Saint-Hyacinthe souhaite en quelque sorte créer des petits Silicon Valley dans différents champs d’activité entourant la santé animale. (Photo: 123RF)
FOCUS RÉGIONAL: MONTÉRÉGIE. Saint-Hyacinthe est un pôle d’expertise en santé animale qui n’a pas d’équivalent au Québec. Loin de se reposer sur leurs lauriers, les acteurs du secteur veulent s’assurer de son bon développement futur et tentent maintenant d’en faire une zone d’innovation désignée par Québec.
« Notre ADN, dans la région, c’est l’agroalimentaire et la santé animale », affirme André Barnabé, directeur général de Saint-Hyacinthe Technopole. Chargé du développement économique sur le territoire de la MRC des Maskoutains, son organisme a notamment pour mandat d’y attirer de nouvelles entreprises et de promouvoir la région auprès d’investisseurs potentiels.
«Il y a beaucoup d’innovations, mais souvent, elles ne mènent pas à des produits et services commercialisables. En devenant une zone d’innovation, on espère continuer d’innover, mais en impliquant davantage le privé dans le but de commercialiser nos innovations», selon André Barnabé, directeur général de Saint-Hyacinthe Technopole.
« Même si on a la chance d’avoir la seule faculté de médecine vétérinaire du Québec sur notre territoire, on veut faire émerger encore plus l’innovation dans le secteur de la santé animale », poursuit-il. Pour y arriver, Saint-Hyacinthe Technopole vise à faire de sa région une zone d’innovation. C’est-à-dire un territoire désigné par le ministère de l’Économie et de l’lnnovation où des acteurs provenant de la recherche, de l’industrie et de l’entrepreneuriat sont regroupés et collaborent dans une optique d’innovation. L’idée est en quelque sorte de créer de petits Silicon Valley dans différents champs d’activité.
Hautement intéressé par cette initiative qui a pris de la vitesse cette année, Saint-Hyacinthe Technopole a donc travaillé de concert avec Cintech et la Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, en plus de consulter les entreprises de la région, pour rédiger le plan d’affaires exigé par Québec. « On a déposé ce projet en avril dernier et on espère avoir une réponse au cours de l’été », note André Barnabé. Si celui-ci est accepté, la région deviendra une zone d’innovation en agroalimentaire et en santé animale.
Miser sur l’IA
La Faculté de médecine vétérinaire de l’Université de Montréal, établie à Saint-Hyacinthe depuis 1969, est l’une des cinq facultés de cette spécialité du pays. Important centre d’enseignement et de recherche, elle est située dans la Cité de la biotechnologie, à un jet de pierre du cégep de Saint-Hyacinthe et de l’Institut de technologie agroalimentaire, deux autres acteurs d’importance avec qui collabore la Faculté.
« Il y a une synergie importante qui s’opère entre nos trois établissements », reconnaît Jean-Pierre Lavoie, vice-doyen à la recherche de la Faculté. Le cégep et la Faculté, de même que d’autres acteurs, participent d’ailleurs à un projet commun en matière d’intelligence artificielle (IA), soit la mise en place de la plateforme IA-Agrosanté, un service de consultation en sciences des données et en IA.
Le but de cette plateforme est d’assister les industriels et les professeurs de ces secteurs, notamment dans leurs projets de valorisation de données, de l’idée jusqu’à la mise en production. IA-Agrosanté peut entre autres développer des applications de bureau ou web, évaluer, conceptualiser, développer et moderniser des banques de données, ou encore mettre en place la meilleure solution d’IA pour un projet donné.
L’initiative est prometteuse, se réjouit Jean-Pierre Lavoie, qui est également professeur titulaire en médecine interne des chevaux. « On sait que l’IA va révolutionner la pratique vétérinaire, et cette plateforme-là sera la première en son genre au monde, alors on pense qu’on sera capable de se positionner avantageusement sur la scène nationale et internationale. »
Un nouveau siège social
En attendant sa reconnaissance officielle de zone d’innovation, la région n’est pas en reste. L’hiver dernier, Saint-Hyacinthe Technopole annonçait par exemple un investissement de 30 millions de dollars pour la construction des nouvelles installations de CDMV — qui commercialise des produits et des médicaments destinés aux pratiques vétérinaires — dans la Cité de la biotechnologie.
« CDMV appartient à Investissement Québec et ils sont basés à Saint-Hyacinthe depuis toujours, précise André Barnabé. Mais ils manquaient d’espace. C’est quand même le plus gros joueur du pays dans son champ d’activité, alors on est heureux de maintenir leurs activités ici. »
Le nouveau bâtiment de 135 000 pieds carrés, dont Saint-Hyacinthe Technopole sera propriétaire, accueillera le siège social et la totalité des activités québécoises de CDMV. La première pelletée de terre a eu lieu à la mi-mai.
André Barnabé espère que CDMV sera alors dans une meilleure posture pour attirer des fournisseurs et les inciter à s’installer dans la région. « On ne pourrait pas avoir d’illustration plus concrète que ce projet-là en ce qui a trait à nos visées dans le secteur vétérinaire », constate le directeur général.