La tranquillité d'esprit est devenue plus abordable. Les taux hypothécaires variables sont maintenant plus élevés ...
La tranquillité d’esprit est devenue plus abordable. Les taux hypothécaires variables sont maintenant plus élevés que certains taux fixes. Ont-ils toujours leur raison d’être si l’emprunteur n’est plus récompensé pour prendre le risque de voir les taux augmenter ?
Au 5 mars, le taux hypothécaire variable annoncé p ar le courtier hypothécaire Multi-Prêts pour un terme de cinq ans était supérieur de 66 points de base au taux fixe d’une même période (2,9 %, comparativement à 2,54 % pour un fixe).
L’incertitude politique et économique qui plane sur la planète explique cette situation inusitée, selon Denis Doucet, porte-parole de Multi-Prêts, qui a évoqué la propagation du coronavirus et les tensions entre les États-Unis et l’Iran. L’inquiétude a ainsi gagné les marchés et pourrait entraîner un ralentissement économique.
« En cas de récession, les taux d’intérêt diminueront parce que les banques centrales baisseront les taux directeurs », mentionne Joanie Fontaine, économiste principale de l’entreprise JLR Solutions foncières. Bien qu’il soit légèrement plus élevé, le taux hypothécaire variable pourrait donc intéresser les emprunteurs qui croient que les taux diminueront lorsque l’économie ralentira. Avant de faire ce pari, il faut toutefois s’assurer d’être en mesure de composer avec une hausse des taux.
Une récession n’est toutefois pas assurée, nuance Denis Doucet. Autrement dit, la baisse des taux n’est pas garantie pour ceux qui ont opté pour un taux hypothécaire variable. « Et il n’y a rien qui dit que la récession s’en vient dans trois mois, note-t-il. Avec l’incertitude actuelle, on peut s’attendre à ce que cette inversion de taux continue, mais c’est très difficile à dire. »
Une solution propre à chacun
Dans ces circonstances, les taux variables ont perdu en popularité tandis que plus d’emprunteurs choisissent la stabilité et un taux de départ plus bas, constate Olivier Nadeau, directeur à la gestion de produits et aux solutions de financement à l’habitation, chez Desjardins. Denis Doucet, de Multi-Prêts, abonde dans le même sens. « Pour le risque que ça représente, dit-il, les gens prennent le taux fixe en se disant que c’est plus avantageux. »
Le choix entre fixe et variable ne se limite pas aux prévisions économiques. « Si on pense vendre dans les cinq prochaines années, on peut aussi [décider de rejeter] un taux fixe de cinq ans parce que, si on veut terminer le contrat avant la fin, les frais seront beaucoup plus élevés qu’avec un taux variable », donne en exemple Joanie Fontaine, en soulignant que la différence peut représenter plusieurs milliers de dollars.
M. Nadeau ajoute que plusieurs critères entrent en ligne de compte pour prendre la meilleure décision. « Les conseils [que nous donnons] à nos membres s’adaptent selon leurs situations, en prenant en considération une multitude de facteurs tels que leurs projets, leurs besoins, leurs échéanciers, leur aversion au risque, leurs anticipations sur les taux d’intérêt, etc. »
Au-delà du taux d’intérêt, plusieurs clauses distinguent les produits hypothécaires, notamment en ce qui a trait à la transférabilité du prêt, au remboursement anticipé et à la rupture du contrat. « Si j’ai un conseil à donner, c’est de ne pas tenir pour acquis ce que les autres font en se disant que ce sera bon pour soi », dit M. Doucet.