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À surveiller: Marché Goodfood, Alithya et Doordash

Catherine Charron|Publié le 17 septembre 2021

À surveiller: Marché Goodfood, Alithya et Doordash

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Marché Goodfood, Alithya et Doordash? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

 

Marché Goodfood (FOOD, 9,86$): un panier bien rempli

Une grande part des gains de Marché Goodfood devraient bien persister dans le temps selon ce qu’a appris l’analyste de la Banque Scotia George Doumet lors de sa rencontre de la rentrée avec le chef de la direction financière de la société, Jonathan Roiter.

Il note qu’au cours des douze derniers mois, les emblématiques boîtes de repas prêts-à-cuisiner de Marché Goodfood ont connu une envieuse croissance de ses ventes nettes. Non seulement sa clientèle a-t-elle plus fréquemment commandé des paniers, mais elle a aussi été plus gourmande, se procurant davantage d’aliments sans pour autant recourir à des rabais ou du crédit.

Ces derniers semblent même avoir adopté cette nouvelle manière de faire leurs emplettes, puisque le taux de rétention de l’épicier en ligne est en hausse, une observation délectable pour l’analyste qui s’attendait plutôt à un ralentissement de cette croissance, plus d’un an après le début du confinement.

Cela ne devrait pas freiner pour autant Marché Goodfood dans sa campagne d’acquisition de nouveaux clients en cette période plutôt faste pour l’entreprise. En effet, alors que les enfants remettent les pieds à l’école, leurs parents tentent de trouver un moyen d’alléger leur routine de la soirée, entre les devoirs et les petits à coucher, et les boîtes de repas prêts-à-cuisiner ont su en séduire plus d’un à la rentrée par le passé, rappelle l’analyste.

Bien que la société ne soit pas immunisée contre les effets négatifs de l’inflation sur ses assiettes et les difficultés à embaucher, George Doumet indique qu’elle parvient néanmoins à les diluer en ajustant son menu et en investissant dans l’automatisation de ses opérations.

L’analyste se réjouit de voir que des indicateurs clés comme la taille du panier et la fréquence des commandes passées via son service d’épicerie en ligne, pour lequel il a de grandes attentes, sont en constante augmentation.

L’entreprise montréalaise travaille à bonifier son service de livraison le jour même à l’échelle du pays, surtout à Ottawa, Vancouver, et Québec, et ajoute de nouveaux aliments à son inventaire, dont certaines marques bien connues partout au Canada. D’ailleurs, la société fondée par Jonathan Ferrari et Neil Cuggy, qui offre présentement près de 1000 produits, compte en avoir plus de 4000 d’ici deux ou trois ans, rappelle l’analyste de la Banque Scotia.

Même si Marché Goodfood n’a pas encore dévoilé de quelle manière elle comptait faire croître ses revenus en épicerie pour qu’ils génèrent la moitié de ses ventes — il ne représentent que 10% aujourd’hui — elle a réitéré son intention de les faire passer à 20% d’ici son exercice 2022.

L’analyste demeure convaincu qu’ils pourraient représenter plus de 500 millions de dollars (M$) d’ici 2026. Au cours de cet exercice-ci, Marché Goodfood devrait générer 285 M$.

Sachant que son titre s’échange au rabais comparé à celui de sa concurrente Hello Fresh, cela laisse présager une belle croissance pour Marché Goodfood. La Banque Scotia maintient sa recommandation à «surperformance de secteur», et son cours cible à 12$, soit 1,7 fois son ratio valeur d’entreprise/vente attendu pour 2022.

Alithya (ALYA-T, ALYA-N, 3,41$, 2,70 $US): un plan d’action qui donne le goût de rêver

Alithya (ALYA-T, ALYA-N, 3,41$, 2,70 $US): un plan d’action qui donne le goût de rêver

Pour parvenir à doubler la taille de l’entreprise d’ici 3 à 5 ans, la direction d’Alithya mise sur une croissance interne des revenus de 5 à 10%, rapporte l’analyste de Desjardins Marché des capitaux, Kevin Krishnaratne, suite à un appel avec les actionnaires.

Il note que le plan d’action du consultant en informatique s’appuie aussi sur une marge de son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 9 à 13%, et sur des fusions et acquisitions qui lui permettront de générer des revenus de plus de 600 millions de dollars (M$).

Si, à court terme, ses primes de rendement seront en partie tirées de la satisfaction des employés (10%) et de celle de ses clients (10%), de la croissance de son BAIIA (40%) et de la croissance de ses revenus, à long terme, elles s’appuieront plutôt sur la performance de son titre et ses nouveaux revenus.

Son nouveau plan de rémunération des cadres supérieurs, bien aligné avec ses objectifs à long terme selon l’analyste, a d’ailleurs été mis en branle et est en viguer depuis le début de l’exercice 2022.

