" Le modèle de LinkedIn n'a rien d'abstrait; ses revenus sont bien réels. "

Publié le 27/02/2010 à 00:00

" Le modèle de LinkedIn n'a rien d'abstrait; ses revenus sont bien réels. "

Publié le 27/02/2010 à 00:00

L inkedIn est à la fois un réseau social et un phénomène de société. Son modèle d'entreprise, comme ceux de Facebook et Twitter, se démarque de celui des entreprises traditionnelles. LinkedIn ne compte que 500 employés, mais 55 millions de clients. Et une grande partie de ses services sont gratuits. Lancé en 2003 par un ex-cadre de Yahoo, Jeff Weiner, LinkedIn est rentable depuis mars 2006. Chaque seconde, elle gagne un nouveau membre. Arvind Rajan est vice-président du développement international. Il est responsable du recrutement des membres à l'extérieur de l'Europe et des États-Unis. Pour l'instant, l'Inde est le marché qui croît le plus rapidement. Nous avons rejoint Arvind Rajan au siège social de LinkedIn, à Mountain View en Californie, pour qu'il explique le modèle bien particulier de cette entreprise.

Diane Bérard - Facebook, Twitter, LinkedIn... certains analystes affirment que les médias sociaux, comme Twitter ou LinkedIn, sont les nouvelles entreprises point-com : des sociétés à la mode, à la valeur gonflée et aux revenus nébuleux.

Arvind Rajan - Je ne suis pas d'accord. D'abord, les sociétés point-com ne sont pas toutes des échecs. Google, une des plus grandes sociétés du monde, est une point-com. Ensuite, je ne peux pas commenter sur le modèle d'entreprise de Facebook ou de Twitter, mais je peux affirmer que celui de LinkedIn n'a rien d'abstrait et que nos revenus sont bien réels.

D.B. - Facebook nous permet de suivre la vie de nos amis; Twitter, de partager de l'information avec eux. Quelle est l'utilité de LinkedIn ?

A.R. - C'est votre outil de réussite professionnelle. Il permet de vous rendre visible - de bâtir et entretenir votre identité professionnelle et votre réseau de contacts -, de grimper dans la hiérarchie - de vous rendre visible auprès d'employeurs potentiels -, de vous perfectionner et d'accéder à l'intelligence d'affaires de nos 500 000 groupes d'intérêts.

D.B. - Pour plusieurs, LinkedIn se résume à un babillard où l'on affiche son CV en espérant qu'il se passe éventuellement quelque chose.

A.R. - De nombreux membres sous-exploitent notre réseau en étant passifs, c'est vrai. Il faudrait que nous puissions leur donner à tous un cours personnalisé sur l'utilisation active de LinkedIn.

D.B. - À quoi ressemble une utilisation " active " de LinkedIn ?

A.R. - D'un côté vous donnez, et de l'autre, vous recevez. Vous joignez des groupes d'intérêts, vous lancez des discussions, vous participez aux conversations en cours, vous fournissez de l'information. En contrepartie, vous utilisez les outils de recherche pour trouver des partenaires, des experts, des employés, etc.

D.B. - Que vous rapporte une utilisation " active " de LinkedIn ?

A.R. - Chaque seconde, un nouveau membre rejoint notre réseau. Et ce membre a été recruté par un autre membre. Donc, plus nos membres sont actifs, plus notre communauté s'accroît.

D.B. - Vous comptez 55 millions de membres qui se sont inscrits gratuitement. D'où viennent vos revenus ?

A.R. - De nos services de recrutement, de la publicité et des abonnements premium, le tout réparti également. Nous vendons un logiciel, payable chaque année, qui permet aux chasseurs de têtes et aux entreprises d'effectuer des recherches précises parmi nos 55 millions de membres. La moitié des sociétés du classement Fortune 100 ont acheté ce logiciel. Nous tirons aussi nos revenus de la publicité qui paraît sur notre site. Les annonceurs peuvent la cibler selon plusieurs critères, dont le lieu de résidence du membre ou sa profession. Dans le cas des abonnements, s'inscrire sur LinkedIn est gratuit, mais pour un forfait mensuel de 25 $ à 500 $ américains (US), vous accéderez à des informations plus détaillées et vous pourrez effectuer des recherches pointues.

D.B. - Quel est le profil de vos membres ?

A.R. - Ils ont un revenu familial moyen de 107 000$ US, un diplôme universitaire dans 80 % des cas, un âge moyen de 43 ans et la moitié d'entre eux prennent des décisions d'affaires au sein de leur entreprise.

D.B. - Combien de membres comptez-vous au Québec ?

A.R. - Nous ne donnons pas de chiffres régionaux, mais je peux vous dire que nous avons 240 000 membres dans le grand Montréal.

D.B. - À quoi tient le secret de la réussite d'un réseau social ?

A.R. - D'abord à son identité, à sa personnalité. Nous consacrons beaucoup d'efforts à maintenir la cohérence de LinkedIn. Nous sommes là pour aider les professionnels à réussir. Tout projet qui ne contribue pas à cette mission est écarté automatiquement. Le succès d'un réseau social tient aussi à ses alliances. Vos alliés apportent de la valeur à votre réseau, ils permettent d'en offrir plus aux membres. Les nôtres se nomment Apple, Research in Motion, Microsoft, IBM... Ils nous permettent d'être présents sur toutes les plateformes mobiles (iPhone, Palm 3, BlackBerry, etc.) et d'arrimer le carnet d'adresses courriel de nos membres à sa liste de contacts LinkedIn.

D.B. - Facebook et Twitter sont-ils vos concurrents ?

A.R. - Dans notre univers, le modèle traditionnel de concurrence ne tient pas. D'une certaine façon, nous avons besoin les uns des autres. La plupart de nos membres ont aussi un compte Facebook. Quant à Twitter, nous venons de nouer un partenariat avec eux. En novembre 2009, nous avons ajouté une application qui vous permet d'afficher vos tweets [N.D.L.R. Les entrées de 140 caractères faites sur Twitter] sur votre profil LinkedIn. Vous pouvez le faire systématiquement ou au cas par cas. Nous constatons que la plupart de nos membres font preuve de jugement. Ils affichent seulement leurs tweets de nature professionnelle sur LinkedIn. Cette expérience prouve que la distinction entre les deux réseaux est de plus en plus marquée. Vous ne verrez pas de photos de partys sur LinkedIn.

D.B. - Pourquoi avez-vous choisi d'ouvrir votre plateforme aux applications externes ?

A.R. - Nous avons 55 millions de membres, mais nous ne sommes que 500 employés. Ouvrir notre plateforme aux applications externes équivaut à s'offrir une équipe de R-D gratuitement. Nous décuplons la vitesse à laquelle nous offrons des innovations à nos membres. Cela nous permet de bonifier notre offre par rapport à celle de nos concurrents. [N.D.L.R. Il existe de nombreux autres réseaux sociaux professionnels, dont Ecademy qui cible les pigistes et les travailleurs à domicile]. Lorsque nous avons annoncé cette décision, 15 000 projets nous sont arrivés de toute part en l'espace de deux semaines.

D.B. - Quel est votre défi principal cette année ?

A.R. - Établir nos priorités ! Nous sommes en forte croissance et mon rôle consiste à en profiter au maximum. Mais je dois faire des choix. Dans quels pays vaut-il la peine d'ouvrir des bureaux ? Je dois allouer mes ressources de façon stratégique.

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