Les bons sentiments ne mènent nulle part

Publié le 01/05/2009 à 00:00

Les bons sentiments ne mènent nulle part

Publié le 01/05/2009 à 00:00

La première voiture électrique produite à grande échelle sera probablement fabriquée en Chine. Et la première cité entièrement écologique risque de voir le jour dans les Émirats arabes unis. Ironique, non ?

Deux des pays les plus polluants de la planète développent des solutions concrètes au réchauffement climatique. Deux pays qui ne sont pas des modèles à suivre en matière de droits de l'homme ou d'équité sociale.

Toutefois, ce n'est certainement pas pour apaiser ses problèmes de conscience que le gouvernement chinois soutient la société BYD et son fondateur, Wang Chuanfu, dans ses efforts pour commercialiser l'auto électrique. Et ce n'est pas non plus par grandeur d'âme que le sheik d'Abu Dhabi investit des milliards pour développer les technologies vertes qui alimenteront Masdar, la cité verte qui sera bâtie dans le désert.

Le sheik sait fort bien que ses réserves de pétrole ne sont pas éternelles et prépare l'avenir. Les technologies vertes de Masdar, c'est la clé du développement futur d'Abu Dhabi. Tout comme l'auto électrique pourrait bien être le prochain Klondike chinois. Après avoir été la reine des bébelles à un dollar, la Chine voit plus grand.

L'environnement est un business, probablement le plus prometteur des prochaines décennies. La Chine et Abu Dhabi l'ont compris, eux. Et chacun joue à fond ses avantages concurrentiels. Dans le cas d'Abu Dhabi, cet avantage se résume à une chose : l'argent. Lorsque vos poches sont aussi profondes, vous pouvez convaincre les cerveaux les plus brillants et les entreprises les plus puissantes de venir s'installer chez vous.

Deux facteurs donnent à la Chine une longueur d'avance dans le dossier de l'auto électrique, notre sujet de couverture ce mois-ci. D'abord, elle dispose de réserves de lithium classées parmi les plus importantes du monde (le lithium entre dans la fabrication de la batterie de l'auto électrique). Celles-ci se trouvent toutefois au Tibet, ce qui rend le dossier délicat. Ensuite, la Chine est une dictature : on n'y discute pas, on exécute. C'est particulièrement vrai en matière de développement économique : si le gouvernement chinois décide de faire avancer un dossier, vous pouvez être certain que celui-ci aboutira. Et l'auto électrique se trouve en tête de liste de ses priorités.

Le Québec aussi pourrait placer l'auto électrique parmi ses principaux projets mobilisateurs. Il aurait de bonnes raisons de le faire : chercheurs de qualité, fabricants de batteries, fournisseurs de pièces, expertise en assemblage... et de l'électricité à la tonne ! C'est le constat de notre journaliste Kathy Noël (page 15).

Mais le Québec n'allume pas.

Nous sommes champions pour organiser des colloques, lancer des chantiers et entreprendre des exercices de réflexion et de mobilisation sur la responsabilité sociale et l'environnement. Nous sommes l'exemple parfait qu'en matière de développement économique, les bons sentiments sont toujours du même côté, et les actions, toujours de l'autre.

L'environnement est un business comme les autres et notre planète est branchée sur un respirateur artificiel. Pourquoi le Québec serait-il le bénévole qui lui tiendrait la main pendant qu'un chirurgien chinois ou émirati lui ferait une transplantation et en tirerait honneurs et argent ?

rédactrice en chef

diane.berard@transcontinental.ca

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