Le parc de la Chute-Montmorency a fait l'objet d'une cure de rajeunissement de près de 49 M$. (Photo: 123RF)
TOURISME D’AFFAIRES ET D’AGRÉMENT. La MRC de la Côte-de-Beaupré, tout juste à l’est de Québec, réserve un beau lot de surprises aux quelque 2,5 millions de personnes qui la visitent chaque année. Et ce sont les organisateurs d’événements — ainsi que leurs participants — qui en sont les premiers bénéficiaires.
Depuis deux ans, ce ne sont pas moins de 25 millions de dollars (M$) qui ont été injectés dans la principale destination d’affaires de la MRC, le Château Mont Sainte-Anne, situé à Beaupré. «Dans les faits, l’établissement porte le nom de Delta Hotels par Marriott Mont Sainte-Anne, centre de villégiature et congrès depuis avril 2021», signale son directeur général, Sébastien Roy. C’est la première fois depuis la construction de l’hôtel, en 1979, qu’il est affilié à une chaîne hôtelière internationale.
Le récent investissement inclut notamment la nouvelle signature du centre de congrès qui a été rénové et agrandi au coût de 5 M$, pour atteindre plus de 23 000 pieds carrés. La plus grande salle, qui peut aisément accueillir jusqu’à 1200 convives en style cocktail, bénéficie d’une vue imprenable sur les pentes de la station de ski voisine. Ces nouveaux espaces modernes s’ajoutent aux quelque 20 000 pieds carrés que comptait déjà le complexe.
D’autres travaux, estimés à plus de 20 M$, ont été lancés en 2020 afin de revoir le décor des 160 chambres et 50 condominiums de l’infrastructure. L’espace de restauration Café Nordik a également été rafraîchi, ainsi que le hall d’entrée. Un nouveau centre aquatique, doté d’une piscine intérieure de 15 mètres et d’une piscine extérieure quatre saisons, s’inscrit aussi dans ces travaux en cours. Son ouverture au public est prévue d’ici le début de l’été.
Une chaîne hôtelière qui sert de levier
Pourquoi être associé au groupe Marriott International après plus de 30 années d’indépendance? «Tant qu’à investir une somme importante dans la revitalisation de l’hôtel, on a cru bon s’associer avec une grande chaîne nord-américaine afin que notre destination rayonne au-delà des frontières du Québec», explique Sébastien Roy. Lui et les deux principaux propriétaires de l’établissement — son père Henri A. Roy et l’investisseur Charles Sirois — sont d’ailleurs persuadés que la notoriété de la chaîne Delta by Marriott, qui compte plus de 75 propriétés au Canada et aux États-Unis, contribuera à augmenter très rapidement d’au moins 10% à 15% leur clientèle d’affaires. «D’ici deux ans, nous devrions avoir atteint un taux de 60% d’occupation», soutient le directeur général.
Juste avant que la COVID-19 ne perturbe l’industrie du tourisme d’affaires, la présence du nouveau centre de congrès avait déjà commencé à changer la donne. «L’hôtel avait enregistré plus d’une cinquantaine d’événements, totalisant près de 17 000 nuitées, rappelle-t-il. Nous étions à quelque 3000 nuitées de battre notre record, réalisé en 2000.»
L’établissement, poursuit-il, a toujours été fort populaire auprès de la clientèle des rendez-vous associatifs, qui privilégie les lieux de villégiature très captifs. «En offrant désormais des chambres de même standard à tous nos occupants, nous détenons un solide produit pour séduire également les entreprises privées en quête d’une destination stimulante pour leurs réunions et leurs voyages de motivation», avance Sébastien Roy. Après 17 années à la direction, celui-ci dit avoir enfin entre les mains «son hôtel de rêve».
Un hôtel qui gâte les sportifs
Il va de soi que cet investissement majeur profite aussi à la clientèle qui fréquente le Mont-Sainte-Anne, à la fois le troisième plus haut dénivelé de glisse de la province et l’un des plus vastes réseaux de ski de fond d’Amérique du Nord. Avec cinq sentiers hivernaux, les adeptes de vélo à pneus surdimensionnés (fatbike) ne sont pas en reste, pas plus que les amateurs de vélo de montagne, qui représentent désormais près de 20% des visiteurs annuels de la station.
