À chaque kilomètre qu'elles parcourent, les locomotives noires de la société Chemins de fer du Québec (CFQ) bonifient le bilan vert du transporteur ferroviaire. À ce jour, CFQ est la première société ferroviaire - et la seule - inscrite au Registre canadien de réduction des gaz à effet de serre (GES). À la fin 2007, le transporteur avait accumulé des crédits de 17 668 tonnes de carbone depuis l'ouverture de son compte en 2004. Son objectif consiste à diminuer ses émissions de GES de 63 000 tonnes d'ici 2015. Ces crédits de carbone auront une belle valeur d'échange dans le marché du climat lorsque le gouvernement canadien aura adopté le cadre réglementaire de sa politique de réduction des émissions de GES pour les grandes entreprises, telles les papetières, qui comptent parmi les plus importantes clientes de compagnies de chemin de fer. " Nous n'avons pas encore déterminé comment nous en disposerons, dit Marc Laliberté, pdg des CFQ. Nous pourrions nous en servir pour aider nos clients s'ils ont des difficultés à atteindre leur cible de réduction de GES. Ces crédits pourraient être un bon outil de commercialisation pour nous. " Les CFQ gagnent leurs crédits de carbone grâce à leur programme d'efficacité énergétique. Après analyse de tous les facteurs qui influent sur la consommation de carburant de ses locomotives, le transporteur a adopté un modus operandi plus économe fondé sur la vitesse optimale des convois compte tenu des charges transportées, de la topographie du chemin à parcourir et des temps de parcours. Amélioration continue Cette pratique lui procure un double avantage : non seulement elle rapporte des crédits de carbone, mais elle réduit aussi la facture de carburant. Entre 2004 et 2006, les CFQ ont économisé 4,8 millions de litres de carburant. Une réussite, lorsqu'on considère que le parc d'une cinquantaine de locomotives est âgé en moyenne de 35 ans." Nous améliorons notre bilan chaque année", dit Marc Laliberté." Ce n'est pas l'effet du hasard. Il faut orienter l'organisation des opérations vers nos objectifs." Les CFQ ont vu le jour en 1994 lorsque le Canadien National (CN) s'est départi du Chemin de fer de Charlevoix, long de 147 kilomètres, qui relie Clermont, dans la MRC de Charlevoix-Est, à la cour de triage de Limoilou, à Québec. Depuis, les CFQ, dont l'actionnariat est canadien, ont repris du CN plusieurs chemins de fer locaux dans la péninsule gaspésienne, dans l'Est de l'Ontario et au Nouveau-Brunswick. En 1999, ils sont entrés dans le capital actions de COGEMA, société qui exploite le traversier-rail entre Matane et les ports de Baie-Comeau et de Sept-Îles. Marc Laliberté étendra à COGEMA la même politique d'efficacité énergétique. Il y tient d'autant qu'il propose d'établir cette année une navette régulière entre le ports de Sept-Îles et de Matane. Cet article est tiré du journal Les Affaires du 23 au 29 février 2008."