Guillaume Touze: «Il est temps d'aller voir à l'extérieur de l'Amérique»


Édition du 22 Janvier 2020

Guillaume Touze: «Il est temps d'aller voir à l'extérieur de l'Amérique»


Édition du 22 Janvier 2020

Par Dominique Beauchamp

Le ­président fondateur de ­Quadra ­Capital dirige le nouveau bureau montréalais de ce gestionnaire de placements alternatifs qui vient de s’associer à ­Gestion d’actifs mondiale ­Walter (WGAM) de ­Montréal. Ayant plus de 20 ans d’expérience dans l’industrie, M. Touze a occupé divers postes de gestion chez ­Barclays avant de fonder ­Quadra ­Capital en 2014. (Photo: courtoisie)

À PORTEFEUILLE OUVERT. 
Les Affaires - Expliquez- nous d'abord vos spécialités.

Guillaume Touze - Nos fonds ont divers mandats. Certains visent le rendement absolu à l'aide de l'achat et de la vente à découvert d'actions. D'autres investissent dans des titres à revenus fixes, dans des titres de dette des marchés émergents ou achètent même des actifs réels tels que les conteneurs, navires et wagons. Pour les actions mondiales, nous choisissons les titres individuellement en fonction de tendances lourdes, sans trop nous soucier des notions macroéconomiques. Nous cherchons des entreprises offrant une forte capacité de croissance à prix raisonnable, quelle que soit leur origine géographique. On les trouve surtout parmi les titres à moyenne capitalisation, de 5 à 25 milliards de dollars en valeur boursière. Ces sociétés évoluent dans l'ombre des plus grandes, mais dès qu'elles atteignent une certaine taille (10 G $ US), elles attirent l'oeil d'acquéreurs. Au fil des ans, une cinquantaine de nos titres se sont d'ailleurs fait acheter, comme la pharmaceutique Actelion (Johnson & Johnson), le fabricant de lait en poudre Mead Johnson (Renckitt Benckiser) ou l'ex-filiale des lampes de Siemens, Osram (AMS).

L.A. - Comment figure l'Europe dans vos stratégies ?

G.T. - Nous ne gérons pas la répartition globale des portefeuilles de nos clients, mais il nous semble logique qu'après une année exceptionnelle à la Bourse américaine, les investisseurs ou les répartiteurs doivent opérer une diversification. La croyance que la Bourse américaine peut continuer de monter est très ancrée et les actions y sont chères, particulièrement pour les plus grandes sociétés. Les investisseurs sous-estiment le danger d'un essoufflement de la consommation, de la complexité des conflits commerciaux et de l'instabilité de la politique interne. L'Europe n'est pas économiquement en grande forme, mais les cours sont attrayants et les multinationales performent mieux que ne le veut la croyance générale. En même temps, le prolongement de l'assouplissement quantitatif par la Banque centrale européenne procure de la stabilité aux marchés.

L.A. - Quels grands thèmes à long terme avez-vous dégagés ?

G.T. - La démographie, l'innovation et la rareté des ressources sont les trois grandes catégories. Sous ces grands thèmes, des sous-thèmes ont pris de l'ampleur au fil des années. Dans la robotique, par exemple, nous avons acheté des actions d'Intuitive Surgical (ISRG, 598,29 $ US) dès 1995. Nous détenons encore quelques actions. L'innovation englobe aussi l'automatisation et la cybersécurité. Nous détenons des actions de la société d'origine israélienne CyberArk (CYBR, 140,54 $ US), un leader mondial de la sécurité de l'information, depuis plusieurs années. La société de jeux vidéo Ubisoft est aussi un de nos placements les plus stables. L'entreprise est bien installée dans l'univers des jeunes. Ses jeux vedettes Assassin's Creed et Just Dance, entre autres, lui donnent les ressources financières pour investir dans la création de nouveaux produits.

L.A. - Pouvez-vous partager un autre exemple de placement dans le thème de la rareté des ressources ?

G.T. - Nous avons investi dans la société Befesa S.A. (BFSA), qui se spécialise dans la collecte et le recyclage de particules de métal dans les usines. Sa capacité technologique lui confère une position de quasi-monopole puisqu'elle effectue une tâche névralgique pour ses clients. Malgré sa taille moyenne, la société contrôle la moitié du recyclage de poussière d'acier et de scories salées d'aluminium. Befesa dégage déjà de bonnes marges et des flux de trésorerie relativement élevés tout en offrant un potentiel de croissance significatif. Incorporée au Luxembourg, l'entreprise est présente en Allemagne, en Espagne, en Suède, en Grande-Bretagne, en Turquie et en Corée du Sud. Befesa construit actuellement ses deux premières usines en Chine. Nous avons aussi en portefeuille le producteur émergent de lithium Sociedad Química y minera de Chili (SQM, 31,67 $ US), dont les mines se situent dans la région d'Atacama.

L.A. - Quels types de titres avez-vous vendus à découvert récemment ?

G.T. - LMVH, le grand groupe français du luxe mieux connu pour ses marques Louis Vuitton, Moët et Chandon, ou encore Givenchy, est très bien positionné dans son créneau, mais à plus court terme, nous croyons qu'il pourrait souffrir d'un ralentissement de la consommation de produits haut de gamme en Chine et en Asie. Nous avons aussi vendu à découvert le producteur d'autos électriques Tesla (TSLA, 513,49 $ US). Sur le plan de l'innovation, l'entreprise et ses produits sont formidables. Par contre, nous jugeons sa gestion déficiente comme l'ont montré toutes les difficultés rencontrées avec la berline familiale Modèle 3.

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