'immeuble devrait être terminé en octobre 2013.

«Plus de 50 personnes ont déjà réservé un appartement», dit Pierre Michaud, président des Résidences des bâtisseurs.

Certains détails restent toutefois à régler. Le promoteur doit notamment trouver un moyen de diminuer les coûts de construction, prohibitifs sur la Côte-Nord, explique l'homme d'affaires. «Il y a aussi toute la question du financement, dont l'accès est extrêmement difficile dans le marché des résidences pour personnes âgées.»

hugo.joncas@tc.tc