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Comment devenir attractif aux yeux des investisseurs

Philippe Jean Poirier|Mis à jour le 13 juin 2024

Comment devenir attractif aux yeux des investisseurs

Sébastien Boirié, directeur du service-conseil en financement de PME MTL Centre-Ouest (Photo: courtoisie)

PME. Depuis que les taux d’intérêt sont repartis à la hausse, les banques sont moins enclines à prêter aux entreprises ; elles posent plus de questions et regardent de plus près le ratio de liquidité des demandeurs. Voici des conseils pour créer un environnement propice à l’investissement privé ou public.

« Il n’y a rien de pire que d’arriver chez un prêteur et de dire : j’ai besoin de l’argent maintenant », annonce Sébastien Boirié, directeur du service-conseil en financement de PME MTL Centre-Ouest. Pour amener un peu de visibilité financière dans l’entreprise, le directeur suggère aux entrepreneurs de faire un « budget prévisionnel », tout en tenant un « budget de caisse » très précis, où l’on collige les entrées et les sorties d’argent mensuelles. « De cette façon, on s’assure d’avoir assez d’argent pour payer les taxes et les impôts, ou les factures des fournisseurs. » 

Jordan Arshinoff Foss, cofondateur de l’entreprise de livraison du « dernier kilomètre » Obibox, souscrit entièrement à ce conseil. Non seulement l’entreprise montréalaise fait un « budget prévisionnel », mais elle produit des états financiers « hebdomadaires », à titre comparatif. Ensuite, pour ajouter un cran de sûreté, elle fait des projections financières sur un, deux et cinq ans, pour estimer si elle peut assumer une réduction des volumes de livraisons. 

« Pendant la pandémie, le marché de la livraison était en hypercroissance, avec des augmentations de volume de 25 à 30 % par année. Nous savions qu’il y aurait éventuellement une correction. Aujourd’hui, nous avons une croissance plus normale, autour de 10-12 %. » L’entreprise avait planifié ses investissements — entre autres dans une flotte de véhicules électriques — en tenant compte de cette éventualité.

 

Une question de liquidité

Ultimement, Sébastien Boirié rappelle que, pour tout entrepreneur, l’objectif est de maintenir un flux de trésorerie « positif ». « Il faut porter attention à tous les éléments qui peuvent permettre à une entreprise de garder un flux de trésorerie positif et le plus haut possible. » Pour y arriver, le directeur suggère de commencer par négocier avec ses fournisseurs des « facilités de paiement ». 

De son côté, Éric Trudeau, conseiller d’affaires principal de la Banque de développement du Canada (BDC), attire l’attention sur la notion de « cycle total d’encaisse », à réduire au minimum. « Idéalement, on veut que les entreprises supportent le moins longtemps possible le fardeau financier du projet qui font ou des commandes qui produisent », explique le conseiller.

Dans le secteur manufacturier, ça passe par une planification plus « serrée » de la production, illustre-t-il. « Quand on maîtrise chaque étape de production et que l’on connaît ses délais de livraison, on peut se permettre d’acheter le matériel dont on a besoin, au moment où l’on en a besoin. On évite ainsi d’entreposer de grandes quantités d’inventaires invendus. »

 

Pour éviter de laisser de l’argent sur la table

Pour augmenter ses liquidités, une entreprise peut enfin s’intéresser à la colonne des entrées d’argent. « Plusieurs entreprises laissent de l’argent sur la table, parce qu’ils ne vont pas chercher tous les crédits et toutes les subventions auxquelles elles ont droit », note Sébastien Boirié. 

Ces entreprises omettent de le faire faute de bien connaître les programmes (voir sondages ci-bas), ou alors, par simple manque de temps. « Les entrepreneurs sont débordés, et ils ne peuvent être partout en même, fait valoir le directeur de PME MTL Centre-Ouest. Je suggère généralement aux entreprises qu’on accompagne de retenir les services d’un consultant spécialisé dans le domaine ; celui-ci agit à forfait ou selon pourcentage de la subvention obtenue. Déléguer cette tâche, ce sera toujours plus rentable que de manquer une date de soumission. » 

Elle-même accompagnée par PME MTL, Obibox a effectivement choisi de s’allier à un consultant pour tirer le meilleur parti des crédits et programmes existants. L’entreprise a choisi une formule « à l’heure », lorsqu’elle veut vérifier son éligibilité pour certains programmes, mais aussi pour la soumission en elle-même, où le consultant reçoit un pourcentage de la subvention obtenue. « Nous sommes très reconnaissants de ses services, car, grâce à lui, nous avons obtenu des subventions pour notre volet numérique ainsi que la réduction de notre empreinte carbone. »