Fiscalement parlant, travailler ou prendre sa retraite?

Publié le 03/05/2024 à 09:00

Fiscalement parlant, travailler ou prendre sa retraite?

Publié le 03/05/2024 à 09:00

Par Les étudiants en sciences comptables de l'UQO

«Il est important de s’informer auprès de votre comptable pour démystifier les crédits qui s’appliqueront à votre situation.» (Photo: 123RF)

La rubrique Questions pour mon comptable est signée par des étudiants en sciences comptables de l’Université du Québec en Outaouais (UQO).

Lorsque vient le temps de prendre sa retraite, plusieurs éléments doivent être pris en compte sur le plan fiscal afin de passer ce moment en toute tranquillité d’esprit, et surtout, sans stress financier. 

Nous abordons ici les principaux régimes publics pouvant vous procurer des prestations de retraite. Nous discuterons également des inconvénients qui peuvent survenir lorsqu’un contribuable décide de travailler lors de cette étape de vie. Vous serez ainsi en mesure de savoir quelles sont les répercussions sur votre revenu imposable si vous choisissez de continuer de travailler, autant que si vous choisissez de profiter pleinement de votre retraite. 

Premièrement, la pension de la sécurité de vieillesse est un des avantages qui s’offre au contribuable retraité. Il s’agit d’un montant versé mensuellement par le gouvernement du Canada au compte bancaire de chaque contribuable. Pour y être admissible, on doit être âgé de 65 ans et plus et avoir fait la demande sur le site de l’Agence du Revenu du Canada (ARC). Aussi, on doit avoir résidé au Canada au moins 10 ans après l’âge de 18 ans. Pour obtenir le maximum de la prestation, il faut avoir résidé au Canada 40 ans ou plus. Il s’agit d’un montant imposable, c’est-à dire, que l’on doit l’inscrire dans la section du revenu de notre déclaration d’impôt.

À titre informatif, pour l’année d’imposition 2024 (de juillet 2023 à juin 2024), la prestation mensuelle maximale pour une personne âgée de 65 ans à 74 ans est de 713, 34$ alors qu’elle se chiffre à 784,67$ pour une personne âgée de plus de 75 ans. Cependant, si vous travaillez, vous devrez peut-être rembourser une partie de la prestation (impôt de récupération de la sécurité de vieillesse) qui représente 15% de la différence entre votre revenu net de toute provenance et le seuil maximum permis soit 90 997$ (2024). De plus, vous pouvez reporter le paiement de la PSV jusqu’à 60 mois (5 ans) après l’âge de 65 ans. Ainsi, cela vous permettra d’avoir de plus gros montants mensuels lors de vos 70 ans. Toutefois, après l’âge de 70 ans, il n’y a plus d’avantage à reporter les paiements. Au contraire, vous risquez de perdre des prestations, car aucune bonification n’est accordée à partir de cet âge. 

Deuxièmement, le régime des rentes du Québec (RRQ) est un régime financé à même les cotisations effectuées par l’employé et l’employeur. En 2024, la cotisation maximale (employeur/employé) est de 4348$. La rente de retraite du RRQ est versée par le gouvernement provincial à tout contribuable retraité qui en fait la demande et qui a atteint au moins 60 ans. Elle devra être incluse dans la déclaration de revenus. L’âge de référence pour fin de retraite est fixé à 65 ans pour cette prestation de retraite. C’est-à-dire que le montant est réduit si l’employé prend sa retraite avant 65 ans ou bonifié s’il retarde sa retraite. À titre indicatif, une personne qui a fait la demande à 65 ans pourrait recevoir une prestation de retraite pouvant atteindre un montant maximum de 16 015$. Pour y être admissible, le contribuable doit avoir cotisé au RRQ pendant au moins un an. Trois facteurs sont pertinents dans le calcul du montant de la prestation de retraite que vous aurez droit de recevoir:

 

  1. Le nombre d’années de cotisation au RRQ (de 18 ans jusqu’à la retraite)
  2. Le montant total de vos revenus
  3. L’âge où vous commencez à recevoir votre rente de retraite du RRQ.

