2013 vue par quatre stratèges

Publié le 02/02/2013 à 00:00, mis à jour le 31/01/2013 à 09:13

2013 vue par quatre stratèges

Publié le 02/02/2013 à 00:00, mis à jour le 31/01/2013 à 09:13

La Bourse a connu un bon départ en 2013. L'indice américain Dow Jones a notamment progressé de 6,5 % et se trouve à son sommet depuis 2007. Voici la stratégie de quatre experts pour connaître du succès dans un marché encore incertain.

1. Clément Gignac

Vice-président et économiste en chef de l'Industrielle Alliance

Croissance prévue en 2013

S&P 500 : 12 %

S&P/TSX : 4,5 %

Répartition de l'actif

Actions : surpondérer

Obligations : sous-pondérer

Encaisse : sous-pondérer

Des actions mieux évaluées

À défaut d'une croissance économique flamboyante, c'est une évaluation plus généreuse qui permettra aux actions américaines de répéter sensiblement leur avancée de 2012, prévoit Clément Gignac, l'ancien ministre du Développement économique dans le gouvernement de Jean Charest, fraîchement arrivé chez l'Industrielle Alliance.

Les 500 plus grandes capitalisations boursières américaines s'apprécieront de 12 %, anticipe l'économiste. En 2012, le S&P 500 a progressé de 13 %. «C'est une expansion de multiple, soyons clairs», tranche l'économiste en chef de l'Industrielle Alliance.

Selon cette prévision, le S&P 500 se négociera à un multiple de 15 fois les profits prévus en 2013. «Dans les années 1960, quand l'inflation était faible, les actions s'échangeaient à un multiple de 16 à 17 fois les profits, explique-t-il. À 13,5 fois les profits actuellement, ce n'est pas cher.»

Le scénario de 2012 se répétera aussi pour la Bourse canadienne, par une performance moins reluisante que celle obtenue au sud de la frontière, selon lui. Le S&P/TSX devrait enregistrer un rendement de 4,5 % pour l'ensemble de l'année. Encore une fois, les marchés canadiens seront désavantagés par le poids des matériaux et de l'énergie, qui représente 42 % de l'indice S&P/TSX.

L'économie mondiale devrait croître d'environ 2,5 % en 2013, anticipe M. Gignac. «Pour les ressources, si vous n'avez pas une croissance mondiale de 3,5 % à 4 %, ce n'est pas suffisant pour servir de catalyseur», commente-t-il.

Dans ce contexte, M. Gignac favorise les secteurs qui performent bien en début de cycle de reprise, soit l'immobilier, la consommation et l'automobile. Il conseille d'accorder moins de place aux titres des secteurs défensifs, notamment les biens de première nécessité.

L'économiste reste neutre pour ce qui est des banques canadiennes. «Elles sont plus chères que les banques internationales, mais c'est vrai qu'elles sont mieux capitalisées. En même temps, si le secteur immobilier commence à souffrir, c'est possible que les banques canadiennes écopent.»

M. Gignac recommande également de sous-pondérer les obligations. «Le marché obligataire est un marché d'anticipation, rappelle-t-il. Même si on n'observe pas de resserrement de la politique monétaire cette année, les gens vont réfléchir et se demander où devrait se situer le rendement des obligations. Dans ce cas, il vaut mieux réduire la place accordée aux obligations, ou à tout le moins réduire la durée de celle-ci.»

2. Sylvain Ratelle

Vice-président et stratège de Valeurs mobilières Banque Laurentienne

Croissance prévue en 2013

S&P 500 : 5 à 7 %

S&P/TSX : 5 à 7 %

Répartition de l'actif

Actions : surpondérer

Obligations : sous-pondérer

Encaisse : surpondérer

Moins de suspense politique, plus de résultats de sociétés. L'année 2013 sera celle du retour de l'analyse fondamentale, prédit Sylvain Ratelle, stratège de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. On évaluera ainsi les sociétés au mérite plutôt que de se concentrer sur les prévisions politiques.

«Les États-Unis et la zone euro avaient besoin d'une politique fiscale et d'une politique monétaire pour cesser d'alerter les marchés à tout instant, explique M. Ratelle. Les deux grandes économies avaient progressé sur un front, tout en négligeant l'autre.»