Depuis près de 40 ans, le mont Sainte-Anne fait effectivement figure de référence mondiale pour la tenue d’événements de vélo de montagne. L’ancien gestionnaire et copropriétaire de la firme d’organisation Gestev, Patrice Drouin, qui a largement contribué à l’essor de ce sport dans la région, est même régulièrement appelé à travers le monde à titre de consultant pour partager son expertise en la matière. «Le dernier Championnat du monde de vélo de montagne, présenté en août 2019 au Mont-Sainte-Anne, a attiré plus de 60 000 visiteurs et généré plus de 12 M$ en retombées économiques sur le territoire de la Côte-de-Beaupré», indique-t-il fièrement.
La destination organisera d’ailleurs cette année son 30e rendez-vous mondial consécutif de vélo de montagne, le seul endroit au monde ayant tenu autant d’événements pour ce sport, insiste Patrice Drouin.
Mentionnons au passage que Resorts of the Canadian Rockies, qui possède le centre de ski, serait, lui aussi, sur le point d’annoncer — si ce n’est déjà fait au moment de publier — un important investissement pour rajeunir ses installations. Certaines sources chuchotent que celui-ci pourrait atteindre un montant de plus de 50 M$ répartis sur cinq ans. Une information que la direction de Mont-Sainte-Anne n’a pas voulu confirmer à Les Affaires.
Une chute encore plus accessible
D’ici là, la cure de rajeunissement de près de 49 M$ dont fait l’objet le parc de la Chute-Montmorency, situé à l’entrée de la MRC de la Côte-de-Beaupré, s’ajoute aux investissements récréotouristiques qui bonifient l’attrait de cette destination. Le conseiller en développement touristique à Développement Côte-de-Beaupré, David Dorion, rappelle qu’avec ses quelque 900 000 visiteurs annuels, la chute de 83 mètres de hauteur est la deuxième attraction la plus fréquentée de la grande région de la Capitale-Nationale, après le Vieux-Québec.
Une première phase de travaux, évaluée à un peu plus de 18 M$, a permis l’aménagement d’une passerelle semi-submersible au pied de la chute, qui sera accessible dès cet été. La seconde phase, estimée à plus de 30 M$, débutera plus tard cette année. Elle se traduira par plusieurs aménagements, dont une aire de repos et des stations de jeux pour les enfants au pied de la chute ainsi que des parcours piétonniers à son sommet. Des rénovations à l’intérieur du Manoir Montmorency — qui sert de restaurant et de salle de réception — sont également au programme.
«Toutes ces transformations devraient permettre d’augmenter l’achalandage à plus de 1,3 million de visiteurs par an», estime Simon Boivin, relationniste de la Société des établissements de plein air du Québec (Sépaq), qui gère l’infrastructure.
Redonner l’accès au fleuve
Enfin, le tout nouveau quai de Sainte-Anne-de-Beaupré, aménagé au coût de 12 M$ juste en face du sanctuaire du même nom, suscite, lui aussi, beaucoup d’enthousiasme chez les acteurs de l’industrie touristique locale. «L’infrastructure de 300 mètres, qui doit être inaugurée en juin prochain, permettra de redonner l’accès au fleuve Saint-Laurent aux citoyens, mais, surtout, aux quelque 700 000 visiteurs qui visitent le sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré année après année», explique David Dorion.
Depuis le prolongement de la route provinciale 138, réalisé en 1955, les accès publics au fleuve se sont faits rares sur la Côte-de-Beaupré, note le conseiller. La nouvelle infrastructure, qui pourra éventuellement servir de port d’attache à de petits bateaux de croisière, permettra, note-t-il, de corriger cette lacune. De plus, elle arrive juste à point pour marquer le 100e anniversaire de la construction du sanctuaire, en 2023.