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Un recul de l’inflation n’empêcherait pas une hausse de taux

La Presse Canadienne|Publié le 23 juin 2023

Un recul de l’inflation n’empêcherait pas une hausse de taux

Les économistes s’attendaient largement à ce que l’inflation annuelle chute fortement cette année en raison de l’effet de glissement annuel, qui désigne l’impact des mouvements de prix d’il y a un an sur le calcul de l’inflation annuelle. (Photo: La Presse Canadienne).

OTTAWA — La plupart des prévisionnistes s’attendent à ce que la Banque du Canada aille de l’avant avec une autre hausse des taux d’intérêt en juillet, même s’ils prévoient que l’inflation annuelle ralentisse considérablement. 

Statistique Canada doit publier mercredi son rapport sur l’indice des prix à la consommation pour le mois de mai, fournissant la lecture la plus récente de l’inflation, la dernière avant la prochaine décision de la Banque du Canada sur les taux d’intérêt, le 12 juillet.

«Je pense que ce communiqué sera probablement assez optimiste pour l’inflation, en ce sens que nous nous attendons à ce que l’inflation (annuelle) descende en dessous de 4,0%», a indiqué James Orlando, directeur des services économiques de la Banque TD. 

Sur le front de l’inflation alimentaire, M. Orlando a également bon espoir que les hausses de prix ralentiront de manière plus significative.

«Nous n’avons pas eu la même décélération des prix des aliments qu’aux États−Unis sur une base mensuelle récemment.»

En avril, les prix des produits dans les épiceries affichaient une croissance de 9,7% par rapport à il y a un an.

L’inflation a légèrement avancé à 4,4% en avril, sur une base annuelle, enregistrant sa première augmentation depuis l’été dernier. Le rapport a suscité des inquiétudes à la Banque du Canada en ce qui a trait aux progrès de sa lutte contre l’inflation malgré les hausses dynamiques de taux d’intérêt réalisées depuis mars 2022.

Mais le communiqué de la semaine prochaine devrait témoigner une fois de plus d’une inflation en baisse. La Banque de Montréal s’attend notamment à ce que l’inflation annuelle cède un point de pourcentage complet pour s’établir à 3,4%.

«Une bonne partie de cette (baisse) est simplement due au fait que les prix ont tellement augmenté il y a un an», a expliqué Benjamin Reitzes, directeur général des taux canadiens et stratège en macroéconomie à la Banque de Montréal.

Les économistes s’attendaient largement à ce que l’inflation annuelle chute fortement cette année en raison de l’effet de glissement annuel, qui désigne l’impact des mouvements de prix d’il y a un an sur le calcul de l’inflation annuelle.

Selon M. Reitzes, le fait que l’inflation se rapprochera de 3,0% incitera probablement les Canadiens à se sentir mieux face aux perspectives d’inflation et pourrait potentiellement aux attentes futures en matière d’inflation. Toutefois, cela ne dissipera pas complètement les inquiétudes de la Banque du Canada.

La plupart des prévisionnistes, dont MM. Orlando et Reitzes, s’attendent à ce que la Banque du Canada relève à nouveau ses taux d’intérêt en juillet, doublant sa hausse de taux de juin. C’est parce qu’ils ne s’attendent pas à ce que les principales préoccupations de la Banque du Canada — l’inflation de base et une économie vigoureuses — soient atténuées.

«La raison pour laquelle la Banque du Canada a décidé de relever les taux (…) lors de sa dernière réunion, et celle pour laquelle elle va probablement les relever à nouveau en juillet, c’est parce que le consommateur canadien continue de dépenser», a-t-il affirmé.

L’inflation de base plus élevée? 

Plus tôt ce mois−ci, la Banque du Canada a annoncé une hausse de taux d’un quart de point de pourcentage, ce qui a porté son taux directeur à 4,75%, son niveau le plus élevé depuis 2001.

La décision de relever à nouveau les taux d’intérêt, malgré l’annonce d’une pause plus tôt dans l’année, a été motivée par une série de données économiques vigoureuses, qui ont fait craindre à la banque centrale que le retour à une inflation de 2,0% prenne plus de temps que prévu.

La croissance économique au cours des trois premiers mois de l’année a été plus forte que prévu, en partie grâce aux dépenses de consommation, qui ont augmenté de 5,8%.

«Alors que les Canadiens continuent de dépenser, ces pressions sur les prix continuent d’augmenter, a souligné M. Orlando. C’est pourquoi je pense qu’ils vont probablement augmenter (les taux) en juillet.»

La Banque du Canada surveille également de près l’inflation de base, qui élimine les éléments dont les prix sont plus volatils. M. Reitzes s’attend à ce que l’inflation sous−jacente ait en fait accéléré le mois dernier, ce qui constituerait une autre mauvaise nouvelle pour la banque centrale.

La Banque du Canada n’a donné aux marchés financiers aucun indice sur la direction dans laquelle elle s’oriente. Au lieu de cela, elle a indiqué qu’elle prévoyait d’appuyer sa décision de juillet sur les données publiées.

Mais avec seulement un mois de plus de données pour la guider, M. Reitzes estime qu’il faudra des résultats faibles sur tous les fronts pour convaincre la Banque du Canada de ne pas augmenter les taux.

«À moins qu’on obtienne des données uniformément faibles, il (…) semble assez probable qu’ils devront à nouveau augmenter les taux», a-t-il souligné.