Avec l'accord pour éviter le mur budgétaire, les Américains ont fait une partie du chemin sur le plan fiscal. La Banque centrale européenne, pour sa part, a promis d'intervenir sur le front monétaire, énumère le stratège.

Autre point positif, les prix de l'énergie reculent en raison des découvertes de nouvelles sources de pétrole et de gaz, ce qui permettra d'éviter un choc pétrolier comme celui de 2008. Une bonne nouvelle pour les entreprises et les consommateurs.

C'en est une moins bonne pour le secteur de l'énergie à Toronto, qui devrait connaître une performance légèrement négative, prévoit le stratège. Toujours à Bay Street, le secteur des métaux précieux devrait moins bien faire que les matériaux de base. Valeur refuge, l'or aura moins la faveur, tandis que la menace fiscale aux États-Unis s'amenuise et que l'économie chinoise s'améliore.

Pour les banques canadiennes, l'économie au ralenti et l'endettement des ménages n'aidera pas la croissance de leurs bénéfices. «Mais c'est déjà escompté par le marché, nuance M. Ratelle. Les banques sont de très haute qualité et ne semblent pas très dispendieuses. Elles devraient donc enregistrer un rendement positif en 2013.»

Dans l'ensemble, le S&P 500 à New York et le S&P/TSX à Toronto devraient enregistrer des gains comparables, soit de 5 % à 7 %.

Trop rose ?

Préparez-vous aux surprises en cours de route chez nos voisins du Sud, met en garde M. Ratelle. Les investisseurs ont mis des lunettes trop roses en début d'année après qu'on eut évité le mur budgétaire à Washington.

Le cours des actions devient ainsi plus sensible aux mauvaises nouvelles, par exemple une révision à la baisse des bénéfices, prévient M. Ratelle. «Presque tout le monde est optimiste, constate le vice-président de Valeurs mobilières Banque Laurentienne. Le consensus prévoit une croissance des bénéfices de société de 11 % à 15 %. Pourtant, l'indice de la production industrielle est à peine au-dessus du seuil des 50, ce qui traduit une bien mince croissance.»

Les obligations, pour leur part, devraient procurer un rendement faiblement négatif ou neutre. M. Ratelle croit que les taux d'intérêt augmenteront au cours des prochains trimestres, ce qui influencera la valeur des obligations. «Les taux d'intérêt des obligations 10 ans ne peuvent pas rester indéfiniment sous le niveau de l'inflation. Il faut donner un peu plus aux épargnants.»

3. Stéfane Marion

Économiste et stratège en chef de la Banque Nationale

Croissance prévue en 2013

S&P 500 : de 1,6% à 5,2 %

S&P/TSX : 2,1 % et 3,8%

Répartition de l'actif

Actions : neutre ( surpondérer les américaines sous-pondérer les canadiennes)

Obligations : neutre

Encaisse : neutre

Chat échaudé craint l'eau froide, dit l'adage. Les investisseurs devraient se garder d'un excès d'optimisme avant de délaisser les obligations pour augmenter leur pondération en actions, conseille Stéfane Marion, économiste et stratège en chef de la Banque Nationale.

M. Marion se donne un trimestre d'observation. Il veut plus de détails sur les mesures d'austérité et de stimulation de la croissance qui seront adoptées à différents endroits sur la planète. «J'ai vraiment un positionnement défensif en première moitié d'année, commente celui que le magazine Bloomberg a nommé meilleur prévisionniste canadien. Les politiciens nous ont habitués aux soubresauts. Ils font peu de cas de l'incertitude qu'ils créent. Les investisseurs ont été brûlés trop souvent au cours des dernières années.»

Pour cette raison, M. Marion s'inscrit en faux contre ceux qui suggèrent de fuir les obligations. Il recommande plutôt une pondération neutre. Il n'anticipe pas de pression inflationniste. Avec une croissance mondiale faible et des provinces canadiennes qui adopteront des mesures d'austérité pour éviter «l'odieux d'une décote», le stratège ne voit pas la Banque du Canada augmenter ses taux d'intérêt à court terme.

Les actions américaines à l'honneur

Comme en 2012, les actions américaines donneront un meilleur rendement que les marchés canadiens, mais pas pour les mêmes raisons cette fois. Un indice : la réponse se trouve dans le dollar américain, selon M. Marion.

