À 52 ans, André Boily a repris les études. Séduit par un cours sur le développement durable à l'Université du Québec à Chicoutimi, le directeur de la Société d'aide au développement des collectivités (SADC) du Haut Saguenay a décidé d'appliquer la théorie à la pratique. " Dorénavant, nous allons pousser les entreprises de la région à se doter d'une politique écologique ", déclare celui qu'on pourrait surnommer le tourbillon vert tant il a pris le virage vert à coeur.
Il fut un pionnier de la démarche de développement durable, suvi des cours, a convaincu son équipe de se lancer dans l'aventure du développement durable, a embauché un écoconseiller et il fait la promotion de son projet auprès des autres SADC !
Son mandat est de soutenir les 700 entreprises de son territoire dans leurs projets, dont ceux de développement durable. Pour ce faire, l'organisme dispose d'un budget annuel de 2 millions de dollars octroyé par le fédéral. Les projets verts sont priorisés.
Première étape : former une cohorte de six entreprises prêtes à investir dans le développement durable. Chacune d'entre elles doit définir et réaliser un mandat concret. Par exemple, Les Finitions de béton Sylvain Tremblay, un fabricant de planchers de béton de Laterrière, tente de substituer le gravier de granit ou de calcaire qui entre dans la composition de son béton par du verre concassé dont la SAQ doit se débarrasser. Propur, un transformateur alimentaire, cherche un débouché pour composter ses pelures de pommes de terre. Sublimart, qui utilise un procédé d'impression sur du tissu de plastique, désire incorporer davantage de plastiques recyclés dans ses produits. La SADC et son écoconseiller soutiennent toutes leurs démarches.
Un exemple qui fait tache d'huile
Depuis quelques mois, la SADC des Laurentides mène un projet similaire. Comme sa consoeur du Haut Saguenay, elle a recruté des entreprises. " La problématique est différente puisque 85 % des entreprises de la région sont liées au tourisme, explique la directrice, Josée Quévillon. Mais les enjeux sont les mêmes. " Objectif : soutenir l'industrie touristique, préserver le milieu et garder la main-d'oeuvre.
Une étude menée en 2007 a montré que 87 % des entrepreneurs locaux souhaitaient améliorer leurs pratiques en matière de développement durable. Elle a aussi décelé deux obstacles : le manque d'information et de ressources humaines. Pour les aider, la SADC a publié sur son site Web un répertoire des programmes et de l'aide financière disponibles. Et en juin, deux conseillers en développement durable ont été mis au service des entreprises. " Nous répondons à un besoin croissant des organisations ", note Josée Quévillon.
Lentement mais sûrement
La majorité des PME du Haut Saguenay emploient moins de 15 personnes. Il faut donc adapter les exigences d'une démarche de développement durable aux réalités de ces très petites entreprises. " On détermine les priorités de chacune et on commence par des actions modestes ", dit André Boily.
Au-delà des affaires, le projet est mobilisateur. Dans les Laurentides, plusieurs municipalités ont déjà demandé à la SADC de viser les entrepreneurs en construction, dont les activités ont souvent des impacts directs sur l'environnement.
André Boily a toujours dans sa mire la rentabilité des entreprises... et plus d'une idée dans son sac. " Si toutes les régions s'y mettent, pourquoi ne pas imaginer qu'un regroupement de PME pourrait alors négocier leurs diminutions d'émission de gaz à effet de serre à la Bourse du carbone ? " demande le directeur.
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