La Société canadienne et d'hypothèques et de logement (SCHL) n'a aucune statistique sur la superficie moyenne des habitations bâties d'année en année. Mais pour les constructeurs, la tendance aux logements plus petits est évidente, que ce soit dans les condos ou dans les maisons unifamiliales.
"C'est clair que la taille des habitations que nous construisons diminue, dit Robert Poirier, directeur des ventes de Goyette, Duchesne et Lemieux, un constructeur de Lanaudière. Aujourd'hui, le marché demande des maisons entre 1 200 et 2 000 pieds carrés. Il y a trois ans, on construisait des maisons entre 2 000 et 3 000 pieds carrés."
L'entreprise avait prévu construire surtout de grandes maisons haut de gamme dans son nouveau développement de la Seigneurie du Chêne, à Mascouche. "On a vu que la demande déclinait, alors maintenant, on construit de petites maisons et des triplex, dit M. Poirier. Ça permet aux jeunes couples d'avoir 1 200 pieds carrés pour des mensualités de moins de 1 000 $.
Pendant ce temps, "les vendeurs de maisons de 500 000 $ et plus dans la banlieue de Montréal risquent de voir le marché basculer en faveur des acheteurs, en 2009, selon l'agence immobilière. Les gens sont toujours intéressés par les grosses maisons, mais ils veulent avant tout contrôler le coût de leurs mensualités."
Hausse des prix au pied carré
De leur côté, les constructeurs n'ont d'autre choix que d'augmenter leurs prix au pied carré, puisque leurs coûts grimpent en flèche. "Depuis 2000, le prix des services [aqueduc et égout] est passé de 15 000 à 30 000 $ pour un terrain à Mascouche. À Laval, c'est 50 000 $ !" dit M. Poirier. Bien entendu, les acheteurs héritent de la facture.
Résultat : à Brossard, à Laval, et partout dans la proche couronne de Montréal, les projets de petites maisons en rangée se multiplient.
Dans les quartiers plus centraux, cette tendance se traduit par la popularité croissante de la copropriété. Selon la SCHL, 64 % des habitations construites à Montréal, en 2008, étaient des condos, un sommet historique.
Et selon toutes les sources consultées dans l'industrie, les unités construites sont de plus en plus petites. Même à l'Île-des-Soeurs, reconnue pour ses grands condos luxueux, les petits logements commencent à bourgeonner.
Clientèle mal desservie
La Corporation Proment, par exemple, a eu beaucoup de succès avec ses unités de 900 pieds carrés dans la première tour Vistal. Dans la seconde, l'entreprise a l'intention d'augmenter substantiellement le nombre de condos de cette taille. Quant au prochain projet de Proment, la Pointe Nord, il tranchera complètement avec le type de développements qu'a connu l'Île-des-Soeurs jusqu'ici, avec un grand nombre d'unités à une ou deux chambres à coucher.
"Il y a une clientèle mal desservie dans la copropriété : les gens divorcés, qui voudraient aller à l'Île-des-Soeurs, mais ne peuvent pas, dit Pascal Harvey, urbaniste pour la firme de consultants en immobilier Altus. Il n'y a pas de produit qui correspond à leurs besoins."
Dans ce quartier bourgeois, pour l'instant, les condos, conçus pour des couples ou des clients très riches, sont encore trop grands pour répondre à cette demande.
