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Il faut concentrer les investissements en R-D

Emmanuel Martinez|Mis à jour le 18 juin 2024

Il faut concentrer les investissements en R-D

«Le Québec est très fort en recherche fondamentale, mais notre économie en est une de PME, qui a besoin de science appliquée», affirme Luc Sirois, Innovateur en chef du Québec et directeur général du Conseil de l’innovation. (Photo: Courtoisie)

L’État québécois doit mettre fin au saupoudrage des aides en recherche et développement (R-D), afin de maximiser les retombées économiques, estime le Conseil de l’innovation du Québec.

Prioriser des secteurs et des niches stratégiques constitue une des recommandations dressées dans le rapport Vers un Québec innovant, présenté mercredi. Dans le même ordre d’idée, le Conseil suggère aussi de miser sur les entreprises à fort potentiel «répondant à des critères stricts de croissance et d’exportation, en leur offrant des services à haute valeur ajoutée».

«Cela ne veut pas dire de couper les autres domaines, mais il faut recalibrer, affirme Luc Sirois, Innovateur en chef du Québec et directeur général du Conseil de l’innovation, en entrevue. Comme au hockey, tu as besoin d’un premier trio et tu veux qu’il compte. Avec les entreprises qui ont un momentum à l’étranger, le dollar investi va plus loin. Les exportations créent de la richesse chez nous.»

Dans cette optique visant à accélérer la mise en marché d’innovation québécoise, le rapport table sur la solidification de l’écosystème de fonds de capital de risque, en développant notamment la relève et en atteignant une masse critique de gestionnaires d’expérience.

 

Moins de recherches fondamentales

S’appuyant entre autres sur un sondage réalisé auprès de quelque 750 entreprises, ce rapport a comme but d’examiner comment mieux faire économiquement avec les mêmes fonds. Un des grands objectifs est d’inciter les entreprises à investir en R-D. Par conséquent, le document propose d’allouer une plus forte proportion des sommes vers de la recherche appliquée plutôt que de la recherche fondamentale.

«C’est assez révolutionnaire d’oser dire cela, reconnait Luc Sirois. Le Québec est très fort en recherche fondamentale, mais notre économie en est une de PME, qui a besoin de science appliquée. On doit moins miser sur de la recherche en amont et plus sur des projets de commercialisation, de brevet, de tests, d’essais, etc.»

Il juge que les critères liés aux subventions et aux crédits d’impôt auxquels les entreprises ont accès devraient être redéfinis afin de stimuler la recherche appliquée, le développement expérimental et la commercialisation des innovations. En ce moment, la recherche fondamentale accapare une trop grande part du gâteau.

Toujours pour tonifier les investissements en R-D, le document estime que les patrons doivent être mieux formés en matière d’innovation et que les entreprises qu’ils dirigent accélèrent leur transition numérique.

 

Maximiser les retombées locales

Des solutions pour «protéger» les investissements réalisés par l’État et les entreprises québécoises sont aussi étayées dans le rapport. Afin de développer le tissu industriel québécois, il est suggéré de mettre en place des incitatifs pour des projets de collaboration innovants entre de grandes entreprises et des PME d’ici. La stimulation de l’achat local d’innovations québécoises est également préconisée.

Pour financer davantage de projets de R-D, le document recommande à l’État québécois de prioriser les prêts à conditions favorables plutôt que les subventions. Le remboursement des prêts permettra ainsi de réallouer ces sommes à d’autres entreprises.

La mise sur pied d’un programme de subvention à redevances constitue une autre avenue. Si le projet subventionné débouche sur un succès commercial, l’entreprise récipiendaire devrait alors repayer une partie de l’aide ou la réinvestir dans un autre projet innovant.

Pour que toutes ces recommandations puissent réussir à mieux maximiser les retombées économiques, le rapport mentionne que l’État québécois devrait simplifier les processus administratifs des programmes et le traitement des demandes et mesurer les performances du financement public.

Le rapport est entre les mains de Pierre Fitzgibbon, le ministre québécois de l’Économie et de l’Innovation, qui devra décider comme il voudra y donner suite.