Le début d'année difficile favorisera le dollar américain au détriment du huard, explique le stratège. C'est une occasion de profiter de la force du dollar canadien pour acheter des actions au sud de la frontière. «Dans ce contexte, le marché américain pourrait mieux servir les investisseurs canadiens», ajoute l'ancien collègue de Clément Gignac.

Sans l'effet du taux de change, il trouve les marchés américains et canadiens peu attrayants. Déjà en janvier, les marchés américain et canadien se situent déjà près des cibles de la Banque Nationale pour 2013. La cible du S&P 500 à New York est de 1 450 à 1 500, soit une progression de 1,6 % à 5,2 % pour 2013. Pour ce qui est du S&P/TSX à Toronto, la cible s'établit aux alentours de 12 700 et 12 900 points, soit un gain de 2,1 % à 3,8 %.

Le S&P 500 s'échange à un multiple de 13 fois les bénéfices anticipés, ce qui est peu cher. Cette évaluation est caduque, si les prévisions sont trop optimistes, nuance le stratège. «Le consensus anticipe une croissance de 8 % à 10 % des bénéfices des sociétés du S&P 500, rappelle-t-il. Je suis sceptique. Cela représente une amélioration de la rentabilité, tandis que les entreprises ont été très agressives pour améliorer leurs marges, qui s'approchent d'un record.»

4. Vincent Delisle

Stratège de la Banque Scotia

Croissance prévue en 2013

S&P 500 : 8,7%

S&P/TSX : 3%

Répartition de l'actif

Actions : surpondérer

Obligations : sous-pondérer

Encaisse : surpondérer

Vincent Delisle est optimiste pour l'année qui s'amorce, tandis que les économies chinoise et américaine se bonifient. Le stratège de la Banque Scotia suggère de profiter de la croissance grâce aux secteurs plus cycliques, comme les titres industriels (Canadien National, Bombardier, etc.).

«Ce qu'il faut retenir, c'est qu'on recommande d'avoir plus d'actions qu'à la normale et plus de secteurs cycliques, résume M. Delisle. Les marchés américains devraient également mieux performer que la Bourse canadienne pour une troisième année consécutive.»

Le stratège constate que l'économie mondiale se rétablit. «L'économie en Chine et aux États-Unis, et même en Europe, a atteint un creux en juillet, note-t-il. Depuis la fin de l'été, on constate une amélioration des nouvelles commandes et des données manufacturières. Les ventes d'automobiles augmentent et le taux de chômage baisse aux États-Unis.»

M. Delisle voit le S&P/TSX à Toronto prendre 3 % et le S&P 500 à New York, progresser de 8,7 %. Il semble que Bay Street performe moins bien, même si les marchés émergents ont bien fait depuis l'été dernier. Toutefois, d'autres facteurs relégueront les marchés canadiens en queue de peloton.

L'économie canadienne a faibli durant la deuxième moitié de 2012, notamment en raison de l'immobilier, note-t-il. «Ça va porter ombrage au secteur de la consommation et au secteur financier», ajoute-t-il.

Les sociétés aurifères, le pire secteur en 2012, continueront de souffrir de l'amélioration de la conjoncture économique, tandis que les investisseurs délaisseront le métal jaune, valeur refuge.

Un risque accru

Dans ce contexte, M. Delisle se tourne vers les secteurs cycliques. À Toronto, il préfère les entreprises qui sont plus liées à l'économie mondiale qu'à l'économie locale. Il favorise les sociétés d'assurance ainsi que les fabricants, les producteurs forestiers et miniers. Aux États-Unis, il accorde plus d'importance aux financières, aux entreprises du secteur de la consommation et aux titres industriels.

«On est positionné pour une légère remontée des taux d'intérêt à long terme, ce qui est bon pour les compagnies d'assurance, explique M. Delisle. L'amélioration des données en Chine devrait être favorable aux mines et métaux. La reprise du marché immobilier serait profitable pour les matériaux de construction.»

Si les taux augmentent comme le prévoit le stratège, les obligations en pâtiront. «Les taux d'obligation à court terme ne devraient pas bouger, avance-t-il. Les taux à long terme pourraient gagner de 25 à 40 points de base. Dans l'ensemble, un fonds d'obligation devrait connaître un rendement négatif de 1 % ou de 2 %.

stéphane.rolland@tc.tc

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