La société montréalaise compte bien atteindre ses objectifs, puisqu’elle vient de conclure un trimestre où sa croissance interne a grimpé de 23% en un an, et ses commandes de 34%. Les nouveaux contrats obtenus grâce à l’acquisition du spécialiste des solutions numériques R3D Conseil laissent aussi présager clairement des revenus de plus de 600 M$ d’ici 10 ans, estime Kevin Krishnaratne. Rappelons qu’à l’exercice 2021, ses revenus ont totalisé plus de 287 M$.

Pour l’instant, l’analyste de Desjardins Marché des capitaux maintient sa recommandation de «conserver» le titre, mais il s’attend à ce que la croissance des revenus d’Alithya lui donne bientôt un ton plus optimiste. En effet, bien que les derniers résultats trimestriels dévoilés par l’entreprise et ce plan d’action soient encourageants, de nombreux facteurs externes peuvent encore ralentir les dépenses de ses clients en services TI, ce qui devrait peser sur la performance de l’entreprise.

Ses actions dont la valeur est 9 fois supérieure à celle prévue pour 2022 sont abordables, juge Kevin Krishnaratne, surtout si ses revenus grimpent plus vite que ce qui est prévu par l’entreprise. L’analyste table plutôt sur un bond de 7% sur le marché américain, et de 9% sur le marché canadien au cours des exercices 2022 et 2023. Il se garde toutefois quelques réserves, attendant des signes que son carnet de commandes grossit bel et bien avant de s’emballer.

L’entreprise a aussi annoncé qu’elle comptait faire une offre publique de rachat dans le cours normal des activités de ses actions, afin de redonner un peu de vigueur à son titre qu’elle considère sous-évalué. Elle se révisera lorsqu’il se rapprochera du cours cible fixé par les analystes de 4$, soit 10 fois son BAIIA de l’exercice 2023.

Doordash (DASH, 209,85 $US): la société pèse sur le champignon

 

Doordash (DASH, 209,85 $US): la société pèse sur le champignon

Voyant son potentiel de croissance pour 2021 et les occasions opportunes que génèrera l’adoption par les commerces locaux des services de livraison grâce aux applications mobiles au cours des cinq prochaines années, Michael McGovern de Bank of America Securities gagne en confiance à l’égard de Doordash.

Ce dernier s’attend à ce que la livraison de commandes qui ne proviennent pas de restaurants doive permettre d’atténuer l’importante chute de ses revenus causés par la fin de la pandémie et des mesures de confinement. En effet, l’entreprise de San Francisco a développé de nombreux partenariats avec des entreprises d’autres secteurs, puisqu’elle a une position bien enviable dans l’industrie de la livraison.

Ainsi, les commandes dans les épiceries, les dépanneurs et les sociétés des alcools devraient faire croître ses revenus de 8% en 2021 à 16% en 2026, tandis que ses livraisons de commandes non alimentaires devraient passer de 2% à 10% d’ici cinq ans, note l’analyste.

Il semblerait toutefois que les amateurs de bons plats n’ont pas pour autant tourné le dos au service de livraison à domicile de leurs adresses préférées. Cette branche s’en tire mieux que prévu même si les mesures de confinement se dissipent, ayant crû de 17% par rapport à la même période l’an dernier au cours de la semaine du 4 septembre 2021 selon des données bancaires consultées par Michael McGovern.

L’analyste s’attend à ce que Doordash s’accapare encore davantage des parts de marché de la livraison et à ce qu’il s’en tire mieux que ses compétiteurs grâce notamment à ces nouveaux partenariats et au développement de nouveaux marchés à l’international.

Alors que le consensus des analystes table sur une croissance de la valeur nette de ses commandes de 14% au cours de 2022, avec un ralentissement au cours de la première moitié de l’exercice, l’analyste croit plutôt que les livraisons de commandes autres qu’alimentaires pourraient bien changer la donne.

C’est pourquoi il estime plutôt que la valeur nette des commandes devrait croître non pas de 22%, mais bien de 25% au cours de l’exercice, et ses revenus devraient grimper de 34% et non de 28% comme précédemment anticipé. C’est respectivement 11% et 13% de plus que les attentes du consensus.

Michael McGovern s’attend aussi à ce que d’ici 2026, ses revenus atteignent 15 milliards de dollars américains ($US), ce qui représente un taux de croissance annuel composé sur 5 ans de 26%. Bien qu’il s’échange présentement à un 11 fois ses revenus prévus pour l’exercice 2023, son titre demeure celui qui a les meilleures chances de croître parmi ceux du secteur du transport couvert par Bank of America Securities.

Malgré son grand optimisme, l’analyste garde un œil sur de prochaines réglementations qui pourraient affecter l’entreprise, ou sur la concurrence d’Amazon et son service de livraison le jour même, et Uber.

Bank of America Securities fait donc passer sa recommandation à «achat», et son cours cible de 190$US à 225$US.