«Je suis conscient que les entrepreneurs de mon âge suscitent la curiosité» - Brian Wong, 20 ans, fondateur de Kiip, qui entend révolutionner la publicité sur Internet

Publié le 24/03/2012 à 00:00

«Je suis conscient que les entrepreneurs de mon âge suscitent la curiosité» - Brian Wong, 20 ans, fondateur de Kiip, qui entend révolutionner la publicité sur Internet

Publié le 24/03/2012 à 00:00

Par Diane Bérard

À 20 ans, le Canadien Brian Wong est une célébrité. Il a figuré dans la liste canadienne «top 20 under 20», le «top 25 under 25» de Business Insider, le «top 30 under 30» de Forbes ainsi que le «Creativity 50» d'AdAge. Selon le Wall Street Journal, il serait le plus jeune entrepreneur à avoir décroché du capital de risque.

Diane Bérard - Vous êtes le représentant le plus célèbre du groupe des «adolescents entrepreneurs» du secteur Internet. En quoi votre groupe influence- t-il la façon de faire des affaires ?

Brian Wong - Les affaires ressemblent au poker. Jusqu'à présent, tous les joueurs à la table étaient expérimentés. Chacun pouvait prévoir les coups de ses adversaires, leur stratégie, et réagir. Voilà que nous nous présentons. Nous n'avons aucune expérience et nous ignorons les règles. De toute façon, ces règles ne sont pas faites pour nous. Nous les trouvons étranges. Elles ne conviennent pas à notre réalité. Par exemple, bâtir une chaîne d'approvisionnement et de distribution exige des années. Dans le secteur Internet, cela prend quelques heures. Nous jouons donc selon nos propres règles. Notre jeu est imprévisible, ce qui oblige les autres joueurs à revoir leur stratégie.

d.b. - Donnez-nous un exemple de la façon dont votre entreprise perturbe le monde des affaires ?

b.w. - Kiip perturbe le secteur de la publicité. Tout le monde déteste la pub. Moi, je vais la faire aimer ! Jusqu'à présent, on a tenu pour acquis que la pub doit déranger. Ce qui explique la raison pour laquelle celle que l'on retrouve sur Internet est si pauvre. On n'a rien trouvé de mieux que les affreuses bannières qui surgissent n'importe quand pendant la navigation. Or, la pub sert à connecter une marque et un client, pas à déranger. Kiip permet aux annonceurs de vous offrir des cadeaux lorsque vous avez réussi un jeu en ligne. Par exemple, Starbucks vous récompense d'un coupon pour un latté gratuit quand vous franchissez un niveau.

d.b. - Vous avez à peine deux ans d'expérience comme entrepreneur. Quel type de patron êtes-vous ?

b.w. - Je ne me vois pas comme un patron et je n'agis pas comme un patron. Je me considère comme un facilitateur. Mon rôle consiste à aider mes employés à accomplir leur travail. Je ne dis jamais aux membres de mon personnel quoi faire, je me contente de leur demander en quoi je peux les aider, de quels outils ils ont besoin. Pour ce qui est de mon âge, tout le monde n'apprend pas au même rythme. Pour ma part, j'intègre les nouvelles connaissances super rapidement.

D.b. - Qu'est-ce qui vous a fait croire qu'à 18 ans, vous aviez ce qu'il fallait pour devenir entrepreneur ?

b.w. - Je n'ai jamais pensé que j'avais l'étoffe d'un entrepreneur, mais ça fonctionne ! Tout s'est produit avec une rapidité et une intensité que je n'aurais jamais prévue. Qui sait ce qui serait arrivé si je n'avais pas été licencié après cinq mois chez Digg [le site de partage d'information] ? Me retrouver chômeur m'a tellement déprimé que je me suis juré de ne plus jamais être à la merci d'un employeur.

d.b. - En quoi êtes-vous différent d'un entrepreneur plus âgé ?

b.w. - J'ai beaucoup plus d'énergie !

d.b. - Cela vous ennuie-t-il qu'on vous parle de votre âge ?

b.w. - Je suis conscient que les entrepreneurs de mon âge suscitent la curiosité. Que nous sommes de bons sujets pour la presse. Cette attention m'est utile, je m'en sers. Mais mon succès ne se limite pas à un phénomène médiatique. Je suis un vrai entrepreneur. J'ai une vision, des projets. J'ai décroché plusieurs millions de dollars en financement privé. Il faut que j'oublie toute l'attention dont je suis l'objet.

