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COVID: le manque de données rend la gestion des risques difficile

La Presse Canadienne|Publié le 12 avril 2022

COVID: le manque de données rend la gestion des risques difficile

Le Québec, l’Ontario et Terre-Neuve-et-Labrador sont les seules provinces qui communiquent des données quotidiennes sur la COVID-19. (Photo: La Presse Canadienne)

L’enseignante à la retraite Lois Armstrong se souvient qu’au début de la pandémie de COVID-19, les autorités sanitaires locales de Kingston, en Ontario, fournissaient des mises à jour quotidiennes sur les éclosions, les cas et les décès dans la communauté.

Mme Armstrong, 68 ans, constate qu’alors que le public est maintenant invité à jouer un rôle plus important dans la gestion de ses risques, les informations des autorités sanitaires sont moins disponibles qu’auparavant. Les données telles que la localisation des éclosions ne sont plus rendues publiques, a-t-elle noté.

«Je pense qu’il est très difficile pour la personne moyenne d’évaluer son propre risque», a indiqué Mme Armstrong, lundi, en entrevue. «Kingston est l’un des points chauds de l’Ontario, mais (les autorités) ne publient toujours les informations que trois fois par semaine, et vous ne pouvez pas aller vous faire tester à moins que vous ne soyez vraiment à haut risque ou vraiment malade. Il n’y a donc aucun moyen de savoir.»

Des experts en santé sont d’accord avec Mme Armstrong. Les gouvernements provinciaux disent aux Canadiens d’estimer leur propre sentiment de risque, mais ces mêmes gouvernements réduisent la quantité de données disponibles pour les résidants, soulignent-ils.

«Il ne fait aucun doute que les gens reçoivent moins de données», a déclaré Tara Moriarty, professeure à la faculté de médecine dentaire de l’Université de Toronto qui étudie les maladies infectieuses. «C’est particulièrement critique parce que les gens ont été rendus responsables de la façon dont ils gèrent la pandémie et des décisions qu’ils prennent.»

Le Québec, l’Ontario et Terre-Neuve-et-Labrador sont les seules provinces qui communiquent des données quotidiennes sur la COVID-19, a-t-elle déclaré en entrevue, lundi, ajoutant que le Canada effectue moins de tests de dépistage de la COVID-19 par habitant que les autres pays riches.

Pour la semaine s’étant terminée le 9 avril, 1,46 test de COVID-19 pour 1000 personnes a été effectué chaque jour en moyenne au Canada, selon Our World In Data, un site web de données mondiales affilié à l’Université d’Oxford. En Autriche, en comparaison, 40,5 tests ont été effectués pour 1000 personnes. En Grèce, en Italie, au Royaume-Uni, en France et en Corée du Sud, trois fois plus de tests quotidiens ont été effectués par habitant qu’au Canada. Le site web compte à la fois les résultats des tests PCR et antigéniques qui sont rendus publics.

Alors que les analyses des eaux usées sont devenues un moyen de suivre l’évolution de la pandémie, elles ne sont effectuées que dans les grandes villes de certaines provinces, affirme Mme Moriarty.

Ce n’est pas seulement une question de données, dit-elle, mais aussi de communication. Les chefs de gouvernement, a-t-elle expliqué, doivent faire un meilleur travail pour expliquer la situation actuelle et indiquer qui pourrait être le plus à risque.

«Vous devez donner des informations aux gens afin qu’ils puissent faire de meilleures évaluations des risques et qu’ils puissent modifier leur comportement en conséquence», a-t-elle déclaré. «Si vous retenez ces informations ou, par omission, ne les fournissez tout simplement pas, vous limitez la capacité des personnes à agir sur la base de ces informations.»

Jean-Paul Soucy, étudiant au doctorat à l’Université de Toronto qui étudie l’épidémiologie des maladies infectieuses, a déclaré que certaines provinces, comme la Nouvelle-Écosse, ont cessé de communiquer des données spécifiques aux régions, ce qui, selon lui, rend difficile la gestion des risques individuels par les résidants.

«La COVID n’est pas seulement une grande éclosion dans un pays, c’est 1000 petites épidémies qui sont locales», a-t-il déclaré lundi en entrevue. «Donc, plus vos informations sont locales, plus votre prise de décision peut être adaptée. Les soins de santé sont locaux. Si vous avez besoin d’un lit aux soins intensifs et qu’il y en a un libre à Kenora, cela ne vous sera pas très utile si vous êtes à Toronto.»

M. Soucy a dit qu’il prenait plus de précautions lorsque la situation de la COVID-19 s’aggravait et participait à des activités plus risquées lorsque la situation s’améliorait.

«Un élément important de la santé publique est l’établissement de la confiance», a-t-il soutenu. «Et je pense que la transparence renforce la confiance.»