La santé, c'est aussi l'affaire des entreprises

Publié le 01/11/2008 à 00:00

La santé, c'est aussi l'affaire des entreprises

Publié le 01/11/2008 à 00:00

Nous tenons notre santé pour acquis, jusqu'à ce qu'elle se détériore. Nous considérons aussi comme acquis que la santé est l'affaire des gouvernements, et que, comme le disait l'économiste Milton Friedman (prix Nobel 1976), "l'affaire des gens d'affaires, c'est les affaires". Cette façon de compartimenter les choses ne tient plus la route. Nous savons que la santé de la population et celle de l'économie sont liées. Et qu'il en va de notre bien-être collectif de les traiter ensemble. À ce sujet, c'est au Québec que la réflexion est la plus avancée et la plus prometteuse.

Ce mois-ci se tiendra Défi Santé McGill, un forum unique qui regroupe les leaders mondiaux du monde de la recherche, de la politique publique et des affaires. La coopération de ces trois secteurs est nécessaire pour développer des solutions efficaces et durables aux problèmes de santé. Le constat est clair : la santé des travailleurs et des consommateurs a un impact réel sur la concurrence des entreprises et sur la survie des gouvernements. Par exemple, la facture des soins de santé des trois grands de l'automobile aux États-Unis dépasse 90 milliards de dollars. Tel est le coût des frais liés aux employés actuels et aux retraités. Pour illustrer cette réalité, sachez que chaque fois que Ford construit une Focus, cela lui coûte 1 800 dollars en soins de santé. Il s'agit de 10 % du prix de vente de ce véhicule ; ce n'est pas ce que j'appelle une dépense mineure.

L'obésité figure parmi les facteurs qui font grimper le coût des soins de santé. Plus de 1,6 milliard d'adultes et 400 millions d'enfants souffrent d'embonpoint ou d'obésité, et ces chiffres augmenteront de 17 % au cours de la prochaine décennie. Il y a des conséquences économiques à cette réalité. Aux États-Unis, où le taux d'obésité a triplé en 20 ans, on estime que d'ici quatre ans, les frais de santé représenteront près de 18 % du PIB. Déjà, au Canada, l'obésité coûte chaque année plus de quatre milliards de dollars au régime de soins de santé. À l'ouverture du forum Défi Santé 2007, Philippe Couillard disait : "Tous les États du monde, qu'ils aient un régime de soins de santé public ou privé, s'attaquent maintenant au problème de l'obésité, qui n'est pas seulement un problème de prévention ou de santé publique, mais aussi un problème économique".

Cette situation est aussi inquiétante dans les pays en développement, où l'obésité cohabite avec des problèmes de malnutrition. En Chine, par exemple, un garçon sur quatre entre 7 et 12 ans est obèse. Le développement économique ne doit pas se faire au détriment de la santé des citoyens. La solution ne passe pas par un plus grand contrôle de l'État ni par l'intervention des organismes de bienfaisance, dont les ressources sont déjà surtaxées. Ni par l'interdiction des aliments plaisirs - il suffit de bannir un mets pour le rendre plus désirable. Il faut plutôt modifier notre style de vie et notre environnement de façon à ingérer moins de calories et à en dépenser plus. Ces changements profonds sont souvent les plus difficiles à effectuer. Voilà pourquoi les entreprises doivent ajouter leur savoir-faire et leur pouvoir économique aux efforts d'éducation et de promotion de la santé. Certaines le font timidement. Au siège social de Best Buy, tout comme chez GlaxoSmithKline, des employés marchent sur un tapis roulant à la vitesse de 1,5 kilomètre à l'heure au sous-sol de leur lieu de travail. Au bureau de GE à New York, les employés peuvent faire une sieste dans des isoloirs en forme de cocons.

Si les entreprises sont peu nombreuses à s'engager en ce sens, nous pouvons compter de plus en plus sur le soutien de fondations créées par de riches gens d'affaires : la Fondation Chagnon, celles de Bill Gates, de Michael et de Susan Dell, etc. Il semble qu'une fois leurs milliards en poche, les dirigeants de ces fondations comprennent l'importance de s'investir - et d'investir - dans la santé de la société. C'est bien. Mais pourquoi n'interviennent-ils pas plus tôt?

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