d.b. - Le phénomène Internet, surtout Internet mobile, permet à beaucoup de gens de votre génération de devenir entrepreneur très jeune. Qu'avez-vous que les générations précédentes n'avaient pas ?

b.w. - Les principales barrières à l'entrepreneuriat se trouvent dans nos têtes. Je crois que nous sommes la première génération à admettre en bloc que l'on peut étudier dans une discipline et ne pas y travailler. Ce n'est pas parce que vous avez étudié en droit qu'il faut devenir avocat ou travailler en pub parce que vous avez un diplôme en marketing. Vous pouvez avoir envie de changer le monde, tout simplement. Et devenir entrepreneur.

d.b. - Comment expliquez-vous votre succès ?

b.w. - D'abord, je possède des connaissances en gestion, grâce à mon baccalauréat. Ensuite, j'ai des compétences techniques aussi bien que graphiques. Ce qui me permet de soigner à la fois le côté esthétique et pratique de nos produits. Et puis, mon enthousiasme est contagieux ! Pouvoir partager votre vision avec votre équipe et vos partenaires, c'est bien. Arriver à partager votre enthousiasme aussi, c'est encore mieux.

d.b. - Vous avez travaillé pour Digg. Quel type d'employé étiez-vous ?

b.w. - Disons que mes patrons m'ont tous dit que je n'étais pas taillé pour être employé...

d.b. - Qu'y avez-vous appris ?

b.w. - Pour travailler chez Digg, j'ai quitté Vancouver pour m'établir à Silicon Valley. J'étais responsable du développement des affaires. Un titre fourre-tout qui vous donne le droit d'être curieux et vous permet de rencontrer des tas de gens. Digg m'a permis de développer mon réseau de contacts californiens. Disons que ça a facilité la recherche de financement pour Kiip.

d.b. - Vous avez changé plusieurs fois d'école et sauté quatre niveaux. Cette facilité à vous adapter vous sert-elle comme entrepreneur ?

b.w. - Ma capacité d'adaptation est acquise, pas innée. La vie m'a forcé à m'adapter. J'ai changé d'école et sauté quatre niveaux pour profiter des divers programmes de douance. Ce qui m'a permis de m'adapter à chacun de ces changements, c'est ma nature positive. Quant à ce que j'ai tiré de mon parcours atypique, c'est une grande capacité à composer avec l'inconnu et l'incertitude. C'est probablement ma plus grande force comme entrepreneur.

d.b. - Vous avez fait un baccalauréat en administration. Ne pouviez-vous pas vous contenter d'être un entrepreneur décrocheur ?

b.w. - Non. L'université m'a été utile. Une formation en administration, ça ne peut pas nuire. Et puis, l'université vous permet de tester vos limites. Elle vous apprend à composer avec la pression (avoir de bonnes notes, respecter les dates de remise...) Il y a un autre volet : j'étais v.p. marketing de la Commerce Undergraduate Society [l'une des plus importantes associations étudiantes d'une école de gestion canadienne, avec un budget de 1,2 M$]. C'est à l'université que j'ai appris à gérer.

d.b. - Quels sont vos plans pour la prochaine année ?

b.w. - Je vais continuer à perturber la partie de poker ! Ma génération a été choyée, nos parents nous ont beaucoup donné. Nous n'avons pas le droit d'être paresseux. Nous devons changer le monde, continuer de le faire évoluer.

diane.berard@tc.tc

À la une

Le Québec pâtira-t-il de la guerre commerciale verte avec la Chine?

17/05/2024 | François Normand

ANALYSE. Les producteurs d’acier craignent que la Chine inonde le marché canadien, étant bloquée aux États-Unis.

Bourse: Wall Street finit en ordre dispersé, le Dow Jones clôture au-dessus des 40 000 points

Mis à jour le 17/05/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de New York a terminé en ordre dispersé.

À surveiller: AtkinsRéalis, Boralex et Lightspeed

17/05/2024 | Charles Poulin

Que faire avec les titres AtkinsRéalis, Boralex et Lightspeed? Voici des recommandations d’analystes.