Le Canada en a assez de l'entêtement de la Corée du Sud, qui bloque les exportations de boeuf canadien depuis 2003.
Le gouvernement Harper porte maintenant le litige devant l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dans l'espoir de rouvrir cet important marché aux producteurs bovins canadiens.
" Le Canada a établi de solides relations commerciales avec la Corée du Sud, souligne dans un communiqué le ministre du Commerce international, Stockwell Day. Il est donc malheureux que nous n'ayons pas été en mesure de résoudre ce différend [par des négociations bilatérales] . "
Ottawa demande à l'OMC d'entreprendre des consultations - une procédure de médiation - pour convaincre la Corée du Sud que nos produits ne sont pas dangereux. Selon Séoul, le boeuf canadien serait toujours à risque en raison de l'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB), la maladie de la vache folle.
Ultimes pourparlers avant l'arbitrage
Ces consultations sont une première étape dans le processus de règlement des différends de l'OMC.
Les deux parties ont un mois pour s'entendre. En cas d'échec, le tribunal d'arbitrage de l'OMC tranchera le litige conformément aux règles internationales.
Ottawa a déjà utilisé cette procédure avec succès contre Taïwan, qui avait ensuite rouvert son marché aux exportations de boeuf canadien.
Pour les producteurs canadiens, il était temps qu'Ottawa monte le ton contre la Corée du Sud et porte la question devant l'OMC. " L'interdiction d'importer notre boeuf depuis six ans est tout à fait inacceptable ! " dit Ted Haney, président de la Canada Beef Export Federation.
Non au boeuf canadien, oui au boeuf américain
Selon lui, la décision de la Corée du Sud est d'autant plus révoltante que le pays a rouvert son marché aux exportations de boeuf américain en juin 2008.
En 2003, les produits bovins des États-Unis avaient aussi été interdits après la découverte de cas de vache folle en Amérique du Nord.
Pourtant, le Canada et les États-Unis ont le même statut au regard de l'ESB. En mai 2007, l'Organisation mondiale de la santé animale a officiellement classé le Canada comme pays à " risque maîtrisé " pour la maladie de la vache folle. L'organisme a maintenu ce statut en mai 2008.
Cette analyse repose sur une évaluation exhaustive par un groupe d'experts des mesures de contrôle de l'ESB mises en place au Canada après la crise du début des années 2000.
L'an dernier, le Canada a exporté du boeuf dans plus de 55 pays.
Une question politique ?
Pour certains observateurs, l'interdiction du boeuf canadien en Corée du Sud est une question hautement politique qui aurait peu à voir avec des enjeux de santé publique. Quand Séoul a permis aux Américains d'exporter à nouveau leur boeuf, des milliers de personnes ont manifesté violemment dans les rues de la capitale.
Aussi, le gouvernement coréen pourrait craindre une reprise des troubles s'il levait l'interdiction sur les importations de boeuf canadien. Le lobbying exercé par les producteurs sud-coréens pourrait aussi expliquer cette situation. En 2002, la Corée du Sud représentait le quatrième marché d'exportation des producteurs bovins canadiens, après les États-Unis, le Mexique et le Japon.
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Valeur, en millions de dollars, des exportations de boeuf canadien en Corée du Sud en 2002, avant l'imposition de l'embargo.
[Source : Canada Beef Export Federation]
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