Assurance invalidité: la protection la plus importante
Institut de planification financière|Publié le 15 septembre 2023Si la personne gagnant le revenu dans le ménage devenait invalide, il deviendrait très difficile de respecter des paiements hypothécaires déjà élevés. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Acheter une propriété de nos jours s’avère tout un défi, particulièrement pour un célibataire ou pour un couple avec un seul revenu. Le prix des maisons atteint des sommets et les paiements hypothécaires sont plus élevés qu’il y a quelques années, à cause des taux d’intérêt plus hauts.
Si la personne gagnant le revenu dans le ménage devenait invalide, il deviendrait très difficile de respecter des paiements déjà élevés. Rajoutons à cela les autres factures, qui augmentent aussi dû à l’inflation, et l’épargne-retraite pourrait bien être mise de côté… C’est un engrenage dans lequel on ne veut pas tomber.
Prenons l’exemple d’une personne salariée qui a un revenu d’emploi annuel de 100 000 $. Elle n’a pas d’autres revenus et a un régime d’assurances collectives avec son employeur. Voyons la situation lorsque ce régime inclut et n’inclut pas une assurance invalidité :
En présence d’assurance collective dont l’employeur paye les primes | Sans assurance collective | |
Revenu avent impôts | 100 000 $ (brut) | 100 000 $ (brut) |
Assurance collective (hypothèse de couverture à 70 % du revenu) | 70 000 $ (brut) | 0 $ |
Besoin avant impôt | 30 000 $ (brut) | 100 000 $ (brut) |
Revenu après impôt (hypothèse d’un taux marginal de 40 %) et charges sociales | 12 731 $ (net) | 67 731 $ (net) |
Besoin d’assurance invalidité supplémentaire | 1 061 $ net/mois | 5 644 $ net/mois |
De façon générale, la personne sans assurance collective au travail devrait souscrire à une assurance invalidité personnelle correspondant à son revenu après impôt et charges sociales. Nous soustrayons ces dernières, car les prestations d’assurance n’y seraient pas assujetties.
Quelques éléments supplémentaires à considérer
Impact sur le besoin d’assurance invalidité | |
Moins cotiser au Régime de rentes du Québec (RRQ) pourrait engendrer un manque à gagner à la retraite, dépendamment de la durée de l’invalidité. | Augmente |
L’assurance collective ne couvre pas les montants de boni annuel ni le temps supplémentaire. Il faut en tenir compte si une personne compte sur ces derniers pour payer ses factures. | Augmente |
Dans notre exemple, il n’y aurait pas de revenu gagné aux fins du REER, alors pas de cotisations REER possibles, ni d’économies d’impôt à cet égard. | Augmente, mais la personne peut épargner un montant équivalent plus faible en CELI comme alternative. |
Si la personne a un régime de retraite auprès de son employeur, il faut vérifier si ses cotisations et celles de son employeur sont exonérées pendant son invalidité. | Diminue si les cotisations sont exonérées. |
Pourquoi inclure l’épargne-retraite dans une analyse de besoins en invalidité? Étant donné que les prestations d’assurance invalidité cessent généralement à 65 ans, s’il n’y a pas d’épargne accumulée au moment de la retraite, la personne ne pourra compter que sur les rentes gouvernementales pour vivre, par exemple celles de la SAAQ, du CNESST ou du RRQ. Le RRQ peut verser une rente d’invalidité, sous certaines conditions, mais elle n’est payable que jusqu’à 65 ans. Ensuite, elle est remplacée par la rente de retraite du RRQ, qui pourrait d’ailleurs être amputée, car les prestations d’assurance invalidité ne sont pas des gains admissibles aux fins de la rente de retraite du RRQ. Ainsi, en assurance invalidité, on vise à remplacer non seulement le coût de vie, mais aussi l’épargne-retraite.
Finalement, même avec une protection invalidité au travail, la personne dans notre exemple se retrouve avec 1 000 $ net en moins par mois. Serait-elle capable de bien vivre et d’épargner avec cette somme en moins? Il est permis d’en douter, notamment avec la situation actuelle. Heureusement, il existe quelques options pour gérer ce risque.
De façon générale, la protection la plus personnalisée risque d’être celle souscrite de façon individuelle. Elle pourra comprendre des clauses spécifiques à la personne, comme la définition d’invalidité (le choix va dépendre de la profession de la personne), l’invalidité partielle (si par exemple vous perdez 20 % de votre revenu tout en n’étant pas totalement invalide), l’option d’assurance future (augmenter sa protection sans fournir de preuve de bonne santé), l’indexation au coût de la vie en cours d’invalidité, etc.
Une personne qui a besoin d’une protection complémentaire en invalidité pourrait aussi se tourner vers l’assurance invalidité sur le prêt hypothécaire. Par exemple, cette personne pourrait assurer la moitié de son paiement hypothécaire, moyennant un taux d’intérêt plus élevé. Son avantage principal est généralement l’absence de coordination avec le régime collectif de l’employé selon sa définition. Cela signifie que le total des prestations que l’invalide reçoit peut dépasser un pourcentage préétabli de son revenu sans tenir compte des prestations d’invalidité du régime collectif. Cependant, la personne doit généralement souscrire aussi une assurance vie, alors qu’elle n’en a pas nécessairement besoin (ou bien qu’elle préfère combler son besoin par une assurance vie personnelle).
Finalement, l’assurance invalidité est la protection la plus importante : elle protège votre plus grand actif, soit votre capacité à générer des revenus! C’est d’autant plus important dans le cas d’un ménage à un seul revenu. Cependant, cette protection peut être difficile à obtenir si vous avez déjà eu un pépin de santé, car sachez que même si vous excluez le pépin en question de la protection, l’assureur peut tout de même vous refuser! Dans tous les cas, n’attendez pas d’avoir un problème de santé mentale ou physique avant de consulter un planificateur financier ou une planificatrice financière pour faire une analyse complète de vos besoins en assurance.
Charles Hunter-Villeneuve, M. Fisc., Pl. Fin., TEP