Jean-René Ouellet, vice-président, gestionnaire de portefeuille et gestionnaire principal de patrimoine, Valeurs mobilières Desjardins (Photo: courtoisie)
Le portefeuille équilibré composé à 60 % d’actions et à 40 % d’obligations, surnommé portefeuille 60/40, a grandement souffert des hausses de taux d’intérêt depuis mars 2022, mais est en ce moment beaucoup plus intéressant.
«Les investisseurs ont beaucoup souffert à court terme quand les taux se sont mis à monter, mais à plus long terme, c’est une bonne chose. La meilleure manière de le figurer, c’est que si les taux obligataires étaient restés à 1 %, investir la portion obligataire à ce rendement pour les 20 prochaines années n’aurait eu aucun sens, car c’est en bas de l’inflation. Après les hausses de taux qui ont fait mal sur le coup, on peut aujourd’hui investir à des taux intéressants. Avec les taux actuels, on a des taux réels positifs. J’ai passé presque la totalité de ma carrière à convaincre des gens d’investir en actions, mais aujourd’hui, le 60-40 me paraît très acceptable pour la suite des choses», dit Pierre-Benoît Gauthier, vice-président adjoint à la stratégie de placement à IG Gestion de Patrimoine.
Selon lui, les investisseurs peuvent s’attendre à un rendement de leur portefeuille de titres à revenu fixe qui sera proche du taux des obligations gouvernementales à échéance de 10 ans, qui oscille entre 3,5% et 4 %. «Si on pense que les actions américaines vont générer un rendement de 5 % à 10 % cette année, ça nous donne un portefeuille 60/40 qui offrira de 6 % à 7 %, proche de sa moyenne historique», explique-t-il.
Jean-René Ouellet, vice-président, gestionnaire de portefeuille et gestionnaire principal de patrimoine à Valeurs mobilières Desjardins, semble même un peu plus optimiste. «Même si ça s’est fait au prix de deux années de rendements difficiles pour les marchés obligataires, ce qui se dresse aujourd’hui devant les investisseurs est nettement plus intéressant. On l’a déclaré mort sur bien des tribunes, le portefeuille 60/40, mais il est en forme et bien vivant aujourd’hui. Outre les sommets de cet automne, on est à peu près aux rendements offerts les plus élevés des 15 dernières années. Ce qui veut dire que le marché obligataire est le plus alléchant des 15 dernières années pour les rendements offerts en ce moment», affirme-t-il.
Il ajoute que beaucoup d’obligations qui ont été émises avant les hausses de taux d’intérêt se négocient actuellement à escompte. Elles pourraient donc générer un gain en capital advenant d’éventuelles baisses de taux d’intérêt, ce qui serait avantageux. «S’il y a une cassure à la Bourse, il y a de la place pour que les taux d’intérêt reculent de 150 à 300 points de base. Chemin faisant, certaines niches du marché obligataire pourraient générer des rendements de 15 % à 30 %», soutient Jean-René Ouellet.
Les hausses de taux annoncées depuis mars 2022 ont ainsi restauré, selon lui, la capacité de protection du marché obligataire.