Le président du Conseil mondial de l'énergie, Jean-Marie Dauger, a participé à une conférence ce midi devant le CORIM.
Même si plusieurs facteurs peuvent la freiner en raison de l’impact économique de la pandémie de la Covid-19, la transition énergétique pour limiter le réchauffement de la planète pourrait s’accélérer sous la pression de l’opinion publique et des priorités futures des gouvernements afin de relancer l’économie.
Voilà l’un des constats qu’a fait ce mercredi midi avec prudence et nuance le président du Conseil mondial de l’énergie (CMÉ), Jean-Marie Dauger, lors d’une conférence virtuelle organisée par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).
La nouvelle PDG d’Hydro-Québec, Sophie Brochu, a interviewé le patron de cette organisation basée à Londres dont le mandat est d’analyser les tendances énergétiques dans le monde.
Jean-Marie Dauger a d’abord expliqué qu’il est difficile d’évaluer les conséquences de la pandémie et de la récession sur le secteur de l’énergie en raison de l’incertitude. Par exemple, il est possible qu’il y ait une deuxième vague d’infection, sans parler du fait que la découverte d’un vaccin pourrait être un long processus.
Plus fondamentalement, le président du CMÉ souligne qu’il y a deux grandes incertitudes entourant la direction que prendra le secteur de l’énergie à long terme.
Tout d’abord, au chapitre de l’investissement, il s’interroge à savoir si les investissements requis pour soutenir la croissance de la demande énergétique seront au rendez-vous, en donnant l’exemple de la production d’électricité avant la pandémie.
«Les besoins en investissements variaient de 700 à 900 milliards de dollars américains par année», dit Jean-Marie Dauger.
Par ailleurs, il souligne l’incertitude entourant le contenu énergétique (incluant les énergies renouvelables) dans les plans de relance économique des gouvernements aux quatre coins de la planète. «Avant la Covid-19, des pays étaient très impliqués dans la transition énergétique», souligne-t-il.
La grande question est à savoir si la volonté politique sera toujours au rendez-vous pour investir dans les énergies renouvelables et les technologiques propres, malgré les besoins criants pour appuyer plusieurs secteurs dans l’économie.
C’est pourquoi Jean-Marie Dauger hésite à se prononcer sur l’impact de la pandémie et la récession sur la transition énergétique.
Toutefois, quand Sophie Brochu lui a demandé qu’elle est son «intuition» à ce sujet, il a fait preuve d’un optimisme prudent.
À ses yeux, la nouvelle préoccupation pour la résilience de nos sociétés en raison de la pandémie pourrait provoquer une accélération de la transition énergétique et une décarbonisation de l’économie.
À cette préoccupation pour la stabilité et la sécurité de nos sociétés, précise Jean-Marie Dauger, s’ajoute aussi la pression de plus en plus forte des citoyens dans les pays démocratiques pour accélérer la lutte aux changements climatiques.
Cela dit, le président du Conseil mondial de l’énergie précise que la pétrole et les autres hydrocarbures occuperont encore bien longtemps une part importante dans le profil énergétique même si cette part est appelée à décliner.
«Dans tous nos scénarios, les hydrocarbures comptent pour près des deux tiers de la consommation d’énergie à l’horizon 2040-2050», dit-il.