La demande pour le bois d’oeuvre sera propulsée par la demande en maison neuves aux États-Unis, tout comme au Canada. (Photo: 123RF)
Le prix du bois d’œuvre va poursuivre son ascension en 2022, ce qui aura une incidence sur le prix de construction des propriétés neuves.
Le prix se situe présentement autour de 1700 $ par millier de pieds mesure de planche (pmp), soit tout près du sommet d’environ 1850 $ en novembre 2020, indique le directeur de la Division de l’économie et des marchés du Conseil de l’industrie forestière du Québec (CIFQ), Michel Vincent. Il n’entrevoit pas de baisse parce que la production est incapable de rattraper la demande, que ce soit au Québec ou ailleurs dans le monde.
« Le Québec produit six milliards pmp annuellement, et la demande est supérieure, a-t-il expliqué dans le cadre d’un webinaire organisé par l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec. Le volume de récolte est atteint, et même s’il en restait, il manque d’entrepreneurs forestiers pour le récolter et de main-d’œuvre dans les scieries pour le couper. »
Les usines ailleurs en Amérique du Nord n’arrivent pas non plus à suivre la demande, ajoute Michel Vincent. D’ailleurs, pour la première fois, le continent nord-américain est devenu un importateur de bois d’œuvre en 2021 pour tenter de combler le manque à gagner.
Le CIFQ prévoit une croissance de la production de 3,5 milliards pmp au Québec d’ici 2023, mais elle sera entièrement utilisée pour combler la hausse de consommation prévue, qui devrait se situer à 4 milliards pmp.
Construction et rénovation
La demande sera propulsée par la forte demande en maisons neuves, autant aux États-Unis qu’au Canada, mais aussi par les rénovations.
Michel Vincent remarque que la demande en maisons unifamiliales neuves a explosé depuis le début de la pandémie. C’est que le stock est à un plancher historique des deux côtés de la frontière, et que la différence de prix entre l’achat d’une maison plus vieille et la construction d’une neuve est assez faible pour favoriser la construction. « La prime pour une maison neuve est présentement d’environ 10 %. En bas de 15 %, les gens vont vers le neuf », avance-t-il.
Le directeur de la Division de l’économie et des marchés de la CIFQ évalue qu’une maison neuve a besoin, en moyenne, d’environ 15 000 pmp. Il évalue que cela correspond à 3 % ou 3,5 % de la valeur de la construction. Pour une propriété de 500 000 $ (excluant le terrain), c’est donc dire qu’il en coûte entre 15 000 $ et 17 500 $ en bois d’œuvre.
Il souligne également que les milléniaux ont inondé le marché des acheteurs. Ceux-ci se tournent inévitablement vers des maisons plus âgées étant donné leur salaire moins élevé.
« Ces propriétés nécessitent beaucoup de bricolage, précise-t-il. Une grosse partie du bois d’œuvre va dans les rénovations parce que les milléniaux achètent des maisons plus vieilles. »
Effet du conflit Ukraine-Russie
Les acteurs de l’industrie auront à l’œil le conflit Ukraine-Russie au cours des prochains mois. La Russie est l’un des plus grands exportateurs mondiaux de bois d’œuvre qui, selon les chiffres fournis par Michel Vincent, composait 65 % de sa production totale. Parmi les principaux acheteurs, on retrouve l’Europe, avec 3,3 milliards pmp annuellement.
La perte de cette production aura inévitablement une incidence en Amérique du Nord, avance Michel Vincent. Pour l’instant, l’Europe poursuit ses livraisons au Canada et aux États-Unis parce que leurs scieries sont configurées pour des matériaux de format nord-américains. D’ici quelques semaines, cependant, les producteurs européens devraient reconfigurer leurs équipements pour prioriser l’approvisionnement local.
« Le bois sur les quais qui attend de partir ne peut pas servir en Europe, affirme-t-il. Un 2 x 4, ils n’utilisent pas ça. Mais lorsqu’ils auront réajusté le tir, nous allons voir une baisse des exportations européennes. »
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