Bienvenue dans l'ère du portefeuille mobile

Publié le 13/10/2012 à 00:00, mis à jour le 11/10/2012 à 09:46

Bienvenue dans l'ère du portefeuille mobile

Publié le 13/10/2012 à 00:00, mis à jour le 11/10/2012 à 09:46

Si tout va bien, les cartes de paiement en plastique seront une relique du passé d'ici trois à cinq ans. Les banques et les opérateurs mobiles s'activent en effet pour faire entrer le contenu de votre portefeuille dans votre téléphone.

Vous vous êtes levé en retard. Paniqué, vous enfilez vos vêtements, saisissez votre téléphone mobile et sautez dans votre voiture. Pour éviter les bouchons, vous empruntez un pont à péage. Vous n'avez pas un sou en poche, mais une fois rendu à la guérite, vous glissez votre téléphone sur une borne et repartez en trombe. En chemin, vous vous arrêtez au service au volant d'un restaurant qui fait partie du réseau de votre programme de fidélité préféré. En moins d'une minute, vous repartez, un café dans le porte-gobelet, après avoir réglé l'addition avec votre téléphone. Vos points de fidélité sont automatiquement crédités sur votre compte. À neuf heures tapant, vous déverrouillez la porte de votre bureau avec votre téléphone. Vous n'êtes pas en retard, mais surtout, vous n'avez rien oublié à la maison. Tout est dans votre poche. Tout est dans votre téléphone.

L'appareil évoqué ci-dessus ne vient pas du futur. Il s'agit dans les faits d'un simple téléphone intelligent doté d'une puce NFC. Le protocole de communication sans fil NFC, qu'on pourrait comparer au Wi-Fi ou au Bluetooth, a déjà été déployé à grande échelle au pays. Le fait que la puce NFC n'émette qu'à quelques centimètres la rend tout indiquée pour effectuer des paiements sans fil.

«Le paiement mobile va redéfinir l'ensemble des règles», avertit Patrice Dagenais, vice-président monétique et partenariats d'affaires chez Desjardins.

Les premiers véritables portefeuilles mobiles du Canada devraient être lancés d'ici la fin de l'année. Parmi ceux qui ont été annoncés, mentionnons les appareils des banques CIBC et Royale. Du reste, toutes les banques ont des projets similaires en réserve, sans compter les autres aspirants comme Rogers, Google et Apple. Bref, l'ère du portefeuille mobile devrait débuter sur les chapeaux de roues, et ce, dès cet automne.

Les portefeuilles mobiles tirant parti du NFC prendront la forme d'applications mobiles qui permettront de payer aux caisses avec plus d'un mode de paiement. Leurs utilisateurs n'auront qu'à lancer l'application, choisir le mode paiement qui leur convient et glisser leur téléphone sur le terminal de paiement du marchand.

Seuls les téléphones équipés de puces NFC pourront servir à faire des paiements sans contact, et ils sont encore peu répandu. Une poignée de téléphones Android, dont le Samsung Galaxy S III et tous les Nexus de Google, intègrent la technologie, tout comme la plupart des modèles récents de BlackBerry. Bien qu'en décroissance, l'importante part de marché de RIM au Canada fait du pays l'un des leaders relativement au pourcentage d'appareils prêts pour le NFC. Malgré tout, cette proportion demeure marginale : «À la fin de l'année, je pense qu'environ 10 % des téléphones intelligents au pays seront prêts pour le NFC», dit David Robinson, vice-président des secteurs d'affaires émergents chez Rogers.

Afin de transformer leur téléphone en portefeuille, les utilisateurs précoces devront se procurer une nouvelle carte SIM auprès de leur opérateur mobile : «Au début, ce sera un peu compliqué, mais à terme, tous les téléphones prêts pour le NFC seront livrés avec une carte SIM supportant le paiement mobile», explique David Robinson.

Les banques et les opérateurs négocient

La CIBC, la première à dévoiler son intention, devrait lancer son portefeuille mobile d'ici la fin de l'année. Toutefois, elle ne l'offrira qu'aux abonnés de Rogers. Cette limitation n'est pas d'ordre technique, mais commercial, puisque les banques voulant lancer leur portefeuille mobile NFC devront payer les opérateurs mobiles afin d'entreposer les coordonnées de paiement de leurs clients dans les cartes SIM de leur cellulaire. «Nous sommes des distributeurs de mémoire sécurisée [en tant que propriétaire des cartes SIM], et les banques devront payer un loyer pour y avoir accès», résume David Robinson, vice-président des secteurs d'affaires émergents chez Rogers.

Afin de résoudre cet obstacle commercial, les institutions financières canadiennes et les opérateurs mobiles ont entamé des négociations multipartites. Leur objectif est de permettre aux banques d'offrir des applications de paiement à tous leurs clients, sans égard à leur fournisseur mobile. «À l'heure actuelle, tous les joueurs voudraient établir une entente, explique Patrice Dagenais, vice-président monétique et partenariats d'affaires chez Desjardins. En même temps, c'est sûr que tout le monde veut protéger ses bénéfices et ses revenus.»

La plupart des institutions financières attendent ainsi l'issue des négociations avec les opérateurs mobiles avant de mettre leurs cartes sur table. Patrice Dagenais, de Desjardins, ne veut rien révéler des projets de son organisation, mais reconnaît que «les institutions financières vont offrir des portefeuilles sécuritaires dans lesquels les consommateurs pourront avoir confiance».

Les banques pourraient aussi attendre le lancement des portefeuilles mobiles de MasterCard et Visa, qui devraient être offerts à leurs partenaires d'ici la fin de l'année. Au Canada, la Banque Royale mise sur le portefeuille V.Me de Visa, prévu au courant de l'hiver, tandis que la Banque de Montréal a opté pour PayPass Wallet Services de MasterCard.

Certaines banques pourraient offrir des portefeuilles mobiles compatibles uniquement avec leurs cartes de paiement, mais la plupart des acteurs devraient opter pour un portefeuille ouvert, c'est-à-dire qui pourrait contenir aussi celles émises par leurs concurrents (carte de débit Interac Flash, cartes de crédit Visa PayWave et MasterCard PayPass émises par différentes banques), voire, à plus long terme, des cartes de transport en commun et de fidélisation.

«La plupart des portefeuilles mobiles seront ouverts, car je ne pense pas que les utilisateurs vont vouloir une application qui fonctionne avec un seul produit de paiement», estime Derek Colfer, responsable de l'innovation en matière de produits mobiles chez Visa.

Dans les faits, à l'exception des cartes d'identité, tout ce qu'on retrouve dans un portefeuille pourrait potentiellement être dématérialisé. «Là où réside l'innovation, c'est dans toutes les fonctionnalités qui pourront être ajoutées, dont la possibilité de gérer les coupons de réduction et les programmes de loyauté», fait valoir Richard McLaughlin, vice-président des produits mondiaux et des solutions chez MasterCard.

Les mieux préparés

Sur 100, MasterCard estime qu'une note de 60 est le seuil au-delà duquel le paiement mobile devient une méthode viable et commune.

Singapour

45,6

Canada

42

États-Unis

41,5

Kenya

40,4

Corée du Sud

39,7

Source : MasterCard Mobile Payments Readiness Index

JULIEN.BRAULT@TC.TC

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