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Énergir veut faire une «grosse acquisition» aux États-Unis

François Normand|Publié le 13 février 2024

Énergir veut faire une «grosse acquisition» aux États-Unis

«On est proactif. On a une liste de cibles qu’on regarde», souligne le patron d'Énergir, Éric Lachance, en entrevue à Les Affaires. (Photo: Énergir)

Sans tambour ni trompette, Énergir est «proactive» pour faire une «grosse acquisition» aux États-Unis, où elle y a déjà environ la moitié de ses actifs, affirme Éric Lachance, président et chef de la direction du distributeur et du producteur d’énergie.

«On est proactif. On a une liste de cibles qu’on regarde», souligne-t-il en entrevue à Les Affaires, sans toutefois vouloir divulguer le nom de ces cibles potentielles d’acquisition au sud de la frontière.

En revanche, Éric Lachance précise qu’Énergir — détenue à 80,9% par la Caisse de dépôt et placement du Québec et à 19,1% par le Fonds de solidarité FTQ — a déjà fait des offres d’achat sur des entreprises américaines, mais sans succès.

«Mis à part 2023 qui a été une année de dislocation sur les marchés avec la hausse des taux d’intérêt, et où les acheteurs et les vendeurs ne se rencontraient pas, je vous dirai que chaque année, dans les trois années précédentes, on avait quand même soumis des offres qui n’ont pas été retenues», confie-t-il.

En date du 30 septembre 2023, environ 50% des actifs totaux d’Énergir — de cinq milliards de dollars canadiens — étaient situés aux États-Unis, surtout au Vermont.

Dans cet État, Énergir distribue du gaz naturel par le biais de sa filiale Vermont Gas Systems (VGS).

Elle y produit et distribue aussi de l’électricité à l’aide de son autre filiale, Green Mountain Power (GMP), incluant du transport d’électricité dans l’État voisin, au New Hampshire.

Dans le nord-est des États-Unis (mais surtout au Vermont), la société produit plusieurs types d’énergie renouvelable, dont de l’éolien, du solaire et de l’hydroélectricité — elle possède 32 barrages. 

À l’extérieur du Vermont, Énergir produit donc de l’électricité dans le Maine, au Connecticut et dans l’État de New York.

 

Une stratégie en deux volets

Énergir a une approche structurée pour faire cette éventuelle acquisition aux États-Unis, explique Éric Lachance.

Dans la production d’énergie, l’entreprise québécoise fera uniquement une acquisition si cette société convoitée est située au Vermont, un marché qu’elle connaît bien depuis longtemps — Green Mountain Power a été achetée en 2007.

Cette stratégie limite toutefois ses options étant donné la petite taille de la population de cet État.

Par conséquent, à l’extérieur du Vermont, l’éventuelle acquisition se fera uniquement dans le secteur de la distribution de gaz naturel et/ou d’électricité, insiste Éric Lachance.

«C’est clair qu’on va s’en tenir à de la distribution, et ce sera de la distribution qui sera majoritairement électrique, selon toute probabilité», dit-il.

Énergir n’a pas non plus l’intention de se limiter au nord-est des États-Unis pour ce «gros ticket» — comprendre une grosse acquisition — dans la distribution d’électricité sur le marché américain, explique le patron de l’entreprise québécoise.

Ça pourrait être par exemple aussi loin qu’en Californie.

«Pourquoi un gros ticket? Parce que les processus réglementaires et politiques qui accompagnent une transaction comme ça sont aussi lourds, que ce soit une petite ou une grosse transaction», dit Éric Lachance.

Énergir est aussi à la recherche d’une entreprise dont la culture organisationnelle est «compatible» avec la sienne, qui est axée sur la transition énergétique.

 

Pas d’intérêt pour les États proénergie fossile

Selon Éric Lachance, l’environnement réglementaire de l’État américain où se situe l’éventuelle entreprise convoitée doit aussi permettre à Énergir de déployer sa stratégie d’affaires en matière d’innovations pour la transition énergétique.

Bref, Énergir n’est pas intéressée par les États en faveur de l’énergie fossile et hostile à l’électricité renouvelable, même si l’entreprise distribue du gaz naturel fossile au Québec — actuellement, seulement 2% des volumes distribués dans ses gazoducs sont constitués de gaz naturel renouvelable (GNR).

«Peut-être que sur la base d’un investissement à court terme, ça paraît plus alléchant, moins menaçant. Mais pour nous, on pense que c’est une erreur, parce qu’à moyen et à long terme, ça va frapper dans l’autre sens», dit-il.

En effet, la transition énergétique est bien amorcée aux États-Unis.

Une trentaine d’États américains ont des politiques pour décarboner leur économie dans les prochaines années, et ils devraient poursuivre dans cette voie, peu importe le président aux commandes à la Maison-Blanche.

Par exemple, l’État de New York souhaite que 70% de l’électricité consommée sur son territoire soit de source renouvelable en 2030, pour ensuite atteindre 100% en 2040.

Ainsi, dans 16 ans, 30% de l’électricité serait d’origine nucléaire (qui n’émet pas de gaz à effet de serre) et 70% d’origine renouvelable classique (hydroélectricité, solaire, éolienne, etc.), incluant 12% en provenance des exportations d’énergie d’Hydro-Québec, selon la New York State Energy Research and Development Authority.