L’IA «est un outil de plus avec lequel nous apprenons à travailler et qui change nos façons de faire pour le mieux», soutient Vincent Fournier, de Claret. (Photo: 123RF)
Le marché mondial de l’intelligence artificielle (IA) dans la gestion d’actifs devrait atteindre une croissance annuelle moyenne de 25 % entre 2023 et 2027, selon une récente étude de Grand View Research, une société de recherche et de conseil en marketing. Comment s’articule la transition au sein de l’industrie et comment celle-ci voit-elle le tout ?
«Pour nous, c’est une bonne nouvelle. On est dans le secteur tertiaire, où il y a des occasions d’automatisation et d’amélioration de la productivité, surtout dans le contexte de la prolifération et du traitement des données», estiment Alexandre Legault, vice-président et gestionnaire de portefeuille, et son collègue Andrew Kost, gestionnaire de portefeuille chez Allard Allard et Associés. Ces derniers, qui travaillent dans l’industrie depuis près de 30 ans, se rappellent les débuts d’Internet et la rareté des données qui étaient alors à leur disposition.
«Le défi, aujourd’hui, c’est trier l’information, car elle est disponible de tous bords tous côtés. L’IA aide à ce niveau, ce qui nous rend plus efficaces et plus productifs.»Ils soulignent aussi que, outre l’aspect investissement, cela va les aider dans d’autres facettes de leur travail:les conciliations quotidiennes des comptes, la conformité des comptes avec les clients et tout ce qui peut également toucher l’optimisation des communications.
Cela peut se traduire, par exemple, par des envois ciblés d’informations à tous les clients qui s’intéressent à un sujet donné, comme le CELIAPP, parce qu’ils songent à acheter une première propriété.
Même son de cloche du côté de Vincent Fournier, gestionnaire de portefeuille à Claret. «C’est un outil de plus avec lequel nous apprenons à travailler et qui change nos façons de faire pour le mieux.»Il émet cependant un bémol, estimant que les nouvelles technologies et certains algorithmes que l’on retrouve sur plusieurs médias sociaux en viennent à inonder l’investisseur d’informations qui le distraient de ses objectifs financiers à long terme. «C’est l’autre face de la médaille de l’IA à mon avis.»Selon lui, ce pilonnage d’information met à rude épreuve la corde émotive des investisseurs et les incitent, trop souvent, à craindre le pire et à modifier leur stratégie de placement. «Dans l’esprit d’un investisseur, la perte d’argent fait deux fois plus mal que le plaisir ressenti à la suite d’un gain de même valeur», dit-il. Il croit qu’à terme, cela risque de renforcer le rôle-conseil des gestionnaires de portefeuille, mieux habilités à accompagner l’investisseur dans sa gestion des émotions.
«On observe déjà l’impact de l’IA dans notre milieu et c’est dans l’ensemble positif», mentionne pour sa part Simon Houle, gestionnaire de portefeuille au Groupe Onyx, IA Gestion privée de patrimoine.
Selon lui, l’IA a permis à son équipe d’être plus productive et de mieux passer au travers d’une période de pénurie de main-d’oeuvre. «Ça nous a permis d’être plus efficaces et d’accroître notre capacité à nous centrer davantage sur notre clientèle.»Il mentionne que l’IA leur a permis de réduire de moitié le temps passé à préparer des présentations et à optimiser les plans financiers pour leurs clients. «Je ne crois pas que cela existe encore, mais si l’IA pouvait nous aider à optimiser fiscalement les portefeuilles, ce serait vraiment un bond en avant.»Est-ce que ça veut dire que l’IA pourra tout faire à terme ? «Je ne crois pas qu’elle pourra se substituer aux humains. Oui, la finance, c’est très cartésien, mais en même temps très émotif», dit-il, affirmant que le rôle du conseiller est avant tout de s’assurer que les clients sont capables de garder le cap, peu importe les turbulences sur les marchés financiers.
Simon Houle mentionne que l’IA leur a permis de réduire de moitié le temps passé à préparer des présentations et à optimiser les plans financiers pour leurs clients.