La semaine dernière, le gouvernement Trudeau annonçait, non sans fierté, une hausse du taux d’imposition des gains en capital. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Nous vivons à une époque où il est devenu la norme de reprocher aux «riches» tous les torts du monde. Pollution, surconsommation, inégalité de toutes sortes, exploitation des ressources et j’en passe. Que ce soit un humain ou une entreprise profitable, force est de constater que le riche est aujourd’hui l’ennemi public numéro 1.
Avant que l’on me reproche de défendre bec et ongles les pires excès des plus fortunés de la société, ou les pratiques fiscales douteuses de certaines entreprises, je vous rassure: je partage avec la plupart d’entre vous mon incompréhension et mécontentement de certaines de leurs prises de décisions ou de leurs actions parfois discutables, d’autres fois reprochables.
Il faut tout de même faire attention de ne pas mettre tous les riches dans le même panier. Comme pour tout sujet, il est tout simplement ridicule de faire porter à la majorité les folies d’une minorité.
La semaine dernière, c’était au tour du gouvernement Trudeau de nourrir le cliché en annonçant, non sans fierté, une hausse du taux d’imposition des gains en capital. Mais n’ayez crainte, comme le répètent depuis les différents ministres questionnés sur le sujet, cette nouvelle mesure n’affectera qu’une toute petite minorité de Canadiens, soit environ 40 000, ou 0,13% de tous les contribuables au pays.
De la grande stratégie politique! Quoi de mieux qu’une «démonstration de force» envers ces méchants riches afin de faire oublier que de l’autre côté on rajoute 40 milliards de dollars (G$) de déficits sur les plus de 600 G$ accumulés depuis l’arrivée au pouvoir des libéraux en 2015. Ces derniers n’ayant jamais présenté un budget équilibré depuis, la dette cumulée du pays dépasse aujourd’hui les 1200 G$, soit plus de 40 000 $ par contribuables. Circulez, rien à regarder!
Tristement, une fois de plus, la petite politique l’emporte sur la réalité du terrain en pénalisant le mauvais groupe! Car dans les faits, c’est plutôt le groupe des «riches par hasard» que cette mesure affectera le plus et non les «ultrariches», tel qu’espéré.
En effet, ce n’est pas pour rien que les voix s’élèvent d’un océan à l’autre pour dénoncer cette mesure qui, finalement, ne fera qu’encourager une mince minorité d’ultrariches à être encore plus créatifs dans leur stratégie d’optimisation fiscale. Tout en décourageant les investisseurs d’ici et d’ailleurs de miser sur le Canada et en punissant fiscalement des milliers de Canadiens qui ont voulu bâtir un patrimoine familial au fil de longues années de travail.
Répercussion sur les PME
Cette mesure aura aussi une répercusion sur les PME d’ici. En effet, toute nouvelle taxe ou hausse d’imposition vient directement affecter les entreprises, surtout les PME qui peuvent être plus sensibles aux fluctuations en raison de leur taille et ressource financière limitées par rapport aux entreprises de plus grande envergure.
Je pense ici à la répercussion sur la rentabilité ou sur leur capacité à investir dans leur croissance. La logique est simple. Moins il reste d’argent au bas de la ligne, moins on a de facilité et de moyens de croître. La logique est la même sur le plan de la compétitivité. Comment rester compétitif face à une concurrence internationale jouissant souvent de meilleures conditions fiscales?
Quant à l’innovation et à la recherche, le gouvernement joue ici des deux côtés de la clôture en offrant, dans le même budget, certains incitatifs à l’innovation pour quelques industries ciblées tout en coupant dans les moyens d’investir en innovation pour les PME n’étant pas admissibles pour ces mêmes incitatifs…
Est-ce qu’il y aura une avalanche de déménagements de sièges sociaux ou une baisse radicale des investissements? Non. Cependant, le danger n’est pas une réaction de masse, c’est plutôt le supplice de la goutte d’eau qui, à la longue, doucement mais sûrement, va laisser d’importants dommages.
Nous sommes encore loin d’avoir une société juste et équitable pour tous. Les excès, d’un côté comme de l’autre, continuent de brouiller le véritable portrait de la situation. Nier que chacun doit faire un effort supplémentaire serait jouer à l’autruche. Cependant, faire porter le blâme de l’état de nos finances publiques aux plus riches et puiser, une fois de plus, dans les mêmes poches d’une minorité, qu’elle soit humaine ou corporative, l’est tout autant.
Une fois de plus, je crains bien que la grande majorité de ceux qui ressentiront le plus la répercussion de cette mesure soit des contribuables de la classe moyenne supérieure et des PME profitables et productives ayant tout investi dans leur communauté. Que le gouvernement soit obligé de fouiller dans les poches et fonds de tiroirs afin de financer leurs promesses et projets pharaoniques, c’est une chose. Que l’on envoie le message que c’est uniquement les méchants riches qui paieront la facture, mais qu’en fin de compte, ce n’est pas tout à fait la réalité sur le terrain, c’en est une autre.