 

Il est à noter que cette rente ne désavantage pas le contribuable qui continue de travailler après ses 65 ans. Au contraire, étant donné que les montants cotisés prennent de la valeur, il s’avère avantageux d’attendre au moment de la retraite afin de commencer à recevoir cette prestation. Ainsi, le contribuable qui attend ne perdra pas son pouvoir d’achat. Aussi, il est à savoir que depuis le 1er janvier 2024, la cotisation au RRQ pour les retraités retournant sur le marché du travail est désormais facultative. Les travailleurs de 65 ans et plus recevront un salaire net plus élevé s’ils choisissent de ne plus cotiser au RRQ à partir de cet âge. Cependant, ils se privent d’une bonification de leur rente de retraite.

Troisièmement, le supplément de revenu garanti (SRG) est une prestation mensuelle versée à chaque contribuable âgé de 65 ans ou plus et ayant un faible revenu. Ce montant est versé par le gouvernement fédéral et n’est pas imposable. Pour y être admissible, il faut être résident canadien et en avoir fait la demande sur le site de l’ARC entre 60 et 64 ans.

Les montants maximums des versements sont les suivants:

 

  • Revenu de moins de 21 624$ et célibataire, veuf ou divorcé : jusqu’à 1 065,47$ mensuellement.
  • Revenu combiné du couple de moins de 28 560 $ et époux/conjoint qui reçoit une pleine pension de sécurité et de vieillesse : jusqu’à 641,35$ mensuellement.
  • Revenu combiné du couple de moins de 39 984$ et époux/conjoint qui reçoit l’allocation: jusqu’à 641,35$ mensuellement.
  • Revenu combiné du couple de moins de 51 840$ et époux/conjoint qui ne reçoit ni de PSV, ni d’allocation: jusqu’à 1 065,47$ mensuellement.

 

Donc, une personne qui continue de travailler après 65 ans, sera désavantagée, car elle pourrait ne plus avoir accès au SRG en raison de son revenu. 

Finalement, nous ne pouvons passer sous silence le régime enregistré d’épargne retraite (REER), même si ce n’est pas un régime public. Le REER est l’un des régimes les plus connus et utilisés. À l’atteinte de ses 71 ans, le contribuable détenant un REER, doit prendre action. En effet, à cet âge, le REER vient à échéance et est automatiquement transféré en fonds enregistré de revenus de retraite (FERR). Il est à savoir qu’un FERR ne permet pas de cotisation de la part du contribuable et vous oblige à effectuer un retrait minimum annuellement. Ces retraits sont imposables. Avec une bonne planification, le contribuable pourrait aussi décider d’opter pour d’autres options, comme de décaisser en partie ou en totalité les fonds du REER ou de procéder à l’acquisition d’une rente (viagère ou non). Cela peut être une combinaison de ces trois options. Il faut cependant bien comprendre que le plein montant d’un décaissement est imposable et que cette option peut s’avérer très couteuse. En effet, cela pourrait vous priver de votre SRG ou provoquer un remboursement de votre PSV. L’option d’acquérir une rente (viagère ou non) vous permettrait de recevoir un revenu fixe de retraite. Les montants de rente ainsi reçus sont imposables dans l’année où ils sont encaissés. 

Mentionnons maintenant plusieurs autres crédits disponibles aux contribuables qui prennent leur retraite:

 

  • Montant pour revenus de pensions
  • Montant en raison de l’âge
  • Crédit pour la prolongation de carrière
  • Crédit pour personnes âgées (65 ans et plus)
  • Crédit d’impôts pour déficience mentale ou physique (si vous avez une canne ou une marchette)

 

Selon votre situation, certaines prestations et certains crédits s’appliqueront et d’autres ne s’appliqueront pas. Il est important de s’informer auprès de votre comptable pour démystifier les crédits qui s’appliqueront à votre situation.

Finalement, vous avez constaté que plusieurs éléments doivent être pris en considération lors de votre retraite de même que si vous désirez continuer de travailler. Avec la menace imminente de pénurie de main-d’œuvre, il faudra rester à l’affût des nouvelles prestations et avantages fiscaux qui seront disponibles aux contribuables qui continuent de travailler après la retraite.

 

 

Eve Levesque-Laganière, étudiante en sciences comptables à l’Université du Québec en Outaouais

 

Eve Levesque-Laganière, étudiante en sciences comptables à l’Université du Québec en Outaouais

Justine Lorand, étudiante en sciences comptables à l’Université du Québec en Outaouais

 

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